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  • Les 100 matchs qui définissent le foot

Top 100 : les matchs de légende (15 à 11)

Par la rédaction de So Foot
10 minutes
Top 100 : les matchs de légende (15 à 11)

Après les joueurs, les buts, les coachs, voici les matchs. Des vieux, des récents, des grands, des beaux, des laids, des reportés, des remontés, des inoubliables, des plus ou moins oubliables, des légendaires, des oubliés : 100 matchs pour autant d'histoire qui racontent le foot.

15. Milan – Barcelone (4-0)

Finale de la Ligue des champions – 18 mai 1994 Olympiakos Stadion, Athènes

La finale de C1 la plus attendue de l’histoire ? Imaginez le jeune Barça devenu récemment grand mené par le déjà éternel Cruyff face au Milan déjà historique mais guidé par le nouveau venu Capello. C’est le 4-3-3 compliqué qui rend les choses simples contre le 4-4-2 simple qui complique les choses (surtout pour l’adversaire, quand c’est bien fait). Et enfin, des noms écrits pour effacer tous ces chiffres : Stoïchkov, Romario, Boban, Savićević… Dans le jeu, c’est aussi Albertini et Tassotti face à Guardiola et Koeman. Les suspensions de Baresi et Costacurta font du Barça le favori. Le Milan défend au courage, à la Capello : lignes resserrées, concentration maximale. Sacchi parti œuvrer pour la cause nationale, Berlusconi a engagé Fabio le conservateur pour construire sur les acquis d’Arrigo le révolutionnaire. Tout changer pour ne rien changer, bingo. Au Stade Olympique d’Athènes, Savićević joue au Dieu grec. Le Pastore du Milan donne une première passe décisive au second poteau, puis Massaro signe un doublé à la 45e sur un centre en retrait. Deux actions d’école, deux actions de jeu basiques réalisées parfaitement sur la plus grande des scènes. Le 4-3-3 de Cruyff se présentait alors comme une invention compliquée en laquelle l’homme pouvait facilement s’émerveiller. Le 4-4-2 de Capello présente ce soir-là un football simple rendu merveilleux par le pied gauche de Savićević, les poumons de Desailly et l’intelligence de ses joueurs. Les joueurs, d’abord, le jeu ensuite, et l’organisation, toujours. Deux minutes après la mi-temps, Savićević réalise son chef-d’œuvre. À l’heure de jeu, Marcel Desailly brosse sa frappe et devient le premier joueur à remporter la C1 deux fois d’affilée. Des mois d’attente pour une heure de match. « La perfection » , d’après Capello.

14. Brésil – Uruguay (1-2)

« Finale » de la Coupe du monde – 16 juillet 1950 Maracanã, Rio de Janeiro

Il paraît que ce sont les vainqueurs qui écrivent l’Histoire. Ce Brésil-Uruguay 1950 doit être l’une des exceptions qui confirment la règle. En érigeant sa défaite en tragédie et mythe national, le Brésil a comme relégué son triomphateur au rang de second rôle. Il faut dire que le pays organisateur n’a pas la défaite pudique. Dans un Maracanã qui sent encore la peinture fraîche, ils s’entassent à 200 000 pour voir leur Seleção enfin dans cette Coupe du monde. Malgré l’opposition des Européens, le Brésil a insisté pour qu’une poule finale à quatre remplace demies et finale. Mais peu importe la formule, les locaux paraissent intouchables. Ils viennent de fracasser la Suède (7-1) et d’humilier l’Espagne (4-1). L’Uruguay s’avance pour ce qu’on considère comme une finale. Pour obtenir ce privilège, la Céleste n’a gagné que deux matchs. L’un contre la Suède en phase finale, l’autre face à la Bolivie (8-0) dans un groupe de qualification à deux, à la suite des forfaits de l’Écosse et de la Turquie. Comme 32 ans plus tard contre l’Italie, le Brésil n’a besoin que d’un nul. Mais poussés par le Maracanã, les coéquipiers d’Ademir continuent à charger, même après l’ouverture du score de Friaça à la reprise. Et puis Schaiffino égalise et tout un pays comprend qu’il s’agit bien d’une finale et qu’il peut la perdre. La suite va sceller le destin de deux hommes. 77e minute, Alcides Ghiggia s’échappe côté droit et frappe dans un angle fermé. Ce tir, Moacir Barbosa l’a arrêté des centaines de fois, mais pas ce 16 juillet 1950. Un pays en deuil le condamne à un bannissement intérieur : « Au Brésil, la peine majeure pour un crime est de 30 ans de prison, moi j’ai payé, il y a 43 ans que je paie pour un crime que je n’ai pas commis. » Un an après cette déclaration, Barbosa est chassé du camp d’entraînement de la Seleção par Mario Zagallo à la veille du départ pour les États-Unis et une quatrième étoile mondiale. Ghiggia, lui, a presque de la peine pour ce pays qu’il a plongé dans le silence : « Je n’ai pas aimé voir ces 200 000 personnes tristes, je n’ai pas aimé voir Rio sans carnaval. »

