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Zinedine Zidane, World War Z

Par Paul Bemer
8 minutes
Zinedine Zidane, World War Z

Le 3 août 2005 - un mercredi, jour des enfants - Zinedine Zidane redonnait le sourire au pays en annonçant son retour en équipe de France. Le dernier chapitre de son livre Bleu, débuté tranquillement à la Mosson et conclut en apothéose dans le stade olympique de Berlin. Verbatim d'une histoire que même les tous petits connaissent.

« J’ai décidé de revenir chez les Bleus. Un an après, je reviens sur une décision sur laquelle j’étais catégorique. L’équipe de France m’a tellement donné que j’ai envie de l’aider. J’aime ce maillot, c’est la meilleure chose qui me soit arrivée. » Zinedine Zidane, 3 août 2005.

« Nous éprouvons tous une grande joie. C’est un grand monsieur, mais il n’est pas l’homme providentiel. Il faudra quand même gagner les matchs… On a quelques atouts supplémentaires avec Makelele, Thuram et lui, mais personne ne leur a mis la pression ! C’est simplement l’amour du maillot qui a parlé… » Jean-Pierre Escaletttes, 4 août 2005.

« Vous croyez sincèrement que tous les intervenants possibles qu’on a nommés dans la presse auraient pu m’influencer ? Les Adidas, les Orange, les Canal+, les TF1, prétendument intéressés par la participation de la France au Mondial-2006, le président de la République et qui sais-je encore… Ce qui a été fondamental, c’est le fait d’être parti en vacances et d’avoir pu réfléchir à tout ça. » Zinedine Zidane, 9 août 2005.

« Je l’avais revu en juin dernier, à Naples, pour le jubilé de Ciro Ferrara. On avait alors abordé le sujet. C’était avant ses vacances, mais à ce moment-là, rien n’indiquait qu’il reviendrait. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé dans sa réflexion… » Didier Deschamps, 4 août 2005.

« Je ne voudrais pas qu’on en fasse des tonnes là-dessus, ni qu’on interprète mal ce que j’ai à avouer, mais ce qui m’arrive, en réalité, est assez mystique et m’échappe un peu. C’est même irrationnel ! Une nuit, à trois heures du matin, je me suis soudain réveillé et, là, j’ai parlé avec quelqu’un… Mais ça, personne ne le sait. Ni ma femme, ni personne. Jusqu’à mon dernier souffle, je ne dirai pas de qui il s’agit. C’est trop fort ! C’est une énigme, oui, mais ne cherchez pas, vous ne trouverez pas. C’est quelqu’un que vous ne rencontrerez probablement jamais… Moi-même, je ne m’explique pas cette rencontre. Cette personne existe, mais ça vient de tellement loin… Et là, durant les heures qui ont suivi, j’étais tout seul avec elle et, chez moi, j’ai pris la vraie décision de revenir. Je n’ai jamais connu ça. J’étais comme interdit devant cette force qui dictait ma conduite, et j’ai eu comme une révélation. J’ai eu soudain envie de revenir aux sources. C’est une force irrépressible qui s’est emparée de moi à ce moment-là. Je devais obéir à cette voix qui me conseillait… » Zinedine Zidane, 9 août 2005.

« Ce que je vais dire est fort, mais c’est la vérité. En France, tout le monde réalise que Dieu existe et qu’il est de retour en équipe de France… Voilà, Dieu est de retour. Il n’y a pas grand-chose à dire de plus. » Thierry Henry, 5 août 2005.

« France/Côte d’Ivoire n’est plus un petit match amical, mais un grand évènement attendu par tout le monde. Je pense que ce sera un très bon match. » Bonaventure Kalou, 5 août 2005.

« DesMarseillaise, j’en ai chantées beaucoup, mais ce soir j’avais un peu l’impression que c’était la première. L’équipe de France a gagné contre la Côte d’Ivoire, c’est bien. Mais si on veut aller à la Coupe du monde, il y a des matchs qui arrivent et qui ne seront pas amicaux… » Lilian Thuram, 17 août 2005.

« Cette équipe a pris son destin en mains. À la mi-temps, ils se sont parlés, ils n’étaient pas d’accord. Il y a de la vie dans cette équipe, ils ont envie d’aller en Allemagne. Pour gagner aujourd’hui, il a fallu résister au jeu long des Irlandais. On a su remettre la balle à terre. Thierry Henry a eu un vrai coup de génie, mais son but est aussi l’addition des autres talents. Maintenant, il faut gagner en Suisse pour continuer à avoir notre destin entre nos mains. » Raymond Domenech, 7 septembre 2005.

« On a été meilleurs que les Français ! On a pris un but un peu bête, mais on a eu la force de caractère pour égaliser. C’est une des plus belles performances de l’équipe de Suisse depuis que j’y joue. Nous pouvons être fiers, car même si nous sommes éliminés, nous avons réussi une campagne de qualification fantastique. On ira en Irlande pour gagner. » Alexander Frei, 8 octobre 2005.

« C’était crispant car, si les Suisses gagnaient, il fallait qu’on en mette cinq à Chypre. On a vécu une situation difficile pendant ces éliminatoires, mais on est arrivés à se qualifier sur le terrain. Sur mon but, j’étais content, mais je ne pouvais pas laisser échapper ma joie. C’est la qualification qu’on jouait, et sur le moment, rien n’était encore fait. Maintenant, il y a la Coupe du monde. Pour moi, à 32 ans, c’est important. Mon entente avec Zidane ? Cela s’est très bien passé. On a gagné largement, et c’est la première fois que cela nous arrive. Cela veut peut-être dire quelque chose… » Vikash Dhorasoo, 12 octobre 2005.

