- CAN 2021
- J1
1-0, Nigeria et arbitrage lunaire : le bilan de cette première journée de CAN
Par Léo Tourbe
5 minutes
Après les douze premières rencontres de cette CAN 2021, il est l'heure de dresser un premier bilan. Entre les 1-0 en pagaille, la bonne forme des gardiens et les tribunes vides, cinq questions autour du hors-d'œuvre de la compétition, en attendant le plat de résistance.
Y a-t-il déjà eu aussi peu de buts à l’issue de la première journée ?
Douze. Douze petits buts inscrits depuis le début de cette CAN 2021, soit douze matchs. Un chiffre famélique, surtout qu’un quart d’entre eux ont été inscrits lors du match d’ouverture, Cameroun-Burkina Faso dimanche dernier (2-1). Depuis, les supporters et les téléspectateurs n’ont eu droit qu’à neuf buts en onze rencontres, avec un impressionnant total de neuf parties s’étant conclues par le score de 1-0. Alors, on peut se dire que les entames de compétitions internationales sont souvent hachées, avec des équipes très frileuses et regroupées, pas encore complètement préparées pour cette édition malmenée par la Covid. Mais depuis que la CAN est passée à seize équipes en 1996, il n’y a qu’en 2002 (cinq buts) et en 2017 (douze buts) où il y avait eu aussi peu de réalisations à l’issue de la première journée. À cela ajoutons que le tournoi accueille 24 nations depuis 2019, donc la première journée compte douze et non plus huit rencontres. Lors de la dernière édition, on avait eu droit à 27 buts, un record.
Le Nigeria, plus qu’un outsider ?
C’est en tout cas la sélection qui a fait la meilleure impression dans cette ouverture de la CAN. Ce n’était pas forcément très dur vu le peu de nations s’étant distinguées par un jeu chatoyant et limpide. Pas forcément favoris pour la victoire finale, les Super Eagles ont écrasé les Pharaons. Certes, ce n’était qu’un succès 1-0, mais le contenu était franchement intéressant, surtout en première période. Moses Simon, le joueur nantais, semble en très grande forme et prouve une nouvelle fois que la Ligue 1 est supérieure à la Premier League, Mohamed Salah n’ayant pas existé de la rencontre. Aux côtés du Canari, Joe Aribo et Kelechi Iheanacho portent cette sélection qui a lourdé son sélectionneur, un certain Gernot Rohr, il y a un peu moins d’un mois. En même temps, si vous voulez gagner un match, ce n’est pas sur un Bordelais qu’il faut compter en ce moment.
Où sont passés les supporters ?
À l’exception du match d’ouverture Cameroun-Burkina Faso, et de Nigeria-Égypte, les travées des stades étaient particulièrement désertes. La faute à la Covid-19 ? Peut-être. Des jauges sont bien instaurées, mais elles ne sont pas aussi restrictives que ça. Les enceintes peuvent être remplies à 60% de leur capacité, et jusqu’à 80% pour les matchs du Cameroun, le pays hôte. Finalement, il suffit de regarder les affluences de l’édition 2019 en Égypte pour se rendre compte que cette année ne fait pas exception. Il y a deux ans et demi lors du match d’ouverture, Égypte-Zimbabwe, 73 299 avaient pris place au sein du Stade international du Caire. Le lendemain, dans la même arène, RD Congo-Ouganda s’est joué devant 1083 témoins. Après réflexion, les énormes pistes d’athlétisme qui entourent le rectangle vert ont peut-être été construites exprès pour que les tribunes vides rentrent le moins possible dans le champ des caméras.
La CAN des gardiens ?
André Onana, Édouard Mendy, Yassine Bounou, Alfred Gomis, des grands noms du poste peuplent les sélections africaines. Si le portier marocain s’est particulièrement distingué sur une parade extraordinaire face au Ghana, ce sont deux inconnus du public européen qui ont le plus brillé. D’abord, et surtout, Mohamed Kamara, 22 ans, le dernier rempart de la Sierra Leone. Auteur de sept arrêts sans encaisser le moindre but face à l’Algérie, chose inédite dans une CAN depuis Felipe Ovono en 2015, il évolue toujours au pays. Surnommé « Fabiański » , il a logiquement été élu homme du match, avant de fondre en larmes au moment de recevoir son trophée. Le lendemain, c’est Ibrahim Mounkoro, gardien du Mali et du TP Mazembe, qui s’est illustré en repoussant le penalty de Wahbi Khazri et en permettant aux Maliens de battre la Tunisie. Même s’il a été bien aidé par l’arbitre… Sur les douze joueurs ayant été désignés homme du match, trois sont des gardiens.
Janny Sikazwe a-t-il tout gâché ?
Probablement la CAN des Tunisiens en tout cas. Même s’ils se qualifieront probablement pour les huitièmes de finale, les Aigles de Carthage ont été victimes d’un sacré vol mercredi. Janny Sikazwe, arbitre zambien déjà pas mal chahuté pendant la rencontre, a sifflé la fin de la partie à la 85e. Lunaire, mais il se rend compte de son erreur, et le jeu reprend tout de suite. L’homme en rouge récidive à la 89e en renvoyant tout le monde aux vestiaires, alors qu’il reste une quinzaine de secondes dans le temps réglementaire et au moins cinq minutes de temps additionnel (changements, penalty, pause fraîcheur). L’officiel ne revient pas sur sa décision malgré les contestations légitimes des Tunisiens. Ces derniers ne retournent pas sur le terrain lorsque la CAF décide de jouer le temps additionnel, trente minutes après et alors que les coachs sont déjà en conférence de presse. Du grand n’importe quoi, qui fait clairement beaucoup de mal au football africain et à l’image des arbitres du continent, qui étaient plutôt bien inspirés depuis le début du tournoi. Il n’y a pas que les Tunisiens qui pourront se sentir trahis.
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