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Tiens, Debuchy est revenu de nulle part
Alors qu’on croyait l’ancien latéral droit des Bleus enterré et définitivement boudé par Arsène Wenger, Mathieu Debuchy refait finalement son apparition lors des matchs de coupe cette saison. En tant que défenseur central.
Seize. C’est le tout petit nombre de minutes passées sur le pré par Mathieu Debuchy sur l’intégralité de la saison 2016-2017. Et ce, toutes compétitions confondues. En général, quand ce genre de constat s’impose alors qu’il n’y a pas eu de graves blessures ou de longues suspensions à l’horizon, c’est mauvais signe. Très mauvais signe. Surtout si on parle d’un footballeur qui a dépassé la trentaine et qui n’a disputé qu’une quinzaine de rencontres la saison précédente. Alors forcément, tout le monde avait zappé le latéral. En tout cas, personne ne pensait le revoir de sitôt sur un terrain lorsque la fin du mercato s’est officialisée et que son nom paraissait toujours dans la liste de l’effectif d’Arsenal malgré des sollicitations de Nice et de l’Olympique de Marseille. Arsène Wenger ne comptait plus sur lui – il ne l’a jamais caché – et il y avait certainement meilleur à son poste. Lui n’avait de toute façon plus la puissance pour faire face à l’intensité anglaise. Du coup, chacun lui a tacitement dit bye bye, en espérant quand même le voir réapparaître dans quelques mois au sein d’une équipe moins guindée et avec plus de place.
Trois titularisations en deux semaines
Raté. Debuchy est bien réapparu, mais avec les Gunners. Pas en Premier League, d’accord, mais en Ligue Europa, ce qui n’est pas mal pour un joueur qu’on pensait placardisé. Il y a un gros mois de ça, le 19 octobre pour être précis, l’ancien Lillois a donc enfilé son maillot de professionnel pour la première fois depuis le 27 novembre 2016. Sur le terrain de l’Étoile rouge de Belgrade, pour une victoire arrachée à la 85e minute par Olivier Giroud (1-0), autre Français en mal de titularisations. Certes, l’adversaire n’était pas des plus coriaces. Reste que l’arrière droit, qui n’avait plus joué depuis presque un an et qui aurait donc pu montrer un manque de rythme, a tenu son rang pendant 90 minutes. Mieux : il est le deuxième homme de son équipe qui a touché le plus de ballons (81) et celui qui a remporté le plus de duels aériens.
Cinq jours plus tard à peine, en League Cup cette fois, le bonhomme est de nouveau aligné d’entrée contre Norwich. Prolongation oblige, l’international (27 sélections, mine de rien) reste sur la pelouse 120 minutes. Le temps de se qualifier pour le tour suivant (2-1). Tout en sérénité. Enfin, la dernière note positive date du 2 novembre, lorsque ses potes et lui reçoivent l’Étoile rouge avec un résultat nul sans but encaissé à la clé. Encore une fois, l’éphémère Girondin (il avait été prêté pour quelques mois à Bordeaux début 2016) ne loupe aucune seconde de la partie. Et encore une fois, il affiche une superbe forme (joueur ayant le plus touché la balle avec 105 ballons et ayant, encore, le plus gagné de duels aériens).
C’est que Mathieu dispose d’un mental à toute épreuve. « S’il l’a certainement développée durant sa carrière, sa force mentale constitue son principal atout depuis le départ. Dès le centre de formation, il était au-dessus de ses coéquipiers sur ce plan-là, rappelle Grégoire, son frère aîné.Il a dû traverser de gros obstacles dès son plus jeune âge. Comme sa rupture des ligaments croisés à quinze ans, une blessure pas courante quand on est si jeune. Il a dû revenir au top pour pouvoir signer son contrat pro. Mon frère est un vrai professionnel qui est irréprochable dans son boulot et dans son état d’esprit, et il est encore en train de le démontrer. Baisser la tête et ne plus travailler, ça ne lui ressemble pas. Même s’il a connu des moments vraiment difficiles ces derniers temps. »
Ça plane dans l’axe
Suffisant pour le voir désormais titulaire lors de chaque match de coupe, au moins ? La réaction d’Arsène Wenger, satisfait de son gars après le succès contre Norwich, penche en ce sens. « Nous sommes tous très heureux pour lui car il a vécu des moments difficiles, s’est ainsi enthousiasmé le technicien dans le Evening Standard. Le fait de jouer 120 minutes a été un bon coup deboostpour lui. Maintenant, il a besoin de récupérer. Mais il est de nouveau candidat à défendre sa place dans l’équipe. » L’entraîneur alsacien peut également s’auto-féliciter. Car s’il n’est pas pour rien dans la déchéance de Debuchy (il s’était notamment opposé au transfert du Tricolore à Manchester United en janvier 2016), le coach rouge a eu la bonne idée de le relancer dans le gameen le plaçant dans l’axe droit de sa défense à trois. Un poste qu’il connaît déjà un peu, selon Grégoire : « Il y a fait quelques piges au début à Arsenal. À Bordeaux et à Lille également, quand il y avait des absents. Il s’y sent à l’aise. Au regard des derniers mois traversés, il ne fera de toute façon pas le difficile. Mais de par son profil de défenseur dans l’âme, ça lui va bien. Et ça lui plaît. »
Installé dans ce rôle, l’ex de Newcastle peut faire jouer sa vitesse, ses aptitudes dans les airs et sa solidité naturelle, sans trop fatiguer ses jambes de 32 ans qui n’ont plus à multiplier les allers-retours dans le couloir. « Son avenir est peut-être en tant que défenseur central, a d’ailleurs reconnu Wenger. Il a les qualités pour cela, notamment dans le jeu aérien. Il n’est peut-être pas grand, mais il gagne un nombre impressionnant de ballons dans les airs. » Une preuve supplémentaire ce mercredi soir à Cologne ? Peut-être. Une chose est sûre, Debuchy voit plus loin. « Il arrive en fin de contrat en juin et il se tient prêt pour une nouvelle aventure, assure le frangin. Mais même si son bail ne s’arrêtait pas, il se serait comporté de la même manière. Les gens ne le savent pas, mais il n’a jamais été blessé ces derniers mois en Angleterre. Et il n’a jamais arrêté de bosser. Il se dit simplement que la fin du tunnel est proche. » En attendant, toute lumière est bonne à capter.
Par Florian Cadu
Propos de GD recueillis par FC