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Porto ne fait plus peur
En une semaine, le FC Porto a peut-être dit adieu au championnat et à l'Europa League. Si rien n'est encore perdu en C3, les hommes de Paulo Fonseca devront sortir un gros match à Francfort pour espérer rebondir. Pas évident lorsqu'on est au fond du trou...
« À Porto, personne ne prend la fuite. Seuls les rats fuient. » La punchline est signée Pinto da Costa après le revers de trop à domicile contre la force montante de la Liga Sagres, Estoril (0-1). Si le président du FC Porto s’est énervé à ce point, c’est plus à cause de la police que de la défaite en elle-même. Les forces de l’ordre ont fortement déconseillé au chauffeur du car des Dragons d’emprunter le chemin habituel au sortir du stade, car cela signifiait qu’il fallait passer juste devant les supporters maison. Et le weekend dernier, les ultras étaient remontés, très remontés à cause du pitoyable spectacle auquel ils venaient d’assister. Donc très peu fréquentables. Pendant que tout le monde jetait la pierre sur Paulo Fonseca, l’entraîneur, Pinto da Costa refusait d’accuser une seule personne et préférait envoyer son équipe sur l’échafaud. Ou plutôt aurait préféré. Car la police n’a pas exaucé le vœu du boss. À moins que ce ne soit qu’un énième coup de communication de sa part ? Rien n’est moins sûr. Tous les coups sont permis en temps de crise.
Fonseca, l’homme de tous les records
Car à Porto, on peut désormais parler de crise. Paulo Fonseca essuie d’innombrables critiques depuis sa campagne désastreuse en Ligue des champions et semble ne plus tenir le coup. Le technicien portugais a remis sa lettre de démission à Pinto da Costa le soir même de la défaite face à Estoril. La presse portugaise s’emballe alors et s’embarque dans des listes de successeurs possibles. Ambiance Football Manager. La requête de l’ancien de Paços n’est pas retenue par son président qui réussit à convaincre son protégé de rester après une longue nuit de pourparlers. Dans la foulée, on apprend que Fonseca avait déjà posé sa démission pendant la phase de poules de la Ligue des champions. Alors à quoi bon garder un homme qui n’a plus foi en rien, sur le banc d’une équipe qui a besoin d’un électrochoc ? Pinto da Costa y croit-il vraiment ou a-t-il peur d’assumer son erreur de casting ? Car les statistiques vont dans ce sens. Héros de 2012-2013 avec Paços de Ferreira, l’actuel coach de Porto empile avec brio les records… négatifs. En perdant au Dragao contre Estoril, le FCP a concédé sa première défaite à domicile depuis cinq ans en championnat. En Ligue des champions, cela faisait quatre ans que les Dragons ne s’inclinaient plus chez eux. Pire, Paulo Fonseca n’a toujours pas gagné le moindre match de Coupe d’Europe à domicile et a perdu autant de fois en championnat avec Porto que l’année dernière avec Paços de Ferreira. Résultat des comptes, Porto est troisième de la Liga Sagres à sept points de Benfica et a un pied hors de l’Europe. Le tout en jouant parfois très mal à cause d’erreurs de coaching ou d’un manque de motivation général des joueurs (ou les deux). Bref, le bilan est catastrophique et voir Fonseca triompher dans la cidade invictaaprès de tels cataclysmes relèverait du miracle.
Mais taper seulement sur l’entraîneur est trop facile. En ce sens, Pinto da Costa a eu raison de sermonner tout le vestiaire en début de semaine. Car l’attitude et le rendement de certains joueurs ne sont pas en adéquation avec les objectifs du FC Porto. À commencer par Fernando. Le néo-Portugais a beau avoir prolongé jusqu’en 2018, il donne l’impression d’avoir déjà la tête à Manchester (City), où il devrait évoluer l’année prochaine. Le poulpe est loin du monstre qui avait tenu la baraque face au Zénith alors que Porto jouait à 10 contre 11. Mais il y a pire. Il y a Jackson Martínez. Certes, le Colombien occupe la première place du classement des buteurs de Liga Sagres. Mais son manque d’activité et sa maladresse croissante dans la zone de vérité posent de gros problèmes à Paulo Fonseca, qui devrait songer au 4-4-2 (ou au 3-5-2) pour pallier le manque d’appels de balle dans l’axe de l’attaque portista, ainsi qu’à densifier le milieu de terrain. Sur le banc, Nabil Ghilas a le profil parfait pour épauler un Jackson moins mobile, plus renard.
Mettre le 4-3-3 entre parenthèses
Au milieu, l’installation définitive de Steven Defour pourrait permettre aux Dragons de récupérer le ballon plus haut et donc de s’installer durablement dans le camp adverse. Une chose est sûre, trois milieux de terrain ne suffisent plus à Porto. Il en faut au moins un de plus pour réaliser le travail de James et João Moutinho, tous deux partis à Monaco l’été dernier. Si les Dragons assument enfin qu’ils sont moins forts que l’année dernière, ils feront sans doute un grand pas en avant. Mais un problème subsiste. Passer au 4-4-2 n’est pas chose aisée à Porto, où le 4-3-3 est une religion (l’équipe joue dans ce dispositif depuis près de 20 ans) et l’entraîneur actuel n’a en aucun cas la légitimité nécessaire pour remettre en cause un tel système. Mais paradoxalement, si Fonseca doit tenter un coup de poker, c’est bien maintenant. Il n’a plus rien à perdre, si ce n’est un poste qu’il n’a plus forcément envie de garder…
Par William Pereira