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1973 : Le jour où l’Italie a triomphé pour la première fois à Wembley

Par Éric Maggiori
1973 : Le jour où l’Italie a triomphé pour la première fois à Wembley

Le 14 novembre 1973, l’Italie se déplace à Wembley pour y affronter l’Angleterre, à l’occasion d’un match amical qui n’a d’amical que le nom. Et pour la première fois de leur histoire, les Azzurri vont triompher en terre anglaise.

Giorgio Chinaglia était le genre de personnage qu’il valait mieux ne pas chauffer. Toujours dans la provocation, l’ancien bomberde la Lazio adorait se crêper le chignon avec ses adversaires, les supporters adverses et même, parfois, ses propres coéquipiers. Comme ce jour où, avant un derby, il avait juste laissé dépasser sa chaussure du tunnel du vestiaire et l’avait agitée devant les tifosi de la Roma pour les exciter. Ou cette autre fois où, mécontent après un but encaissé sur la pelouse de l’Inter, il avait récupéré le ballon, l’avait posé dans le rond central, et au coup d’envoi de l’arbitre, avait dégagé le long ballon loin devant. Puis s’était tourné vers ses coéquipiers, incrédules, et leur avait balancé : « C’est comme ça que vous devez lancer votre attaquant ! » Alors, quand au mois de novembre 1973, dans la forme de sa vie (il sera sacré cette saison-là champion d’Italie avec la Lazio et meilleur buteur de Serie A), Chinaglia se retrouve dans le viseur des médias britanniques, il se frotte les mains. C’est son moment, c’est ce qu’il préfère. Enfant, puis ado, il avait vécu au pays de Galles, où son père avait émigré. Ce dernier avait ouvert un restaurant à Cardiff, et le petit Giorgio, le soir, bossait là-bas en tant que serveur. Il n’en fallait pas plus pour que les tabloïds anglais, à quelques jours d’un match amical entre l’Angleterre et l’Italie à Wembley, se mettent à surnommer les Italiens « les garçons de café ».

Une victoire à Turin, rendez-vous à Wembley

Replaçons désormais le contexte sportif. Le début des années 1970 n’est pas franchement une réussite ni pour les Italiens, ni pour les Anglais. Si la Nazionale atteint la finale du Mondial en 1970, elle échoue ensuite dans la course à la qualification à l’Euro 1972, en perdant contre la Belgique. Les Anglais font pire : ils échouent à se qualifier pour le Mondial 1974, en terminant derrière la Pologne dans son groupe de qualification. Pour leur redonner du baume au cœur, deux matchs amicaux sont organisés entre les deux nations, notamment pour célébrer le 75e anniversaire de la Fédération italienne. Le match aller se dispute à Turin, le 14 juin, et l’Italie, qui venait déjà de scalper le Brésil quelques jours auparavant, s’impose relativement facilement sur le score de 2-0, avec des buts d’Anastasi et Rivera. Il s’agit là de la toute première victoire italienne face aux Anglais, après quatre défaites (dont la mythique « bataille de Highbury » de 1934, 3-2 pour les Anglais) et quatre nuls. Rendez-vous est pris pour le 14 novembre (date anniversaire de la bataille de Highbury, justement), à Wembley, pour la revanche. Une pelouse où les Italiens ne se sont donc jamais imposés au cours de leur histoire.

Les garçons de café à l’assaut

Quelques jours avant le match, dans la presse, Giorgio Chinaglia monte évidemment au créneau. Il invite tous les Italiens vivant au Royaume-Uni à se rendre au stade pour soutenir leur équipe, en insistant bien sur le fait que les « garçons de café » allaient montrer aux Anglais de quel bois ils se chauffaient. Dès lors, ce match amical prend une tout autre tournure. Ce n’est plus seulement une rencontre sportive, cela va bien au-delà. On touche au domaine du politique, de la lutte des classes, du ressentiment populaire. Et cela se confirmera le jour du match, quand près de 30 000 Italiens viendront envahir les gradins de Wembley, certains venant même habillés en garçons de café.

Sur le terrain, la Nazionale de Ferruccio Valcareggi se devait de faire le match parfait. Sur le papier, l’équipe semble être l’une des plus belles de l’histoire : Zoff dans les buts, les InteristiFacchetti et Burgnich derrière, les JuventiniCausio et Capello au milieu, et un trio d’attaque fou composé de Riva, Rivera et Chinaglia. En face se présente une Angleterre qui est clairement dans le collimateur de la presse après la non-qualification au Mondial. Mais le sélectionneur, Alf Ramsey, vainqueur de la Coupe du monde 1966, veut une réaction d’orgueil et s’en remet à son capitaine Bobby Moore, 32 ans.

Keep Calm and… Chinaglia shoots !

Sous une fine pluie d’automne londonien, le match prend immédiatement des allures de partie d’échec. Les Anglais attaquent d’entrée de jeu, tandis que les Italiens, maîtres dans l’art de la défense (au moment où elle se présente à Wembley, la Nazionale n’a plus encaissé le moindre but depuis un an et deux mois, soit 827 minutes d’invincibilité), se contente de contrôler. Des occasions, il y en a toutefois, et des deux côtés. Les Three Lions imposent un pressing de tous les instants, passent leur temps dans la moitié de terrain italienne, mais les contre-attaques transalpines, avec Riva et Chinaglia devant, sont redoutables et obligent les Anglais à ne pas trop se découvrir. En deuxième période, petit à petit, les Azzurricommencent à sortir et à se créer des occasions franches. Peter Shilton repousse en corner une frappe puissante de Riva, et sur l’action suivante, Chinaglia, de la tête, touche le haut de la barre transversale. Les Anglais répondent par un missile de Hughes détourné par Zoff. Ça se rend coup pour coup, le public en redemande.

Plus les minutes passent, plus les hommes d’Alf Ramsey attaquent avec rage : pas question de laisser les « garçons de café » repartir de Wembley avec un match nul. Maladroits dans la zone de vérité, ils n’arrivent néanmoins pas à conclure leurs nombreuses situations chaudes. Il reste alors quatre minutes à jouer. Et l’Italie s’apprête à écrire l’une des pages les plus symboliques de son histoire. Fabio Capello, bien démarqué au milieu de terrain, lance Chinaglia sur le côté droit. Le buteur de la Lazio sèche son défenseur d’un dribble extérieur, et envoie une sacoche dans un angle fermé. Peter Shilton ne peut que repousser le ballon… dans les pieds de Capello, qui avait suivi, et qui marque dans le but vide. C’est le but décisif, celui qui permet aux Azzurri, pour la première fois de leur histoire, de repartir du Temple du football avec une victoire. Dans les gradins, les 30 000 Italiens célèbrent ce succès comme une victoire en Coupe du monde, en scandant des « Italia, Italia ». Socialement, c’est un succès tellement, tellement important pour eux. Chinaglia, autoproclamé garçon de café en chef, en remettra évidemment une couche (et pas qu’une, à vrai dire) dans les jours qui suivront, en chambrant allègrement les Anglais. Cette victoire « amicale » donnera même naissance à un livre des années plus tard, écrit par Lorenzo Fabiano, dont le grand père, immigré italien à Londres, était… serveur. Son titre ? « Il Cameriere di Wembley », le garçon de café de Wembley.

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