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Rennes du bal ?
D'habitude, le Stade Rennais démarre très fort et s'écroule ensuite. Cette année, les Bretons ont bouclé leur demi-championnat dans les clous. Pas trop loin des gros. Histoire d'en garder sous la pédale pour le dernier virage ?
Ce qui a bien fonctionné
Le Stade Rennais poursuit son apprentissage. Parfois brillantes (victoires à Marseille et à Lyon), parfois tristes (défaites à Nice et Ajaccio), les ouailles de Frédéric Antonetti ne sont pas encore assez régulières pour tutoyer les grands de ce monde. Du moins, pas systématiquement. Par moment, ils sont bandants, comme à Sochaux (6-2). Souvent, ils sont constants, solides, bagarreurs. Mais trop fréquemment, ils font des erreurs de bambins. M’Vila, Ekoko, Kana-Biyik, Théophile, Danzé, Doumbia, c’est solide, mais jeune. L’apprentissage se poursuit, mais demande du temps.
Au niveau des satisfactions, on peut mettre en avant le frisson Pitroïpa. 35 kilos en short, une dégaine de vendeur chez Décathlon Porte de Montreuil mais une accélération nucléaire, des dribbles de dingues et une ingéniosité permanente. L’Africain est une merveille. Un vrai gros coup. Avec lui, le Stade Rennais s’est payé un top player. Un peu plus loin, le gardien Benoît Costil prouve qu’il a le niveau pour garder les bois d’un club huppé. L’ancien Sedanais a parfaitement géré la succession de Nicolas Douchez. Julien Féret, lui, en dépit de son statut de deuxième meilleur buteur du club (5 caramels), donne l’impression d’être branché sur courant alternatif. Délicieux par à-coups, le milieu de terrain connaît des trous d’air trop répétitifs. C’est dommage. Malgré tout, son bilan est plus qu’encourageant.
Ce qui manque
Un attaquant. C’est criant. Alors que le public rennais s’était habitué aux Marco Grassi, Stéphane Guivarc’h, Shabani Nonda ou encore John Utaka, le poste d’avant-centre est devenu une vraie plaie dans le département. Victor Montano est volontaire, travailleur, physique, mais il ne marque pas (4 buts) et les solutions sur le banc sont légères (Qasmi, Sané ou Hadji). L’équipe joue bien, mais peine à claquer des pions. Dans cette optique, les dirigeants rennais devraient rapidement revenir à la charge sur le dossier Mevlüt Erding. Quasiment bouclé en août, l’attaquant parisien était finalement resté dans la capitale pour jouer les doublures lumières. A priori, la deuxième tentative devrait être la bonne (au moins en prêt).
Autre point noir breton du premier semestre, l’Europe. Certes, Rennes s’est coltiné un groupe difficile (Udinese, Atletico Madrid, Celtic), mais le Vieux Continent et le Stade Rennais, c’est l’histoire d’un rendez-vous manqué (aucune victoire en phase de groupe). Une constance qui dérange. Pourquoi se qualifier régulièrement pour la Ligue Europa si le club se laisse (trop) facilement déborder par celle-ci ? Enfin, Rennes doit faire beaucoup mieux à domicile. Treizième bilan à mi-parcours (3 victoires, 5 nuls), les Bretons n’arrivent pas à faire de leur antre un stand de tir et à court terme, ça peut se retourner contre eux.
Le breizh dépressif
Il y a dix piges, Stéphane Dalmat avait tout pour lui : une réputation, un potentiel, des opportunités, de l’argent et un avenir. Aujourd’hui, l’ancien Sochalien n’a plus rien. Il est à deux crampons de se foutre en l’air sportivement. Antonetti le sait et le crie haut et fort dans la presse régionale. « Il reste à Rennes pour raisons personnelle. Il faut se poser la question d’un départ. On se la pose, lui aussi. Est-ce que cela serait bien pour lui de partir sur un autre challenge ? On n’a pas été en réussite ensemble. C’est un très bon joueur, il le montre parfois. On peut toujours parler de ci ou de ça mais pour moi, sa rencontre, d’un point de vue personnel, a été très intéressante. Elle n’a pas eu le succès escompté. Il a une partie de responsabilité mais pas tout. Vous savez, si je vous invite à la maison mais que je ne vous propose pas de vous asseoir… C’est exactement ce qui s’est passé avec lui. Les gens, il faut bien les accueillir. Cela n’a pas été son cas et c’est le moins qu’on puisse dire » . Un raté à 100 000 euros par mois quand même. Ca fait cher le match (4 pour le moment, tous commencés sur le banc).
Le mort-vivant
Onyekachi Apam a rejoué au football. Si, si, on vous l’assure. Dix-huit mois après son arrivée en Bretagne en provenance de Nice, le défenseur central a retrouvé les pelouses. Arrivé blessé, l’ancien Niçois a mis un an et demi pour guérir son corps et retrouver un niveau décent. C’est un vrai miraculé. En son absence, Mangane et Kana-Biyik se sont fait des mamours, mais la concurrence ne fera pas de mal. Un miraculé n’a peur de rien.
L’avenir
Objectivement, la cinquième place serait l’assurance d’une saison réussie. Pour le moment, Rennes est un peu en retard (septième, à un point de la cinquième place) mais peut voir venir. Les raisons ? Un collectif solide et Jirès Kembo-Ekoko, le vrai monsieur plus du club. Meilleur buteur (7 buts), et surtout à l’aise à tous les postes offensifs, le jeune Rennais a pris de l’épaisseur cette saison. Avec un Kembo percutant, les Rennais peuvent accrocher le Top 5. Facile. Avant cela, il faudra gérer le mercato (Mandjeck boude depuis qu’il s’est fait humilier en public par Antonetti et veut aller voir ailleurs) et la fin de saison. Car oui, Rennes est un spécialiste des fins de championnat en roue libre. Là où les autres sortent le gros braquet, Rennes l’a souvent joué comme Fonzy. Et il est comment Fonzy ? Il est coooooool. Pour une fois, Antonetti et sa bande feraient bien de changer de disque. L’équipe a largement de quoi terminer le périple dans les cinq premiers.
Par Mathieu Faure