On était avec les ultras du KB United

« Ultras ! Quel est votre métier ? Aouh, Aouh, Aouh ! Ultras ! Quel est votre métier ? U-NI-TED. » Samedi 9 novembre, des supporters du Kremlin-Bicêtre United (KBU), qui accueille le Paris-Métropole dans le cadre du championnat de France… de futsal, donnent de la voix pour encourager leurs joueurs. Surréaliste dans le championnat, cette scène est désormais banale dans le gymnase Pierre-Ducasse de la ville du Kremlin-Bicêtre où se déroulent tous les matchs à domicile du KBU. Derrière une bâche « ultras » se regroupent plusieurs jeunes dont la moyenne d’âge oscille entre 20 et 25 ans. Pas très loquaces quant à leur appartenance à un groupe, les supporters, auxquels se greffent quelques gars du quartier, sont issus du feu virage Auteuil. Mais ici, c’est Kremlin, pas question d’évoquer le Paris Saint-Germain.

La rencontre contre le Paris-Métropole ( « Pas le vrai rival, mais un gros match » ) n’a attiré qu’une trentaine d’entre eux (effet PSG-Nice disputé au même instant ?). Un nombre limité, mais qui ne les a pas empêchés de mettre une grosse ambiance ! Entrés dans l’enceinte au coup d’envoi, les ultras se font directement remarquer avec de gros chants accompagnés par deux mecs aux tambours de chaque extrémité de la bâche. Certains yeux sont fatigués, mais entre deux directives données par le capo, ça se la donne sévère avec des pogos et autres chamailleries. Avec des inconvénients : un des supporters ira jusqu’à paumer ses clés de voitures pendant une mêlée… Tout au long de la rencontre, les encouragements ne faiblissent pas. Encouragements bien aidés, il faut le dire, par l’acoustique d’un gymnase et la très bonne prestation de Kremlin-Bicêtre sur le parquet qui colle un 7-1 à leurs adversaires du jour.

Cannes, buvette et envahissement de terrain

Pourtant, tout n’a pas toujours été rose. « On a des problèmes d’envahissement du terrain, mais aussi de jets de projectiles » , explique Jérôme Gallio, chargé de communication du club. Plusieurs fois concernée par des incidents, l’équipe serait dans le viseur de la Fédé et sous le coup d’une pénalité de deux points en cas de nouveaux débordements. « Mais en même temps, ils mettent une ambiance qu’on ne connaît pas beaucoup en futsal. Et je ne les ai jamais entendus insulter vraiment qui que ce soit… » Et si certains joueurs se plaignent de l’ambiance, d’autres semblent adorer écouter Jérôme : « Par exemple, l’équipe de Cannes, c’est une ambiance qui leur plaît. Ça les a motivés quand ils ont joué contre nous. »

Fondé en 2002 par trois anciens du foot à 11 lassés de cette pratique ( « Nous aimons le rythme du jeu, la nécessité des gestes techniques, beaucoup d’actions rapides et qui s’enchaînent » , nous expliquait un des créateurs quelque temps avant le match), le Kremlin-Bicêtre United, qui possède environ 150 adhérents et qui a glané le titre de champion de France en 2010, prend grand soin de ses supporters. Les ultras sont notamment chargés du bon fonctionnement de la buvette de leur tribune. « Le club a décidé de les laisser gérer la buvette et de récupérer les fonds pour eux pour organiser les déplacements, faire les animations » , confirme Jérôme. Une manière de les faire participer à la vie du club. Car force est de constater qu’ils font partie de ce club. Il n’y avait qu’à voir la fin de la rencontre et la belle communion entre les joueurs, le staff et les supporters. Des chants lancés par les joueurs et repris par la tribune, des checks de félicitation et des « Ce n’est qu’un au revoir… » chantés à tue-tête par les derniers irréductibles. Un autre football.

Par Guillaume Fleury, avec Antoine Aubry

Crédits photos : Rom Djé Photographie