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Sinama-Pongolle : « La nourriture est épicée, alors moi, je me régale »

Propos recueillis par Florian Lefèvre
6 minutes
Sinama-Pongolle : « La nourriture est épicée, alors moi, je me régale »



La puissance du port du Havre, il la connaît mieux que personne. De Chicago à Rostov en passant par Liverpool, l’Espagne, le Portugal, la Suisse et l’Écosse, Florent Sinama-Pongolle (trente et un ans) a connu des hauts et des bas, mais vu du pays depuis ses débuts en Normandie. Sa dernière étape en date : la Thaïlande, où il s’éclate avec le Chainat Hornbill FC. Entretien plaisir avec un globe-trotter.

Qu’est-ce qui t’a amené dans le championnat thaïlandais ?J’étais ouvert à un projet sportif intéressant, où que ce soit, après la fin de mon contrat au Dundee United. Mon credo, c’était de bosser tous les jours pour être prêt. J’ai essuyé beaucoup de refus en France. Dans ma carrière, je me suis blessé au mauvais moment, et derrière, les portes se ferment. On te juge, mais on ne te connaît pas. Finalement, cette proposition du Chainat Hornbill FC est arrivée un peu de nulle part. Comme quoi, j’ai plus la cote à l’étranger. (rires)

Quand on te propose la Thaïlande, tu réfléchis ou…(Il coupe) Non, je n’ai pas hésité. J’étais déjà venu en Thaïlande lors d’une tournée d’été avec Liverpool. Ici, les stades sont pleins. Le football est en train de se construire, il y a énormément de moyens, un vrai engouement. Cette ferveur, c’est ce que j’apprécie. Depuis que je suis arrivé, j’ai reçu des coups de fil de beaucoup de joueurs qui aimeraient venir jouer dans ce championnat.

Tu as reçu un accueil particulier en arrivant ? Je suis arrivé discrètement à l’aéroport parce que rien n’était fait, mais une fois la signature officielle, on a parlé de moi. En Thaïlande, il faut savoir qu’il y a deux clubs super populaires : Liverpool et Manchester United. D’ailleurs, les gens sont fans de foot anglais. Tous les restaurants retransmettent la Premier League, c’est impressionnant. Même si j’ai galéré par le passé, comme j’ai joué à Liverpool, j’ai un certain statut. Dans la rue, on me sollicite pour des selfies, on me parle même de mes années à Liverpool. Ici, ils sont à fond sur les réseaux sociaux. Je ne passe pas inaperçu, mais c’est un peu ce qui me plaît. J’ai toujours adoré être au contact des gens.

Premier match, on prend 7-2 en pleine gueule. J’aime gagner, forcément c’était frustrant…

Comment s’est passée ton intégration en cours de saison ?J’ai débarqué en milieu de championnat, mais j’étais bien préparé physiquement. Des fois, la préparation d’avant-saison, tu peux trouver ça long. Là, je suis rentré tout de suite dans le vif du sujet ! Premier match, on prend 7-2 en pleine gueule. J’aime gagner, forcément c’était frustrant… Depuis, on a davantage gagné que perdu en championnat.

On retrouve quel genre de football au sein du championnat thaïlandais ?C’est offensif. Tu dois gagner ! Sur les dernières rencontres, on a perdu 4-2 à l’extérieur, gagné 4-2 la semaine suivante à domicile et enchaîné par une victoire 3-2 en Coupe.

Au sein du groupe, tu arrives à te faire comprendre malgré la barrière de la langue ? La communication, c’est ce qui est un peu galère. Je parle anglais, mais juste deux, trois mots de thaï. C’est vraiment compliqué, avec un autre alphabet. Mais sur le terrain, les Thaïlandais sont plutôt silencieux. Alors que moi, je parle beaucoup, c’est comme si j’étais là depuis des années. Dans l’équipe, on est cinq étrangers : un Brésilien, deux Japonais, un Coréen et moi. C’est la limite, comme dans les autres clubs. Dans le championnat, la majorité des joueurs étrangers sont brésiliens.

À Chai Nat, il y a un carrefour. Pas le supermarché. Un seul carrefour avec des feux rouges !

Pas trop frustrant de jouer le maintien ?Quand je suis arrivé, le club était relégable, donc je savais à quoi m’attendre. Même si on est relégable, il y a trois à quatre mille personnes au stade, alors qu’on est dans une petite ville (15 000 habitants) à deux heures de Bangkok. À Chai Nat, il y a un carrefour. Pas le supermarché. Un seul carrefour avec des feux rouges !

Qu’est-ce qui t’a marqué en arrivant ? Quand j’ai découvert le centre d’entraînement, j’ai cru voir surgir une mosquée : des chaussures partout. Je n’avais jamais vu autant de claquettes ! Il faut marcher pieds nus dans le centre d’entraînement, c’est la tradition. Du coup, maintenant, je viens aussi en claquettes. En arrivant, j’ai aussi été surpris par les installations. Le club a été fondé il y a sept ans, il y a tout pour mener un projet sportif de qualité.


En Thaïlande, chaque avant-match ressemble à un vrai rituel…On sort du tunnel, l’hymne thaïlandais résonne. On prend la photo sur le terrain. On fait un cri de guerre. On va saluer les supporters et on se réunit. Tu n’as pas le temps de te refroidir ! À la fin de la rencontre, on va devant le banc de touche adverse. On fait le salut asiatique. Après ça, on va voir les supporters adverses, on les salue. On va voir nos supporters, et l’hymne du club retentit !

Sur le terrain, tout va bien puisque tu marques presque à tous les matchs…J’en suis à treize buts depuis début juillet. À part le dernier match où je suis sorti à l’heure de jeu à cause d’une petite douleur, j’ai toujours joué 90 minutes. Je vis à fond sur le terrain et en dehors, j’apprécie la culture locale, la gentillesse des gens. Ils sont vraiment accueillants.

Le président du club prend soin de moi. On va dîner ensemble au restaurant presque tous les soirs. Tu imagines ça en Europe ?

Raconte-nous cette nouvelle vie… Les gens sont humbles, sereins. les relations sont plus simples, plus saines. Ici, on va laisser les choses se faire, c’est naturel. Il y a une vraie qualité de vie, ce n’est pas pour rien que de nombreux retraités viennent vivre ici. Ça me rappelle ce que j’ai vécu aux États-Unis (à Chicago, ndlr). Le président du club prend soin de moi. On va dîner ensemble au restaurant presque tous les soirs. Tu imagines ça en Europe ? Avec le président, on parle beaucoup de foot : la gestion de groupe, la confiance… Son frère fait de la politique, lui c’est un businessman. Il connaît ma carrière, on échange.

Tu as eu le temps de visiter ?Oui, j’ai visité des temples. Je suis allé à Phuket, les plages sont paradisiaques. Je vais souvent à Bangkok. Le niveau de vie ? En Thaïlande, il y a des très riches et des très pauvres, plutôt mélangés dans les mêmes quartiers. Ce qui m’a marqué, ce sont les gratte-ciel avec je ne sais pas combien d’étages et des restaurants tout en haut. La nourriture est épicée, alors moi, je me régale ! Mon plat préféré : « Tom yum » , une soupe pimentée. C’est Welcome to Thaïlande !

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