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Riquelme laisse Boca orphelin
Boca Juniors a perdu le championnat de clôture et la Copa Libertadores, mais il a surtout perdu Juan Roman Riquelme. Son meneur de jeu, son capitaine, son idole. Le genre de mec à avoir déjà sa statue au musée du club avant même de le quitter. "El diez" a laissé entendre qu’il continuerait à jouer, mais ailleurs.
Boca Juniors a perdu la finale de la Copa Libertadores, mais c’est presque déjà oublié. Le grand événement de la soirée de mercredi soir pour les bosteros, ce n’est pas ce qu’il s’est passé sur le pré, où les hommes en jaune et bleu n’ont rien fait de bon, mais l’annonce de Riquelme à la sortie du vestiaire, dans le couloir du stade Pacaembu. Pendant que les Corinthians fêtent leur premier titre continental avec keurs supporters, Juan Roman Riquelme s’arrête devant les journalistes et lâche le morceau. « J’ai parlé avec les joueurs, avec le président. Je leur ai dit que je ne continuerai pas. J’aime ce club, je serai éternellement reconnaissant envers ses supporters. Mais je me sens vidé. Je ne peux plus rien leur donner » . Une déclaration que l’on sentait venir depuis le coup de sifflet final, quand le capitaine xeneize s’en est allé embrasser un à un ses coéquipiers puis tout son staff, avant d’ordonner à tout ce petit monde d’aller saluer les milliers de supporters argentins ayant fait le déplacement.
L’idole de la Bombonera
« Je joue au foot depuis 16 ans, je suis allé au maximum de mes capacités. Je ne peux pas jouer à 50% pour ce club » . Physiquement, Roman était au bout du rouleau. Ces dernières années, il luttait autant contre son corps que contre l’adversaire. Mais sur le terrain, il était l’idole. Plus encore cette saison, avec le brassard et sans Martin Palermo, avec qui il entretenait une relation compliquée. Comme avec ses dirigeants actuels, probablement une des raisons de son départ. Comme avec Maradona, pour qui il a refusé la sélection en 2009. Un joueur de ce calibre est forcément compliqué à gérer.
A Boca, Riquelme est un mythe vivant. L’année dernière, sa statue a été installée dans le musée du club, à la Bombonera. Un stade qui a scandé pour la première fois son nom un soir de novembre 1996, pour sa découverte de la Primera, à 18 ans. Roman n’est alors qu’un gamin mais déjà son sens du jeu et son touché de balle impressionnent. La Bombonera, sous le charme, l’ovationne. Ce soir-là, Boca a trouvé son numéro 10. Ce joueur différent qui va guider le club vers une nouvelle ère de succès. Sur le CV, c’est 5 championnats, 3 Libertadores, une Sudamericana et une coupe intercontinentale. Deux trophées de meilleur joueur du championnat, deux fois MVP des finales de Libertadores. Presque 300 matchs, plus de 60 buts. Quant aux passes décisives, sa spécialité, personne ne les a comptées.
Un titre et une finale
Véritable meneur de jeu comme il en existe plus chez nous, Riquelme est lent mais va plus vite que les autres. Ces derniers mois, il n’avançait carrément plus, mais restait l’homme le plus dangereux du Boca de Falcioni. De moins en moins buteur, de plus en plus lourd, il se contentait de distribuer. Mettre de l’ordre dans un jeu extrêmement brouillon, faire le lien entre la défense et l’attaque, poser le pied sur le ballon, faire la différence dans les 30 derniers mètres et sur coup de pied arrêté. Tout ça, c’était lui.
Quand il signe pour quatre nouvelles années à l’été 2010, après de longues et laborieuses négociations, il promet aux supporters un titre de champion et une finale continentale. Champion d’Argentine en décembre dernier, c’est donc sur cette finale logiquement perdue face aux Corinthians qu’il s’en va, après 12 saisons passées dans un club qu’il laisse orphelin, sans vedette, sans leader technique et charismatique. Compétiteur, Riquelme sait qu’il n’aurait pas fait mieux. Preuve à lui seul de la faiblesse du championnat argentin (il y rayonnait en marchant), son départ est aussi un coup dur pour ce dernier. Après Veron et Gabriel Milito, il est le troisième grand nom à le quitter cet été. A moins que…
Argentinos Juniors, le Qatar ou le Shanghai de Sergio Batista
« Je vais parler avec mon fils, qui a neuf ans. S’il veut continuer à me voir jouer, je continuerais un peu mais pas à Boca, parce que je ne peux pas jouer à 50% ici » . Cette petite phrase a fait réagir le marché, et en tout premier lieu l’Argentin, à Tigre, à Independiente et surtout à Argentinos Juniors, où il a été formé mais n’a jamais joué en Primera. « Economiquement parlant, on ne peut pas rivaliser avec l’extérieur. Mais j’ai entendu qu’il voulait rester au pays. L’objectif est de le convaincre. Le club est dans l’obligation de lui faire une proposition » , a immédiatement déclaré Daniel Guerra, vice-président du club qui a aussi vu éclore Maradona.
S’il continue ailleurs qu’en Argentine, le Moyen-Orient et la Chine pourraient aussi être des pistes sérieuses. Sergio Batista, nouvel entraineur du Shanghai Shenhua, le calerait bien derrière le duo Drogba-Anelka. Dans la presse locale, une rumeur faisait aussi état d’un intérêt venant du Qatar pour lui et son coéquipier et ami Clemente Rodriguez. Au Brésil et à Villarreal, le nom de Riquelme ferait aussi rêver, mais l’Argentin l’a dit, il n’a plus les jambes. S’il continue, c’est l’Argentine ou la préretraite dorée. Une chose est sûr, ce ne sera pas à Al Wasl.
Par Léo Ruiz