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On était à la première de Lyon dans son nouveau stade

Par Gabriel Cnudde, à Lyon
On était à la première de Lyon dans son nouveau stade

55 000 Gones et Fenottes ont découvert, ce samedi, le nouveau stade rêvé par Jean-Michel Aulas pour son Olympique lyonnais. Entre une joie enfantine partagée par tous au moment de découvrir les vertigineux gradins et les problèmes de logistique et de billetterie, retour sur la première après-midi loin de Gerland.

Il a repris, en 1987, un club de football qui végétait en deuxième division devant 10 000 spectateurs avec un plan de développement auquel personne ne croyait vraiment. Moins de trente ans plus tard, il a la joie de voir son équipe, celle-là même qui est devenue l’une des meilleures de France, évoluer dans un stade de 60 000 places en première division. On ne peut qu’imaginer la joie ressentie par Jean-Michel Aulas devant son stade fin prêt, car c’est bien lui qui s’est battu pour l’avoir, et ce, depuis des années. Avec une confiance absolue, les spectateurs l’ont suivi en masse, ce samedi, pour l’inauguration du Parc OL, qui attend encore son naming. « Le plus tard sera le mieux » , résume un spectateur tout sauf pressé de voir son stade devenir la Hyundai Arena ou autre publicité géante. Avec les espoirs et les craintes inhérents à ce genre de rencontres du troisième type, les supporters de l’Olympique lyonnais se sont rendus en masse à l’appel de leur président. S’ils ont été comblés par le score (4-1), la manière et le spectacle organisé après le match, certains ont trouvé quelques points à revoir. Et c’était à prévoir.

Billetterie alambiquée, acheminement satisfaisant

Pour obtenir le précieux sésame, beaucoup de Lyonnais ont dû passer par la billetterie en ligne. Problème, cette dernière avait elle aussi fait peau neuve. Pas facile donc pour les supporters de s’adapter à un système plutôt compliqué. « C’est surtout qu’à deux jours du match, je n’avais toujours pas reçu mon abonnement » , explique un supporter fier de porter ses douze écharpes différentes. « J’espère que tout le monde recevra le sien à temps, mais ils ont l’air plutôt débordés là-haut. » Le plus déroutant avec cette billetterie, c’est qu’il faut désormais choisir son mode de transport et le réserver en ligne. Au choix donc : l’un des parkings plus ou moins proches du stade, les modes doux, le tramway ou le bus. Derrière la gare de la Part-Dieu, d’où partent les navettes tramways, un supporter égaré s’insère dans la file d’attente. « J’ai rien compris sur internet, j’ai coché navette mais je ne suis même pas sur que ce soit celle-là, on verra bien. Ils ont pas intérêt à être trop chiants parce que j’ai rien compris, moi. » Quelques rires confirment que ce fan n’est pas le seul dans ce cas. Qu’importe au final, l’important reste d’amener tout le monde à bon port et dans les temps.

Il est 14h30, et la navette quitte le paddock. Temps de trajet annoncé : 20 minutes. Après un quart d’heure, le stade est en vue. Comme un car de gamins arrivant en colonie de vacances, le tramway entier se met à hurler. La joie est unanimement partagée : « Ça en jette quand même, c’est immense ! » Après un arrêt frustrant en pleine voie, la navette décharge son flot de passagers au pied du stade : un luxe. Quelques pas et tout le monde se prend en photo devant ce qu’un vieux monsieur se plaît à appeler « la merveille d’Aulas » . Et il est indéniable que le bâtiment en jette. Sur le parvis, les arrivants se mêlent aux supporters présents depuis le petit matin. Comme aux abords du stade de Gerland, certains préfèrent finir leurs canettes de 8-6 avant de passer les contrôles : « Ça va coûter trop cher dedans » , balance l’un de ceux-là. Sur l’allée des Lumières, beaucoup cherchent leur plaque nominative sur des murs dressés pour l’occasion. Et sont un peu déçus : « C’est moins grandiose que quand on me l’a vendu. Elle est pas finie cette allée des Lumières, si ? »