13. Liverpool-Arsenal (0-2)

Championnat d’Angleterre – 26 mai 1989 Anfield, Liverpool

Ceci est le match du titre d’Arsenal raconté dans Fever Pitch par Nick Hornby. Et l’écrivain n’aurait jamais osé écrire un scenario pareil. Le dernier match de la saison de championnat anglais 1988-89, entre Liverpool et Arsenal, se joue à Liverpool, et oppose les deux premiers de l’exercice. Initialement prévu le 23 mai, ce match est repoussé de trois jours suite à la tragédie d’Hillsborough qui a vu la vie de 96 supporters s’écraser dans ce stade. Liverpool s’est tout de même ensuite imposé en finale 3-2 contre les rivaux d’Everton, ce qui veut donc dire que les Reds sont en course pour un historique doublé. Pendant ce temps, Arsenal a fait la course en tête du championnat tout au long de la saison, possédant jusqu’à 15 points d’avance sur Liverpool, avant de baisser de rythme et de voir les Reds passer devant. Avant ce duel, ces derniers ont 3 points d’avance sur Arsenal. Mais si d’aventure, les Gunners s’imposaient par deux buts d’écart, ils emporteraient le morceau aux buts marqués. Évidemment, ce qui devait arriver arriva, selon un déroulement pour le moins inouï. Déjà, le coup d’envoi du match est repoussé car beaucoup de fans d’Arsenal sont coincés dans les bouchons. Ensuite, leurs joueurs déposent sur la pelouse des gerbes de fleurs en hommage aux disparus d’Hillsborough. Ils se disposent ensuite en 541, afin d’endiguer au mieux le jeu de passes de Liverpool, de gêner leurs ailes avec Dixon et Winterburn en latéraux, et de jouer la contre-attaque. Sept minutes après la pause, Arsenal marque (Alan Smith, de la tête) sur un action controversée, une histoire de faute pas faute et de coup franc indirect, mais l’arbitre décide finalement d’accorder ce but. À 1-0, Arsenal se rue donc à l’attaque, mais Liverpool tient bon. Et a même quelques balles de contre-attaque, mal négociées, comme en témoigne ce but de Barnes annulé pour hors-jeu. Les 90 minutes sont écoulées. Kevin Richardson, le milieu d’Arsenal, se blesse, ce qui veut dire qu’il y aura trois minutes d’arrêt, alors que Steve McMahon, milieu de Liverpool, indique aux siens qu’il ne reste qu’une minute à disputer. Arsenal lance sa dernière attaque. Lukić, le gardien, envoie à droite sur Dixon, long ballon vers Alan Smith, dévié sur Michael Thomas, qui va au devant de Groobelaar, et marque. Arsenal a mis le deuxième but dont il rêvait ! Il reste 25 secondes à jouer, et toute une vie pour célébrer.

12. Pays-Bas – Italie (0-0, 1-3 aux tab)

Demi-finale de l’Euro – 29 juin 2000 Amsterdam Arena, Amsterdam

Sans doute le plus beau 0-0 de l’histoire. Deux équipes qui se séparent alors sur un score nul et vierge, mais sur un ressenti diamétralement opposé. L’un des matchs les plus héroïques jamais disputés pour les uns, des plus tragiques pour les autres. Et Dieu sait qu’en football, il y en a eus, des jours tragiques pour les Néerlandais. C’est injuste direz-vous ? Mais le football aime les injustices, et les jours, comme ça, où tout ne va pas, et où l’histoire, une fois de plus, n’est pas de votre côté. Les Hollandais ont beau avoir réalisé un début d’Euro parfait, avec quatre victoires sur quatre matchs, dont un succès de prestige face à l’équipe de France, championne du monde en titre, et recevoir les Italiens, chez eux, à Amsterdam, rien n’y fera. Pourtant, dès le début de la rencontre, les Pays-Bas mettent une énorme pression sur les Italiens, contraints de commettre des fautes. Dans le premier quart d’heure, Zambrotta et Iuliano récoltent chacun un carton jaune. Sur son premier ballon dangereux, Bergkamp expédie une fusée sur le poteau de Toldo, tout content de voir ce ballon ne pas entrer dans ses filets. Quelque part, ce poteau est un signe prémonitoire. Mais ça, personne ne le sait encore. Pour l’instant, la Hollande asphyxie l’Italie, qui va se retrouver encore plus dans la merde à la 37e minute de jeu. Averti, Zambrotta commet une jolie faute sur un intenable Zenden. L’Italie est à 10 ; le naufrage semble inévitable.

