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Paris, le bordel permanent

Par Mathieu Faure
4 minutes
Paris, le bordel permanent

En un mois, le PSG a perdu Carlo Ancelotti et Leonardo. Deux hommes forts du fameux « projet » parisien depuis l'arrivée de QSI. Alors que le club n'a toujours pas enclenché son mercato, la démission de directeur sportif - qui reste en poste jusqu'à la fin du marché des transferts - plonge de nouveau le club dans ce qu'il maîtrise le mieux : le n'importe quoi. Il est là, le véritable ADN du club.

Paris, le bordel permanent

« Le Paris Saint-Germain a pris connaissance aujourd’hui de la décision de Leonardo de quitter ses fonctions de directeur sportif du club à la fin de la période des transferts. La direction du club regrette cette décision, mais la respecte. Elle lui exprime ses remerciements pour le remarquable travail accompli pour construire à Paris un club européen de premier plan. Elle lui souhaite de poursuivre avec succès sa brillante carrière. » En deux phrases, le club a validé la rumeur. Leonardo quitte Paris deux ans après son arrivée. Il se dit que l’homme n’en pouvait plus de la manière dont il était traité par la presse et les instances du football français. Pauvre chou. Bref, pour tenter de garder la tête haute, le club compte sur celui qui a décidé de s’en aller pour convaincre des joueurs de venir à un endroit qu’il quitte volontairement. Ouais, c’est tordu. « Dis, tu ne veux pas venir jouer à Paris. C’est génial. » – « Pourquoi tu te casses, alors ? »

Deux semaines après la folie sur la succession de Carlo Ancelotti, le PSG s’offre une nouvelle crise médiatique. Au cœur de l’été. C’est tôt. Très tôt. Trop tôt. Pour un club qui voulait véhiculer une image de stabilité et de force, c’est raté. Pour le moment (en une semaine, il peut se passer tellement de choses au PSG), le club ressemble à un colloque d’amateurs. De la communication à la gestion des hommes en passant par l’image dégagée, c’est le bordel. Et si, finalement, c’était ça le vrai PSG. Le club qui n’est pas capable de savourer quoi que ce soit. Le titre de champion validé ? Ancelotti annonce qu’il veut se barrer. Une victoire en Coupe de la Ligue au cœur d’une année pourrie. Une banderole vient tout gâcher. Une première place à la trêve. On vire le coach. Des saloperies comme ça, le club en compte des dizaines. Des vingtaines. Des trentaines. Du fax oublié au Camp des Loges concernant la suspension de Laurent Fournier contre Bucarest à la lettre de suicide professionnel de Charles Villeneuve en passant par le licenciement de Vikash Dhorasoo et le faux transfert de Hakan Yakin, le PSG ne sait vivre que dans l’autisme. C’est dans son ADN. Le bordel coule dans ses veines.

Tout est possible…

Comme souvent, personne ne s’attend à rien quand la bombe explose. Quelque part, cette faculté à se saborder fait du club un formidable VRP pour les sadomasochistes mais, surtout, une souffrance permanente pour ses nombreux amoureux. Même avec tout l’argent du monde et sans doute le plus bel effectif jamais bâti en France, le club de la capitale arrive à déféquer dans sa propre assiette avant même le plat de résistance. C’est de l’art. En Europe, personne n’est capable de maîtriser cette folie à ce point. Alors oui, on aime ou on déteste le PSG, mais il permet à chacun de se sentir vivant. À ses amoureux, il envoie un message simple : ne soyez jamais tranquilles, on rôde. À ses détracteurs, c’est encore mieux. Grâce à lui, il minimise l’attentisme et/ou les critiques que l’on peut émettre sur les clubs concurrents. On aime détester le PSG parce que c’est n’importe quoi. Toujours. Partout.

Dans son histoire, il y a toujours eu un grain de sable – plus ou moins gros – dans la machine. Avant, les supporters se foutaient sur la gueule entre eux. Avant, le club achetait un joueur russe méconnu, coupable de l’avoir éliminé en Ligue des champions. Avant, le PSG confinait Ronaldinho sur le banc. Finalement, avant, c’est encore et toujours maintenant. C’est surtout maintenant. On peut d’ores et déjà s’interroger sur la suite. Cavani ? Thiago Silva ? Laurent Blanc ? Arsène Wenger ? Tout est possible. Tout. Absolument tout. Pour un club qui a fait de la phrase « rêvons plus grand » sa nouvelle devise, de l’extérieur, ça donne l’impression d’être à deux doigts de l’implosion. Pas vraiment rassurant ni convainquant. Le Qatar a beau avoir ramené Thiago Silva, Zlatan Ibrahimović, David Beckham et un titre de champion de France, il n’a pas réussi à endiguer la véritable âme du club. À Paris, et encore plus qu’ailleurs, le véritable patron, c’est le chaos. Chaos technique. Point.

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