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  • Elections présidentielles de 2012

Top 20 : Récupérations politiques

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11 minutes
Top 20 : Récupérations politiques

C'est parti. Depuis lundi, la campagne présidentielle est officiellement lancée. D'ici le scrutin, Nicolas Sarkozy aura notamment la chance de remettre la Coupe de la Ligue, samedi. L'occasion de rappeler que le foot est un bel objet de récupération pour les politiques de tous bords...

1- Iran-USA, le match de la diplomatieLe 21 juin 1998 à Lyon, le groupe F de la coupe du monde offre une image qui émeut les diplomates et les professeurs de politique internationale : avant le coup d’envoi de Iran-États-Unis, les joueurs des deux équipes se mêlent pour une photo souvenir qui renvoie aux calendes grecques le Grand Satan et son ennemi intime. Hélas, la diplomation du football ne durera qu’un temps. Celui qui sépare le mondial français du 11 septembre. – EK

2 – Nom de code: COBA Aller jouer un Mondial dans la tortionnaire Argentine du général Videla ? Pas question, répondent en chœur les gauchistes européens. Après que les Hollandais Cruyff et Van Hanegem ont officialisé leur boycott, quelque part dans les rues de Paris, le Comité pour le boycott de l’organisation par l’Argentine de la Coupe du monde de football (COBA) pousse ses premiers braillements: réunions, tracts, affiches, dessins, articles de presse… Bientôt, l’idée d’enlever Michel Hidalgo germe dans l’esprit des Justes. Peine perdue. Sur une route de Gironde, près de Saint-Savin, où réside le sélectionneur des Bleus, Hidalgo est victime d’une autre tentative de rapt par trois ravisseurs non politisés. Le sélectionneur se bat et s’en sort indemne. Les Bleus s’envolent pour l’Amérique du Sud. Caramba, encore raté! – MF

3 – L’affaire des sifflets corsesMoins d’un an après le chaotique France-Algérie, le Stade de France accueille la finale de la coupe entre Lorient et Bastia. Les supporters corses ne ratent pas l’occasion de manifester leur soif d’indépendance – et de niches fiscales – en sifflant copieusement la Marseillaise. Jacques Chirac, fraichement réélu à 82% grâce à la « divine surprise » d’un Le Pen au second tour, remet sa cape d’ultime rempart de la République et n’écoutant que son courage politique, quitte la tribune. Conséquence de ce joli barouf, son ministre de l’Intérieur, un certain Nicolas Sarkozy, impose un amendement à la loi pour la sécurité intérieure créant le délit d’outrage au drapeau ou à l’hymne national (7500 euros et six mois d’emprisonnement). Le petit Nicolas saura ensuite s’en souvenir au moment de lancer le débat sur l’identité nationale. – NKM

4 – Quand Fabius ciblait Hidalgo1984. Laurent Fabius arrive au poste de Premier ministre avec pour mission de faire avaler la pilule de la rigueur à une France qui avait voté pour le changement socialiste en 81. Une fois les communistes virés du gouvernement, reste à trouver de quoi mettre un peu de baume au cœur de l’électorat populaire. Michel Hidalgo, fils de communiste et sélectionneur des Bleus tout juste sacrés champions d’Europe, est donc contacté pour occuper le fauteuil de ministre des Sports. Il déclinera par humilité et envie de vacances, laissant la place au patineur Alain Calmat. Vingt-huit ans plus tard, la France attend toujours son premier footeux ministre. – NKM

5 – La Hongrie, modèle socialisteQuelle meilleure publicité pour la « société socialiste » qu’une équipe qui joue collectif, fout une raclée aux impérialistes anglais dans leur cathédrale de Wembley et s’écroule de façon héroïque face aux anciens ennemis fascistes allemands en finale de coupe du monde ? Le 7 octobre 1956, la venue en France du « onze d’or » hongrois est annoncée à grands renforts d’envolées lyriques par L’Humanité, qui invite les ouvriers à se rendre en masse au stade de Colombes. Trois semaines plus tard, le 23, Budapest se soulève. Puis deux ans passent, et l’étoile Ferenc Puskas se tire, direction le Real Madrid de l’Espagne franquiste. On aurait donc menti au Peuple? – NKM

6 – Vichy et le foot qui ne ment pasVichy avait beau détester ce sport des « métèques » et des « usines » , le football constituait déjà à l’époque la passion première des Français. Alors va pour le football. En juin 1943, les chantres de la « révolution nationale » décident la création d’un championnat amateur de seize équipes régionales censées incarnées la France des terroirs. Mauvaise pioche : la dissolution de l’équipe première de l’ASSE dans celle des « rivaux » du Lyon-Lyonnais fera plus de mécontents que de convertis. – NKM

