- Ligue 2
- FC Nantes
Raspentino : « Le président ne veut pas faire d’efforts »
On parle d’un joueur formé à l’AS Gignac qui jouait encore à Agde (CFA) il y a six mois et qui est aujourd’hui courtisé par l’Udinese après être devenu le meilleur joueur du FC Nantes. On parle d’un type qui a des choses à dire sur la négociation de sa prolongation de contrat avec Waldemar Kita. On parle de Florian Raspentino, qui jouera peut-être un jour pour l’Algérie.
Comment tu t’es retrouvé à Nantes alors que tu jouais à Agde ?
C’est Sébastien Perez, l’ancien joueur de l’OM, qui m’a repéré à Agde en juin dernier et qui m’a présenté à un agent avec lequel il travaillait. J’ai fait un essai à Nantes qui s’est bien passé. C’était un rêve depuis tout petit d’être professionnel. L’intégration s’est bien passée. J’ai marqué dès mon premier match amical, contre Evian, puis lors du premier tour de Coupe de la Ligue. Après je n’ai plus été aligné pendant un moment, je me posait des questions, mais le coach (Landry Chauvin, ndlr) m’a remis contre Guingamp où j’ai encore marqué et depuis je joue quasiment tous les matchs et j’ai mis sept buts toutes compétitions confondues.
Le FC Nantes représentait quelque chose pour toi ?
J’en avais beaucoup entendu parler parce que c’était un grand club. C’est toujours un grand club mais quand il était en Ligue 1, on appelait ça le jeu à la Nantaise, donc j’avais une bonne image de ce club. Après moi je suis supporter de Marseille donc quand j’étais jeune, je suivais plutôt l’OM.
T’as un parcours atypique, tu n’es pas passé par un centre de formation, tu pensais encore arriver à ce niveau-là ?
Quand on ne passe pas par un centre, les gens ont tendance à dire que c’est mort vers 19-20 ans. Moi ça m’a jamais perturbé, j’ai toujours tout donné et surtout je savais qu’en CFA ça allait vite, qu’en marquant une quinzaine de buts on peut se faire repérer par un club de National ou de Ligue 2. C’est ce qui s’est passé pour moi en marquant 17 buts. C’est vrai que passer du monde amateur au monde professionnel, ça fait vraiment une grande différence et on ne peut qu’être heureux.
Qu’est-ce que ça fait d’avoir marqué plus de buts que Sylvain Wiltord ?
(rires) J’avais pas trop pensé à ça, ça fait quand même plaisir. C’est quelqu’un de très bien, il nous donne beaucoup de conseils, à nous les jeunes. Il nous parle beaucoup à l’échauffement, sur le terrain, et ça nous aide beaucoup. C’est un grand joueur.
Tu es payé au salaire minimum de la Ligue 2, 2500 euros.
Non, ce n’est pas mon salaire, je gagne plus de 2500 euros. Le journaliste qui a dit ça, on a discuté ensemble, je lui ai dit que déjà ça ne se faisait pas de dire mon salaire à la télé, et qu’en plus ce n’était pas mon salaire. Ça m’avait un peu énervé.
Tu es convoité par l’Udinese, Caen et Rennes, tu n’avais qu’un an de contrat avec Nantes et pour l’instant tu n’as pas prolongé. Tu en es où ?
J’ai envie de rester à Nantes parce que j’ai encore beaucoup de choses à apprendre, ça ne fait que six mois que je suis dans le monde professionnel. Les gens vont croire que j’ai pris la grosse tête ou que je suis gourmand parce que je n’ai pas encore prolongé mon contrat. Je ne suis pas du tout gourmand. Le problème, c’est que le président ne veut pas trop faire d’efforts avec moi. Sur le salaire, sur une prime à la signature qu’il ne veut pas m’accorder, et sur la clause. Moi je ne suis pas d’accord. Comme je disais au coach, je n’ai pas envie de signer à contrecœur. J’ai envie d’être heureux en signant mais ce n’est pas facile avec le président. Et c’est sur qu’un club comme l’Udinese qui s’intéresse, ça fait toujours plaisir, mais j’attends. Après je peux toujours prolonger en février, ou plus tard, mais sincèrement j’aimerais prolonger au plus vite pour que ça ne me travaille pas dans la tête.
Tu peux signer dès maintenant dans un autre club et partir à la fin de l’année.
Oui, je peux signer un précontrat maintenant et partir à la fin de l’année. Je peux même partir en janvier. Mais sincèrement j’ai envie de prolonger à Nantes. Ce n’est pas pour m’envoyer des fleurs mais je pense que j’ai fait un bon début de saison. Je ne comprends pas pourquoi le président ne veut pas faire d’efforts, mais c’est son choix.
C’est quoi la différence entre ce que tu veux et ce qu’il te propose ?
Il n’y a pas 10 000 euros, il n’y a qu’une petite différence, mais c’est pour ça que je ne comprends pas pourquoi il ne veut pas faire l’effort. Apparemment il est fixé sur sa proposition. J’en ai parlé avec le coach qui, bien sur, voudrait que je prolonge…
Waldemar Kita a un peu la réputation de s’embrouiller avec tout le monde.
Moi je ne le connais pas trop, seulement depuis six mois. Je sais qu’on parle de lui depuis des années, les supporters ne sont pas trop contents de lui. Quand on joue, on les entend crier, ils veulent qu’il parte. Mais après je ne sais pas du tout…
Dans tous les cas, ça peut être un choix de carrière intéressant de partir à l’Udinese, qui est en ce moment un gros club italien.
Comme vous dites. Si le troisième de Serie A veut me prendre et compte sur moi, en gagnant deux ou trois fois plus qu’à Nantes, je pense qu’il n’y a pas grand monde qui refuserait ça. Je suis jeune mais j’ai bientôt 23 ans, ça passe vite, c’est pas comme si j’avais 17 ou 18 ans. Une proposition comme ça, ce n’est pas tout le temps. On réfléchit avec mon agent.
Tu as été contacté par la sélection algérienne, ça t’intéresse ?
J’ai juste eu un journaliste au téléphone, parce que mon père est algérien et ma mère française. Maintenant, si le coach de l’équipe nationale m’appelle, je ne peux pas refuser. J’ai beaucoup plus de chances de jouer en équipe d’Algérie qu’en équipe de France donc c’est une bonne opportunité. Surtout que c’est une équipe qui joue la coupe du monde, la CAN.
Tu as beaucoup de liens avec l’Algérie ? Tu y vas souvent ?
Non, je n’y suis jamais allé. Mais je vois souvent ma grand-mère paternelle, dans le sud, qui y est déjà allée, mon frère y est déjà allé aussi. Moi jamais mais si je joue avec la sélection, ce n’est pas pour vivre en Algérie, c’est pour faire des matchs. Et puis c’est aussi pour mon père et ma grand-mère, qui sont algériens. Après on ne sait pas ce qui peut arriver. Quand on voit l’exemple de Giroud, qui était en Ligue 2 il y a deux ans, ça peut aller très vite. Mais ce n’est pas tout le monde.
Propos recueillis par Thomas Pitrel