- Eliminatoires Mondial 2014
- Uruguay/Chili (4-0)
Suarez 4 – Chili 0
Diminué par les sanctions disciplinaires prises par Claudio Borghi à l'encontre de cinq joueurs, le Chili a coulé devant l'Uruguay, mené par un Luis Suarez intenable, auteur d'un quadruplé.
Uruguay – Chili : 4-0
Buts : Luis Suarez (x4)
Luis Suarez n’a pas changé. Dès ses débuts avec le Nacional Montevideo, l’avant-centre s’était signalé par sa propension à frapper au but sans aucune avarice. Au point de se mettre le public à dos quand ça ne rentrait pas. Vendredi soir au Centenario, Suarez a monopolisé la feuille de stats offensives. Il a tenté, beaucoup, puis fini par faire craquer la Roja, à l’usure.
Avant d’ouvrir le score à la 41e minute, Suarez a effleuré une poignée de fois la possibilité d’un but. Il avait tapé la barre sur coup-franc, trop croisé sa frappe après avoir effacé la défense centrale d’un crochet, claqué une tête sur corner. Il avait aussi fait parler ses bras : pour réclamer une main adverse inexistante ou pour tenter de la mettre au fond après avoir percuté le gardien. Marquer par tous les moyens nécessaires. Au-delà du cas Suarez, la facilité uruguayenne a se créer des occasions franches constitue une clé de l’actuelle domination céleste sur l’Amérique du sud, comme ce pressing tout terrain qui finit par faire exploser ses adversaires.
Vin d’honneur
Pour le Chili, la panorama de ce rendez-vous entre deux grands prétendants à la Coupe du Monde brésilienne a subitement basculé jeudi. Le sélectionneur chilien annonçait la suspension de cinq joueurs (Valdivia, Beauséjour, Vidal, Carmona, Jara) pour être rentré du baptême de la fille de Valdivia dans un état « pas convenable » . Autrement dit, pour ingestion démesurée de vin d’honneur. Les accusés ont reconnu un retard de quarante minutes pour participer une activité de la sélection, mais pas leur taux d’alcoolémie à faire rougir l’ethylotest. Un démenti opéré lors d’une conférence de presse donnée du siège du syndicat des footballeurs professionnels. Ambiance …
Pendant une demi-heure, la Roja a donné l’illusion que les absents avaient toujours tort. Mais l’activité, entre autres, d’un Arturo Vidal dans l’entre-jeu, a finalement cruellement fait défaut au Chili. Le château de cartes a fini par s’effondrer devant la pression locale. Autre absent de marque, Alexis Sanchez, mis en réserve sur le banc. Le Cristiano Ronaldo chilien vient de faire son retour à la compétition avec le Barça mais se ressent manifestement toujours de sa déchirure musculaire qui l’avait envoyé à l’infirmerie début septembre. Borghi a préféré le ménager en espérant pouvoir l’aligner face au Paraguay, mardi. Mais Borghi sera t-il encore à la tête de la Roja la semaine prochaine ? Car si au coup d’envoi, le Chili se trouvait empêtré dans le scandale, au coup de sifflet final, il peut être considéré en crise, avec trois petits points glanés en trois rencontres éliminatoires, et une différence de but de moins cinq.
Le héros du Centenario
Vendredi, l’Uruguay se présentait aussi diminuée, notamment à cause du forfait de Forlan. Une absence qui, là, ne s’est pas fait sentir. Non pas car son remplaçant, le jeune Gaston Ramirez (Bologne), s’est montré à la hauteur du blondin, plutôt car Luis Suarez a travaillé pour deux. Pas moins. Quatre buts au total pour le numéro 9, héros du Centenario. Pour ouvrir la marque, l’attaquant de Liverpool s’est emmené un service d’Arevalo d’un contrôle orienté extra-lucide qui lui donne deux mètres d’avance et le temps de bien préparer sa frappe du gauche envoyée ras du poteau. Premier fruit de sa persévérance. Quatre minutes plus tard, Suarez plie le match. A la source du but du break, un ballon chapardé par l’ex de l’Ajax dans les pieds d’un Cavani, pas en réussite. Dans les instants qui suivent, le gardien chilien balbutie une sortie, Cavani tente le lob, repoussé sur sa ligne par un défenseur chilien, Waldo Ponce pense alors pouvoir écarter le danger un peu plus loin de la tête, mais Suarez bondit pour pousser le ballon au fond des filets … de l’épaule. Suarez 2 – Chili 0.
En deuxième période, l’homme le plus détesté du Ghana continue son show. En position d’attente aux six mètres, Suarez profite d’un une-deux modèle entre Martin Caceres et Diego Perez, pour inscrire son troisième but de la tête (67e). Six minutes plus tard, il brûle à nouveau la priorité à Cavani au contrôle imprécis, pour envoyer une patate injouable des seize mètres. 77e minute : Tabarez peut offrir une standing ovation à son avant-centre, remplacé par l’ex parisien, Cristian Rodriguez. Comme Suarez, la Celeste plane, trop heureuse d’avoir blessé peut-être gravement un concurrent direct, et de voir l’Argentine piétiner.
Par Thomas Goubin