« Il y a très longtemps que nous n’avions pas joué sous une chaleur aussi intense. Les Suisses nous ont à nouveau gênés, mais l’équipe a démontré une attitude responsable sur le terrain. Il suffit de voir la rigueur de nos remplacements défensifs. Par rapport à l’Euro-2004, ça n’a rien à voir… Le changement de dispositif ne nous a pas gênés. Dimanche contre la Corée, nous rentrerons sur le terrain pour gagner le match. » Lilian Thuram, 13 juin 2006.

« Il faudra qu’on souffre jusqu’au bout. Il faudra gagner ce troisième match pour se qualifier. On aurait préféré gagner ce soir face aux Coréens, c’est clair. On le méritait au vu de la première mi-temps, sauf qu’un match dure 90 minutes… Et prendre un but comme ça à la fin, ça fait mal. Mais on a notre destin en mains, si on gagne contre le Togo, on sera qualifiés. Ce sera sans moi, et j’espère que ça fera la même chose qu’en 98, lorsque j’étais suspendu… Le même dénouement, ça serait parfait. » Zinedine Zidane, 18 juin 2006.

« C’est dommage pour nous d’être sorti si tôt, mais c’était un beau tournoi et l’ambiance était superbe. Thierry Henry est un ami, donc je vais sans doute supporter la France. S’ils battent l’Espagne, j’espère vraiment qu’ils iront au bout. » Emmanuel Adebayor, 23 juin 2006.

« Vamos a jubilar a Zidane » MARCA, 27 juin 2006.

« J’ai envie de dire aux Espagnols que ce n’est pas pour ce match-là… L’aventure continue. On avait envie de faire quelque chose, de montrer que peut-être le premier tour n’était pas facile, mais ce soir, on a démontré qu’on avait un bon groupe et qu’on voulait aller beaucoup plus loin. Le Brésil ? C’est un bon souvenir pour nous, et on essaiera de le préparer pareil. On est tous bien, on est contents d’être là ensemble, et ça se voit. » Zinedine Zidane, 27 juin 2006.

« Cher Raymond Domenech, ce soir à Francfort, vous venez de réaliser un formidable exploit. La magie de cette rencontre, cet exploit considérable attendu depuis huit ans, a effacé nos anciens tourments. Présente dans tous les compartiments du match, la génération Zidane a défié et dominé une nouvelle fois le Brésil, champion du monde en titre, et la France a vibré à l’unisson avec le Waldstadion ce soir dans l’émotion retrouvée d’un certain 12 juillet 1998. Au nom de tous nos compatriotes, je vous adresse mes vœux de succès pour la demi-finale et vous redis toute notre fierté. » Dominique de Villepin, 1er juillet 2006.

« Je pense qu’on espère de gagner contre le Portugal. On est des joueurs qu’on va vite avec le ballon… » Franck Ribéry, 1er juillet 2006.

« Une finale de Coupe du monde pour mon dernier match, je ne pouvais pas rêver mieux. Maintenant qu’on a fait tous ces efforts pour se qualifier, on va tout tenter pour ramener la coupe. On est 23 pour y parvenir et on espère tous aller au bout. On va récupérer et préparer cette finale de la même façon que les autres matchs. On a trois jours pour ça, et notre mot d’ordre, c’est qu’on va tous mourir ensemble ! Le plus important, c’est de lever cette coupe. Ce serait magnifique pour les joueurs, le staff, et tous les gens qui ont soutenu cette équipe de France depuis le début. Pas ceux qui arrivent en cours de route… » Zinedine Zidane, 5 juillet 2006.

« Contre Zidane, vous n’avez qu’une chose à faire : prier. » Gennaro Gattuso, 8 juillet 2006.

« La décision de tenter une panenka, je l’ai prise en m’élançant… Je voulais réaliser quelque chose qui reste dans les annales. » Zinedine Zidane, 9 juillet 2006

« Les Italiens ont dominé dans la première période, après ça s’est équilibré en faveur des Français. Quel dommage, quel dommage ! Si Zizou met sa tête, peut-être que ça fait la différence… » Marcel Desailly, 9 juillet 2006.

« Hey Marco ! Si tu veux vraiment mon maillot, je peux te le donner après le match, tu sais… » Zinedine Zidane, 9 juillet 2006.

« Je préfère ta putain de sœur ! » Marco Materazzi, 9 juillet 2006.

« Pas ça, Zinedine… Oh non ! Oh non, pas ça ! Pas aujourd’hui, pas maintenant, pas après tout ce que tu as fait… » Thierry Gilardi, 9 juillet 2006.

« Je ne sais pas ce qui s’est passé et pour quelle raison il a été sanctionné. Mais je voudrais dire toute l’estime que j’ai pour un homme qui a incarné à la fois les belles valeurs du sport, les plus grandes qualités humaines et qui a fait honneur au sport français et tout simplement honneur à la France. Je suis à la fois heureux et désolé que le sort, je dis vraiment le sort, le hasard, ne lui ait pas été favorable. C’est une affaire véritablement de hasard. Je n’ai pas à les consoler. J’ai simplement à leur exprimer mon admiration et mon estime. J’imagine qu’ils seront tristes. Ils n’ont pas de raison réelle d’être tristes. Ils ont fait quelque chose d’extraordinaire qui a fait vibrer toute la France. C’est admirable à tous égards. Ils ont toutes raisons d’être fiers de ce qu’ils ont fait et fiers d’eux-mêmes, indépendamment d’un problème de hasard. » Jacques Chirac, 9 juillet 2006.

« J’ai cherché à comprendre mes erreurs, certains excès du passé. J’ai demandé pardon et je suis plus mûr, mais je ne suis pas retourné en France. Non pas par peur, mais par respect. Car je sais que la blessure est encore profonde chez eux… » Marco Materazzi.

Par Paul Bemer

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