7 – In memoriam ZoulousHiver 1879. La guerre contre les Zoulous à peine digérée, le gouvernement britannique décide d’organiser une tournée caritative de Sheffield à Barnsley en faveur des veuves et des orphelins des soldats tués en Afrique du Sud. Pour attirer le public, on invente une équipe composée de Cetshwayo, dernier roi Zoulou, et de ses guerriers. En fait, un best-of du championnat écossais grimé et recouvert de cire noire. C’est bien connu: plus c’est gros, plus ça passe. – AF

8 – La grande année du Club Brugeois1992. Jean-Luc Dehaene, Premier ministre belge, pose en survêt aux couleurs de son club favori, le bleu et noir du Club Brugeois, tout juste champion de Belgique. Dans une euphorie débordante, il se laisse aller: « C’est une grande année. Nous voilà champions et tous les problèmes politiques sont résolus… Bon, OK, pas tous… » – CG

9 – Gigi Becali, du Steaua à BruxellesSelon George ‘Gigi’ Becali, boss du Steaua Bucarest depuis plus de dix ans, le supporter de foot roumain est anti-homo, anti-femme, anti-tzigane et ultra-religieux. Alors ‘Gigi’ Becali lui donne ce qu’il aime: des sorties de route sur les homos ( « des malades mentaux » ), les tziganes ( « des gitans » ) et les ennemis de Dieu ( « le rock’n’roll est une saloperie » ). Cela s’appelle le populisme, et ça paye. Après avoir pris la tête du Parti de la Nouvelle Génération en 2004, Gigi est devenu député européen. Et qu’importe que le patron du club roumain le plus populaire ait été épinglé comme le parlementaire le moins assidu de toute l’assemblée européenne: aux dernières nouvelles, il se verrait bien Premier ministre de son ami Basescu, l’actuel président roumain. – VR

10 – Kirchner, football pour tousEn décembre 2007, Nestor Kirchner arrive à la fin de son mandat de président de la République argentine. Critiqué de partout, le « pingouin » décide alors de faire place nette pour sa femme Cristina en s’attaquant à son principal détracteur, le groupe de communication Clarin, entre autres choses détenteur des droits de télévision du football argentin. Ce sera le projet « Futbol para todos » : la fédération casse son partenariat avec le privé et adjuge les droits à l’Etat argentin. Dans la foulée, les banderoles à la gloire de Kirchner fleurissent dans les stades. Et ce qui devait arriver arriva : Cristina est élue présidente de la République. Sitôt élue, madame refusera d’ouvrir les espaces publicitaires aux annonceurs privés lors des retransmissions des matchs pour mieux placer des clips à la gloire de son parti. Puis, en veuve inconsolable mais reconnaissante, renommera le tournoi Clausura 2011 du nom de son mari, mort entre-temps. Bref, un coup de maître. – JPS

11 – Delanoë et Vikash DhorasooIntersaison 2005. De retour en France après sa parenthèse enchantée au Milan AC, Vikash Dhorasoo est invité avec toute sa nouvelle équipe du PSG à la mairie de Paris: Bertrand Delanoë veut rendre publiquement hommage au club de sa ville, qui est aussi le club de son cœur. Au moment de lui serrer la main, Delanoë se penche vers Dhorasoo: « Parlez-vous français? » Grillé. – SR

12 – Le Général Guei et la défense d’IvoireComme il s’en passe toujours aux Novotel, celui d’Accra est mis sous séquestre en ce 31 janvier 2000. La délégation ivoirienne est pressée de faire ses bagages au soir d’une élimination de justesse à la CAN. Direction le tarmac de Yamoussoukro, tout proche du camp militaire de Zambakro. Pendant deux jours, les Eléphants sont au régime spartiate (exercices, leçon de geste – garde-à-vous, pain sec et sardine…) Le général Gueï, arrivé au pouvoir le mois d’avant, avait prévenu la délégation au préalable: il les assimile à des soldats qui partent au front et qui gagneraient la guerre en soulevant la CAN… Voilà ce qui arrive quand on déserte… – RR

13 – Mauricio Macri, le maire de BocaFils d’immigré italien passé – vite fait – par les facs US, Macri accède à la présidence de Boca en 1995, pendant une période dorée du club (trois Libertadores, deux Intercontinentales). Pour soigner son image, rien de mieux. D’autant que le futur politicien du centre (le dimanche) et à droite toute (la semaine) sait y faire: il brosse les Xeneizes de Boca dans le sens du poil tout en n’attisant aucune braise avec les Millonarios de River. Résultat: la mairie de Buenos Aires lui fait place nette en décembre 2007. Il y habite toujours aujourd’hui. Le consensus mou à la Peron est un art qui dure. – RR

