- France
- Coupe de la Ligue
- 8e de finale
- PSG/Marseille
Pourquoi on ne peut pas s’empêcher d’aimer Bodmer ?
À bientôt 30 ans, Mathieu Bodmer reste une énigme. Vrai bon joueur ou espoir déchu ? Ni l'un ni l'autre. Le natif d'Évreux est surtout une perle rare. Un mec fait pour une seule chose : séduire les romantiques. Pas les spécialistes. Alors oui, il y aura beaucoup de regrets à la fin de sa carrière. En attendant, Bodmer joue dans le club qu'il aime. Et c'est bien là l'essentiel.
« La force de Bodmer est de pouvoir jouer à tous les postes du milieu de terrain. Je pense que c’est un joueur fantastique car il a beaucoup de qualités techniques et il est très professionnel. Bodmer peut être Pirlo ou Seedorf. Pour une équipe, avoir un joueur comme lui, c’est bien. » En février dernier, le mois de l’amour, Carlo Ancelotti ne se retient pas quand il s’agit d’envoyer des mots doux à son joueur. À l’époque, on pense que l’arrivée de l’entraîneur italien va fixer Bodmer dans le onze parisien et donner un nouvel élan à sa carrière. En secret, d’aucuns rêvent de voir le numéro 12 francilien à l’Euro avec les Bleus. Huit mois plus tard, Bodmer n’a bien entendu pas été à l’Euro et il s’est fait voler sa place de titulaire par Marco Verratti, un peu, et surtout par une sale habitude qui consiste à se blesser au mauvais moment. Peu importe, le crédit dont jouit le milieu de terrain ne s’est pas épuisé pour autant. Pourquoi ? Parce que le mec pue le talent. Il est nonchalant et ne court pas ? Et alors. Il aime un peu trop la mortadelle et le saucisson puisque sa balance affiche 90 kilos pour 1m90. Ça gêne qui ?
Après tout, Mathieu Bodmer est un vrai joueur de ballon. Un caresseur. Un visionnaire qui souffre du même mal que Juan-Roman Riquelme en son temps. Des types foncièrement trop forts pour être de simples footballeurs. Le divin leur a donné un don. Mais histoire de ne pas trop leur en donner, il a préféré placer des obstacles sur leur chemin. Pour Bodmer, les emmerdes commenceront à Lyon où Claude Puel a voulu en faire un défenseur central. Sacrilège. Le lascar est fait pour jouer face au jeu. Pas à l’arrière, dans une vulgaire charnière avec l’ilotier Cris. Mathieu est un numéro dix à l’ancienne. Comme dans les cours de récré. « C’est le poste que j’avais à Lille pendant quelques saisons et où j’ai pris beaucoup de plaisir. Je ne vais pas cacher que je suis très heureux d’évoluer un peu plus haut et d’avoir la chance de marquer des buts. Je pense que ce poste me convient mieux. C’est plus facile de courir vers l’avant pour finir une action que derrière un joueur adverse » , opinait-il peu de temps après l’arrivée du Mister à Paname.
Pastore, le faux clone
Il faut dire que la Bod’ a une qualité de passe exceptionnelle. Une vista. Des éclairs de génie. Un truc quoi. Suffit de se repasser ses deux passes décisives pour Guillaume Hoarau contre Lyon et Bordeaux l’an dernier (une merveille de talonnade et un centre léché en une touche de balle) pour comprendre le génie du type. Un mec capable de faire briller Hoarau a quelque chose en plus. Mais voilà, à Paris, Bodmer est tombé sur un os : Javier Pastore. La première recrue phare de QSI. Comme le Français, l’Argentin est un poil lent, légèrement nonchalant et un sacré bon joueur de football. Surtout, Pastore jouit d’une plus grande exposition médiatique que Bodmer. En gros, il joue plus. Et les matchs qui comptent. La preuve, Bodmer devrait être aligné ce soir pour le Clásico A’, celui de la Coupe de la Ligue. Au fond de nos cœurs d’artichaut, on rêve tous secrètement d’un match de gala du milieu de terrain. On sait qu’il enverra quelques diagonales bien senties, des déviations esthétiques, des passes de génie. Parce que le mec pense plus vite que la moyenne sur un terrain de football.
Intrinsèquement, le type est sans doute le joueur le plus doué de l’effectif parisien avec Ibrahimović. Jusqu’à la fin de sa carrière (à Paris où ailleurs), on avancera toujours l’hypothèse Bodmer quand il s’agira de coucher une liste de l’équipe de France ou autre. Jusqu’au bout, le bientôt trentenaire (le 22 novembre) séduira les amoureux de ce sport. Mais on le sait pertinemment, il risque de partir sans avoir décrocher le Graal. Avec des regrets. Marseille connaît la formule, Lucho était dans le même registre. Avant d’en arriver là, la Bod’ a encore le temps et le talent pour inverser la tendance. À commencer par ce Clásico de seconde zone. Après tout, Thiago Motta est aux fraises, Momo Sissoko empêtré dans ses remboursements de frais médicaux, et Verratti n’a que 19 piges. Mathieu a encore toute ses chances. Il n’y a pas d’âge pour tomber amoureux. Et encore moins pour être aimé. De tous.
Par Mathieu Faure