D’autant que quelques minutes plus tard, l’arbitre concède un pénalty aux locaux pour une faute de Nesta sur Kluivert. De Boer se présente face à Toldo. Mais le portier est un fin stratège. « Lors du match précédent, de Boer avait tiré un pénalty à la droite du gardien. Je me suis donc dit : « Il va penser que j’ai vu cette vidéo, et il va donc me tromper en tirant de l’autre côté. » J’ai donc décidé de plonger de l’autre côté, à gauche. » Et Toldo détourne le pénalty de de Boer. On en reste à 0-0. Mais les problèmes de l’Italie sont loin d’être résolus. Les averses néerlandaises continuent, et Iuliano commet une nouvelle faute dans la surface, cette fois-ci sur Davids. Pénalty. Cette fois, c’est Kluivert qui s’y colle. Et cette fois, Toldo est pris à contre-pied, mais se voit sauvé par le poteau. Deuxième péno raté par les Néerlandais, et toujours 0-0. Encore et toujours. Prolongation. Les crampes et la fatigue prennent le pas sur le reste. Tirs au but. Et après les 120 minutes qui viennent de s’écouler, il semble que rien ne peut arriver à l’Italie. Une pensée confirmée dès le premier tir au but. C’est Di Biagio qui s’y colle. Deux ans plus tôt, c’est son tir qui s’était écrasé sur la barre française, causant l’élimination de l’Italie. Cette fois-ci, Di Biagio transforme. Derrière, De Boer revient défier Toldo. Le capitaine hollandais frappe pour la deuxième fois à gauche, le gardien de la Fiorentina repousse encore. La folie. Puis Pessoto marque. S’avance alors Jaap Stam. Le défenseur de Manchester United envoie une fusée vers Felix Baumgartner. Italie 2, Hollande 0, et quatrième pénalty raté par les Néerlandais dans cette rencontre. Sur son banc, l’expression de Frank Rijkaard, le sélectionneur des Pays-Bas, en dit long. Il a compris que ce match n’était pas pour lui. Mais il reste encore un geste pour écrire définitivement l’histoire. Et ce geste, c’est Totti qui va le réaliser. « Il est parti pour aller tirer, il s’est tourné vers nous, et en romain, il a dit : « Mo’ je faccio er’ cucchiaio (je vais lui faire une panenka). » On s’est tous regardés et on s’est dit : « Pourvu qu’il plaisante. » » Sauf que cette fois, Totti ne plaisante pas. Du haut de ses 23 ans, il envoie pratiquement l’Italie en finale. Ensuite, Kluivert marque enfin, Maldini rate, mais Toldo, héros du jour, repousse la dernière tentative de Bosvelt. L’Italie s’impose 3-1, et s’envole en finale pour mieux y voir à nouveau la chance en face…

11. France – Brésil (1-1, 4-3 aux tab)

Quart de finale de la Coupe du monde – 21 juin 1986 Stade Jalisco, Guadelajara

Et si c’était celui-ci, le « plus grand match de l’histoire de l’équipe de France » ? Et si « Guadalajara » était encore au-dessus de « Séville » ? En termes de dramaturgie et d’émotions, sans doute pas. Mais en termes de football ? Pour commencer, il y a le plateau : non plus une demi-finale entre deux pays « ennemis » encore traumatisés par deux guerres mondiales, une équipe romantique (la France) contre une machine de guerre (la RFA) ; mais, tout simplement, une ode au beau : France-Brésil 1986, c’est d’abord le match, quatre ans plus tard, des deux vainqueurs moraux de 1982 : le Brésil esthétique de Santana assassiné par Paolo Rossi, et les Bleus idéalistes de Michel Hidalgo tombés à Séville. Le match des gentils de la décennie – chaussettes baissées, maillot jaune or, shorts moulants. Et qu’importe que les gentils en question soient fatigués (côté français, Platini est blessé, Giresse pas au mieux ; côté brésilien, Zico, blessé lui aussi, démarre sur le banc, tandis que Sócrates n’avance plus guère). 60 000 personnes, un soleil écrasant, le jour de l’été : France-Brésil 86, quart de finale, est un mythe en place avant même que l’arbitre roumain Ioan Igna ne donne le coup d’envoi. Comme si les 22 joueurs en étaient conscients, ils offriront 120 minutes de toute beauté. En vrac ? Des séquences de passes qui n’en finissent pas. Des gestes fous. Ce but de Careca inscrit dès la 17e minute de jeu, au bout d’un mouvement latéral digne du plus bel essai de rugby du monde. Le penalty manqué de Zico. Le tir au but dans les nuages de Platini. Celui tiré sans élan et bloqué par Bats de Sócrates. Celui de Bruno Bellone qui rebondit sur le poteau et la nuque de Carlos avant de rentrer. Et puis, en bout de séance, « mon petit Luis » . Car oui, Luis Fernandez a un jour été le héros de ce pays.

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À lire : la suite du top 100 des matchs de légende

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