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Paris signe son cheikh
Voilà, c'est officiel. Le Paris-SG est passé sous la tutelle de QIA (Qatar Investissement Authority) et change de dimension. Depuis ce matin, tout le monde se prend à rêver d'un nouveau Manchester City façon Paname.
La nouvelle est tombée en début de matinée. Dans un communiqué aussi officiel que laconique, le PSG affirmait que « Colony Capital et une société d’investissement du Qatar annoncent, ce jour, avoir finalisé un projet d’accord aux termes duquel ce nouvel associé deviendrait l’actionnaire du Paris-Saint Germain à hauteur de 70%, Colony Capital conservant 30% du Club » . Et voilà comment en trois lignes, le PSG passe sous pavillon qatari pour une valeur estimée entre 30 et 40 millions d’euros. C’était un secret de polichinelle. C’est devenu réalité. Bon, mais ça change quoi finalement ? Rien et tout à la fois.
Rien, parce que l’organigramme actuel ne bouge pas d’un poil. Robin Leproux reste Président. Antoine Kombouaré demeure l’entraîneur et le plan de sécurité mis en place il y a bientôt un an ne bouge pas non plus. Même Colony Capital reste dans les parages (pour mieux s’approprier le bien immobilier que représente le Parc des Princes ?).
Autant le dire d’entrée, que le nouvel actionnaire majoritaire du Paris-SG est blindé. En effet, QIA est déjà foutrement bien implanté en France. Sur un plateau de Monopoly, il peut se vanter de posséder des hôtels de luxe (Majestic, Royal Monceau) et apparaît également dans le capital de plusieurs grosses sociétés (Lagardère, Suez Environnement, Cegelec). Un miracle n’arrivant jamais seul, le cheikh Hamad bin Khalifa Al-Thani, émir du Qatar et propriétaire de QIA, est un proche de Nicolas Sarkozy, lui-même supporter du PSG. Bref, ça change tout en fait. Surtout financièrement. Là où Colony Capital galérait pour sortir trois francs six sous pour recruter, la rumeur parle déjà d’une enveloppe de 50 millions débloquée par QIA pour cet été. On parle en net et hors ventes de joueurs. A ce tarif-là, les Diarra, Payet, Ruffier et autre Martin deviennent accessibles. Même tous en même temps.
Et demain ?
Surtout, il ne s’agit pas d’un coup de folie d’un riche fond d’investissement sans aucune logique sportive derrière. Dans les colonnes du Monde.fr, Wladimir Andreff, professeur d’économie à la Sorbonne et spécialisé dans l’économie du sport, explique que « ce rachat s’inscrit dans la politique nationale du Qatar puisque QIA, le fonds d’investissement du prince héritier, est un fonds souverain. Cette décision découle d’une stratégie sportive importante du Qatar, qui compte devenir un Etat sportif. Il y a déjà eu l’obtention de la Coupe du monde 2022 de football et d’autres événements sportifs internationaux » . D’autant que la ville de Paris jouit d’un attrait indéniable et que le PSG est une marque facilement valorisable sous peine de bons résultats sportifs.
Pour autant, ce rachat ne fait pas que des heureux. Notamment chez les supporters. « C’est le début de la fin, avance Jean-Paul, un ancien abonné du Virage Auteuil. La prochaine étape c’est quoi ? Le naming ? Le déménagement définitif au Stade de France ? Les tournées en Asie ? Avant, on avait des problèmes de pauvres. On va basculer de l’autre côté avec des mercenaires payés une fortune et des places hors de prix » . Une vision pas forcément partagée par tous les amoureux du club.
Pour Florian Gazan, animateur de la matinale sur Virgin Radio et auteur de différents ouvrages sur le club, « il ne faut pas fantasmer sur cette arrivée en prenant l’exemple de Manchester City. D’une parce qu’il ne s’agit pas du même émirats. De deux, car tout club est différent. Là, on sent que c’est une démarche réfléchie. Je pense qu’ils mettront les moyens de leurs ambitions sans pour autant tout bouleverser. Colony Capital était arrivé en fin de cycle. Les Qataris arrivent au bon moment. Comme l’organigramme actuel semble rester en place, on sent une envie de s’appuyer sur les hommes en place. L’objectif est de valoriser sportivement le club sur le moyen terme. pour ce faire, il faut investir dans le capital joueur, ce que ne pouvait pas faire Colony par exemple. Mais on est dans le chaud. Il faut voir l’évolution dans les prochains mois, surtout que QIA ne s’est pas encore officiellement exprimé sur le sujet » . D’ailleurs, on se demande déjà qui représentera officiellement QIA en France dans sa mission parisienne. Après tout, un mec comme Claude Makelele est sur le marché. Quoi qu’il en soit, le rachat du PSG dégage un frémissement positif dans les milieux autorisés. De toute façon, dès qu’il y a du pognon. Tout le monde est content. C’est simple le monde en fait.
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