14 – Jean Cacharel, Crocodile BousquetDiplômé d’un CAP de tailleur, ce mods de Jean Bousquet devient célèbre en 1958 en créant une marque de prêt-à-porter, Cacharel. C’est aussi le début d’une dérive mégalo à la Georges Frêche. En 1982, le mec devient le président de l’Olympique Nîmois (dont il était le sponsor). Vulgaire levier. Un an plus tard, il devient le maire de la ville. Bousquet n’ayant jamais été un blaze de gauchiste, ce sera sous l’étiquette UDF-Radical. – RR
15 – Le colonel et ce jeu stupideMême s’il est un des plus grands cas clinique de psychose paranoïaque de l’histoire, Mouammar Kadhafi n’était pas un stratège de seconde zone. En 1982, il rêvait d’une alliance arabo-africaine. Rien de mieux pour cela que d’organiser à la fois le sommet de l’OUA et la CAN. Lors du speech inaugural de l’épreuve de foot, Mouammar fait la promo du Livre vert et taillade la politique étrangère de la France au Tchad. Puis, il craque complètement et livre sa pensée profonde sur la balle ronde: « Vive l’Afrique mais pas la coupe » , avant de conclure, lapidaire: « Vous êtes tous de stupides spectateurs avec votre sport stupide. » – RR

16 – Roselyne et les caïds immaturesAu lendemain de la grève de Knysna, ce 21 juin 2010, la ministre des Sports Roselyne Bachelot ne se dérobe pas. Elle part au chevet de ses Bleus étrillés par toute la classe politique. Soutien sans équivoque, émotion au firmament, Roselyne assure au pays que des larmes pudiques auraient coulé des yeux de certains joueurs… Deux jours et une élimination plus tard, c’est la même dame patronnesse qui agite le martinet en pleine Assemblée Nationale face à cette « équipe de France où des caïds immatures commandent à des gamins apeurés » . Ces petits cons n’avaient qu’à pas perdre leur match décisif pour la qualif’ en huitièmes. – VB

17 – La Can 2010 et l’AngolaLa Coupe d’Afrique des Nations est toujours une opération de communication du pays organisateur. Mais à aucun moment, le kidnapping du football par un pouvoir en place n’a été aussi évident qu’à l’occasion de la CAN 2010 organisée par l’Angola. Un tournoi durant lequel les sélections ont souvent évolué sous l’omniprésent portrait du président angolais José Eduardo Dos Santos et les drapeaux du MLPA. Manque de bol pour le chef d’Etat, sa sélection s’est fait sortir en quart de finale. Le pire résultat pour un pays hôte depuis 1996. – JB

18 – Nkrumah et la propagandastaffelFils spirituel de Marcus Garvey et pote de Martin Luther King, Kwame Nkrumah est resté dans l’histoire comme le premier président d’un Ghana indépendant (en 1957) et le théoricien majuscule du panafricanisme. Co-fondateur de la confédération africaine de football, il assimile vite les bénéfices qu’il peut tirer du sport roi. Dès 60, il appointe un administrateur pour structurer un championnat; finance une épreuve continentale des clubs; organise la CAN en 1963 au pays. « Plus le football africain gagnera en crédibilité au niveau universel, plus cela rejaillira sur tout le continent » , prophétise-t-il. Pour ceux qui n’avaient pas compris, il en rajoutera une couche plus tard: « Le but c’est d’avoir une sélection de haut niveau pas seulement pour impressionner avec son football mais pour corriger les préjudices européens et contribuer à l’émancipation de l’Afrique » . Peut-être pas pour rien si les Black Stars figurent parmi les meilleures nations africaines depuis des décennies. – RR

19 – Le Hezbollah et Al-AahedLe club libanais Al-Aahed porte les couleurs du Hezbollah. Normal: le club libanais Al-Aahed est le club du Hezbollah. Un bon moyen pour ce mouvement « islamo-nationaliste » de mener la vie dure, sans forcément en venir aux armes et aux voiture piégées, aux druzes du Safa, aux chrétiens du Nejmeh ou aux sunnites de l’Ansar, proche de la famille Hariri. Et aussi d’exalter les foules qui n’ont pas toujours une guerre contre « l’entité sioniste » à se mettre sous la dent. – NKM

20 – Salazar, Eusebio et le patrimoineAnnées 60. Le bon docteur Salazar décrète que, comme pour Pelé au Brésil, Eusebio appartient au « patrimoine de l’Etat » . Conséquence: la star du Benfica, désireuse d’aller jouer à la Juventus, se voit opposer un refus de la part du dictateur au palais présidentiel. Pas chien, la « panthère noire » courra quand même pour permettre à la sélection portugaise de ramener une troisième place du Mondial 1966 joué en Angleterre. – CG

A lire : Retrouvez la crème de la récupération politique avec 25 autres cas dans le numéro 95 de So Foot, en kiosque depuis le 6 avril

Dans cet article :
Une erreur improbable empêche un changement lors d’un match de Coupe de la ligue écossaise
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