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Wissam Ben Yedder, le dossier qui a plombé le TFC ?

Convoité cet été par le FC Séville, Wissam Ben Yedder a été retenu par Toulouse pour plusieurs millions d'euros et quelques garanties bancaires non fournies. Si bien que depuis août, l'attaquant a affiché un spleen pas étranger aux difficultés sportives de son équipe. Un dossier mal ficelé qui a plombé le TFC ?
Ce week-end contre Nice, Wissam Ben Yedder a retrouvé un semblant de sourire à l’heure de jeu en ajustant Cardinale. Depuis le 9 août et la première journée de championnat, l’ancien joueur de futsal n’avait plus marqué en Ligue 1. Et pendant plus de trois mois, il avait traîné son spleen sur les pelouses françaises, la faute à un transfert non concrétisé au FC Séville. Les Espagnols étaient prêts à dépenser 9 millions quand Toulouse en réclamait 12 avec des garanties bancaires solides. Une offense pour les Andalous, une désillusion pour l’attaquant du TFC. « Wissam Ben Yedder donne l’impression d’être malheureux, il n’y a rien de pire. Autant un mec en colère, on arrive à l’orienter pour être performant, autant un joueur malheureux il y a un long travail pour le remettre en condition » , estime l’agent Fabrice Picot. Pour celui qui gère notamment les intérêts de Benoît Costil, la situation de l’attaquant toulousain est l’une des situations les plus complexes à gérer, car en France, « les clauses libératoires ne sont pas légales, et donc on a à chaque prolongation de contrat un club qui dit « T’inquiète, si une bonne offre arrive… » sauf que la bonne offre, c’est une notion subjective. » Si bien que le Franco-Tunisien pensait sûrement qu’à 9 millions, il signerait sans souci pour le double vainqueur de la Ligue Europa. « En Espagne au moins, il y a un montant indiqué noir sur blanc, les choses sont claires. » Même si parfois les clubs de Liga les fixent à des niveaux prohibitifs : « Regardez Kondogbia, 20 millions, on pouvait penser que c’était trop, mais Monaco les a payés avant de faire une plus-value à la revente. »
« Le meilleur moyen de partir, c’est d’être performant »
Alors que le mercato d’hiver approche, Ben Yedder n’apparaît plus comme une priorité de Séville, la faute à des performances en berne malgré une éclaircie le week-end passé. Pour Dominique Six, qui gère les intérêts de Samuel Umtiti ou Rod Fanni, le rôle de l’agent dans une situation de ce type est de « faire le médiateur entre le club et le joueur, d’une part pour que ce dernier soit heureux et performant, et d’autre part pour que l’on trouve un compromis. » Qui pourrait prendre la forme d’un bon de sortie oral : « Dans certains clubs, on crée même un avenant au contrat qui n’a aucune valeur légale avec le montant d’une clause libératoire. C’est plus une clause morale que légale » , estime Fabrice Picot, pour qui la parole donnée peut également suffire avec certains dirigeants. Mais pour qu’un terrain d’entente soit trouvé, encore faut-il que le joueur y mette du sien. « L’agent doit faire comprendre à son joueur que le meilleur moyen de partir, c’est de continuer à être performant » , assure Six. « Mais dans un cas comme celui de Ben Yedder, je n’ai pas l’impression qu’il soit de mauvaise volonté, c’est surtout qu’il a eu du mal à encaisser » , analyse Picot. Sauf qu’à Toulouse, on ne peut se permettre d’avoir un Ben Yedder en dedans, preuve en est le début de saison poussif des Violets, avec seulement deux victoires en 15 journées et une avant-dernière place inquiétante. Une place de relégable que le TFC n’aurait probablement pas avec un Ben Yedder en forme ou son remplaçant heureux d’être là.
Une revalorisation, un bon de sortie, et on oublie ?
Aujourd’hui, « c’est le club qui a la main » dixit Picot, qui estime néanmoins que le buteur et son employeur partagent un intérêt commun : « Leur valeur marchande » . Pour les Toulousains, un maintien en Ligue 1 est vital, pour l’attaquant, c’est la perspective de rejoindre une plus grosse écurie qui dépend de ses stats personnelles et des résultats du club. Chose positive dans le cas de l’attaquant, il n’est jamais parti au clash malgré un mal-être ostentatoire. « Beaucoup d’agents dans la profession sont des bourrins question négociation et poussent leur joueur au bras de fer, ce qui est une erreur » , avance Dominique Six, car « quand on en arrive à ce stade, il n’y a plus de retour possible » , assure-t-il. « Force est de constater que trop souvent cela fonctionne, comme avec Thauvin qui avait obtenu gain de cause » , rétorque Picot. Pour ce dernier de toute façon, « un joueur qui prolonge à Toulouse sait que ce serait compliqué de partir avec Olivier Sadran comme président. Parfois dans les transferts, il y a aussi une question d’image que les présidents veulent sauvegarder » , quitte à plomber les finances voire les résultats. Pour Ben Yedder, il reste quelques solutions : « Il retrouve son niveau, plante une dizaine de buts et ressort grandi de cette épreuve, et après c’est sûrement plus facile pour demander à Sadran de le laisser partir en juin » croit savoir Picot. À moins qu’un club n’aligne 6-7 millions en janvier. « À ce prix-là, ils feraient mieux de le laisser partir. » Mais le Franco-Tunisien n’est pas encore parti, et pour Dominique Six, le TFC n’aura pas forcément tort de lui accorder une augmentation, car « un joueur que le FC Séville paie 10 millions, il le paie facilement 200 000 euros mensuels. Quand on bloque un joueur, il est légitime que l’agent de celui-ci négocie une revalorisation pour faire passer la pilule, même si le départ n’est différé que de six mois ou un an. » Olivier Sadran doit commencer à le comprendre, un buteur heureux, cela n’a pas de prix.
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