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Ravel Morrison, maintenant ou jamais
Il est encore jeune, mais pour lui, le temps presse déjà. Considéré meilleur que Pogba ou que Januzaj dans les catégories de jeunes, Ravel Morrison n'a toujours pas réussi à confirmer au plus haut niveau. La faute à une vie extra-sportive plutôt agitée. À la Lazio de le remettre sur les bons rails.
En feuilletant, page par page, le livre de sa longue et fructueuse carrière, Sir Alex Ferguson peut savourer les kilos de trophées acquis à la tête de Manchester United. Mais toute carrière, aussi réussie soit-elle, draine toujours son petit lot de regrets. Pour Ferguson, cela peut être un transfert manqué d’un cheveu, comme ceux d’Alan Shearer, ou même de Ronaldinho, mais aussi un jeune ultra-prometteur que l’on n’a pas réussi, pour des raisons aussi diverses que variées, à amener sur le toit du monde. Dans cette seconde catégorie, certains, comme Diego Forlán, Gerard Piqué, ou dernièrement Paul Pogba, auront réussi à éclore sous d’autres cieux, à s’épanouir en d’autres terres. L’exil pour briller. Une solution qu’avait envisagé, quasi à contrecœur, le manager écossais pour l’une de ses plus belles pépites : le bien-nommé Ravel Morrison.
Ben Arfa 2.0
Un exil forcé dont Sam Allardyce se rappelle très bien, puisque c’est lui qui accueille le jeune homme à West Ham, en janvier 2012 : « Il a laissé partir Ravel pour son bien. Il m’a dit :« Prends-le et essaie de tirer le maximum de lui parce que tu aura alors un joueur exceptionnel. » » Enthousiaste, Ferguson ne voit pas son poulain éclore à Manchester, où les fréquentations du jeune homme posent problème, à en croire Allardyce, dans les colonnes du Telegraph : « Il m’a dit : « C’est un footballeur brillant. Des qualités incroyables, de classe mondiale. Il a besoin de s’éloigner de Manchester et de commencer une nouvelle vie. » » Il faut dire qu’à l’époque, peu de garçons ont autant impressionné les formateurs dans la pépinière des Red Devils. À titre de comparaison, Paul Pogba, son compagnon de promo, est alors vu comme un milieu complet destiné à faire une belle carrière, mais celui dont le destin est de côtoyer les étoiles est bien Morrison. Une sorte de remake du duo Benzema-Ben Arfa à la sauce mancunienne.
Sept dents en moins
Ainsi, même les joueurs de l’équipe première ne tarissent pas d’éloges sur le prodige. « Je paierai pour le voir s’entraîner. Dès le premier jour où nous l’avons vu, Ferguson m’a dit : « Regarde bien ce garçon » » , se rappelle de son côté Rio Ferdinand au micro de BT Sport. « Il ridiculisait tout le monde sur le terrain alors qu’il n’avait que 14 ans. Le manager disait que c’était le meilleur joueur de cet âge qu’il ait jamais vu. » Seulement voilà, comme pour beaucoup d’autres jeunes prodiges, la marche vers le professionnalisme est peut-être la plus difficile à franchir. En dehors des terrains, Morrison accumule les casseroles. Après une sombre affaire de subornation de témoin en 2011, Ravel se distingue en publiant une menace à caractère homophobe sur Twitter l’année suivante avant d’être accusé, en 2014, d’agression sur une ex-petite amie, pour être finalement blanchi en janvier 2015. À cela, il faut ajouter une hygiène de vie peu conforme avec la profession, et un épisode peu glorieux ou le jeune homme, en stage de pré-saison avec les Hammers, doit se faire retirer sept dents, tellement l’infection dont il souffre est douloureuse.
Voir Rome et revivre
En club, Morrison enchaîne les prêts, et hormis un passage concluant à QPR en 2013-2014, où il marque six buts en quinze rencontres, ne parvient jamais à s’imposer sur la durée dans une équipe type. Mais voilà, il ne faut pas oublier que le garçon n’a que 22 ans, et qu’un tel talent ne court pas les rues. En janvier dernier, c’est donc la Lazio qui flaire le bon coup, en lui faisant signer un pré-contrat, valable à partir de cet été. Et si dernièrement, des rumeurs ont fait état d’une difficulté d’adaptation à l’Italie, et de la volonté de Morrison de trouver une porte de sortie en Angleterre, celui-ci a rapidement démenti l’information sur les réseaux sociaux. Pour le club italien, il s’agit ni plus ni moins d’un gros pari, aussi risqué soit-il. Mais la dernière fois que la Lazio avait misé sur un milieu anglais complètement barré avec de l’or dans les pieds, il s’appelait Paul Gascoigne. Et avait conquis la Curva Nord, au grand regret de Ferguson. Souhaitons à Morrison de donner les mêmes maux de tête à son ancien mentor.
Par Paul Piquard