Vertigineux et bruyant

Une fois dans l’enceinte du stade, bonne surprise : plusieurs buvettes vendent de la bière. À l’une d’elles, la crise est évitée de justesse. Après une annonce précoce – « PLUS DE BIÈRE » – la serveuse se reprend et sort un fût de derrière les fagots. Ouf. Beaucoup ne peuvent plus attendre plus longtemps et entrent dans l’immense bâtiment. Il est 16h, et le stade se remplit doucement. Dans les escaliers et les couloirs, impossible de passer à côté des petits problèmes de finition. Assurément, les ouvriers ont dû se dépêcher et ça se sent. Mais qu’importe. Car l’intérieur du stade est terminé et il est grandiose. Du haut du virage sud supérieur, la vue est imprenable. Les blocs des Bad Gones, en face, sont déjà pleins à craquer et leurs chants résonnent comme jamais. « Ça change de Gerland. Là, le stade est fermé, et même sans toit, ça résonne pas mal » , se réjouit un jeune supporter avec son maillot floqué Källström – un homme de goût. Juste avant l’entrée des joueurs, le « Ahou » traditionnel fait prendre conscience aux 55 000 spectateurs présents de l’ampleur de ce stade. « Ah putain ! J’en ai des frissons ! »

Pendant le match, les classiques s’enchaînent en continu. Bonne surprise, même du haut des virages supérieurs – les places les moins chères –, la vue est idéale. Et vertigineuse. « On dirait l’Allianz Arena ! » – « T’en sais quoi, toi ? » – « Bah j’y suis déjà allé, pélo ! » Parce que l’histoire voulait que ce soit lui, et parce que Jean-Michel Aulas avait vu juste, Alexandre Lacazette inscrit le premier but de l’histoire du Grand Stade et fait chavirer tout le monde dans une extase sourde et communicative. « Fallait que ce soit lui, bordel ! Fallait que ce soit lui, c’est trop beau ! » Impossible d’imaginer la joie du buteur alors qu’en chœur, tout le stade reprend : « Alexandre Lacazette, Lacazette, Lacazette, Alexandre Lacazette, Ohohoho ! » À la mi-temps, tout le monde se rue aux toilettes. Anecdotiques pour certains, elles sont pourtant plus qu’importantes dans une enceinte de cette capacité. Et là, rien à redire. Assez nombreuses et propres, elles n’empêcheront pas certains de regretter les bonnes vieilles pissottières de Gerland. Le match reprend, et l’égalisation troyenne fait taire tout le monde, sauf le petit parcage des courageux de l’Aube. « On va gagner, mais putain, c’est laborieux. Le problème, c’est que si on gagne, on va pas trop parler du fonds de jeu qui est inquiétant depuis une demi-heure, quoi » , s’inquiète un Gone. Les buts s’enchaînent, les exclamations aussi – « Ghezzal a vraiment fait ça ?! » – et tout se passe bien jusqu’à la provocation de Beauvue. « Quel tocard celui-là, il a vraiment rien compris. »

Will et nostalgie

Au coup de sifflet final, la fête n’est pas tout à fait terminée. will.i.am débarque comme prévu et vient appuyer sur quelques boutons pour faire plaisir aux spectateurs restés sur place. Outre la musique, le spectacle est assuré. L’opération comm’ est elle aussi réussie : avec ce déballage de lumières et de son, Jean-Michel Aulas prouve à tout le monde que bien au-delà du football, son enceinte sera aussi une parfaite salle de concert. À la sortie du stade, tout le monde se retourne une dernière fois, comme pour s’assurer que tout ça était bien réel. « Ah ouais, il est carrément plus joli de nuit, on voit plus tout le béton et ça brille » , dit un petit garçon à son père, amusé. La file d’attente pour les navettes est longue, très longue, et les tramways quittent le stade à une cadence infernale. Certains n’en sont pas moins irrités : « C’est trop long, on est parti à 14h, il est 19h… » L’excitation de l’aller laisse logiquement place à l’impatience du retour. Et à la nostalgie. « Il est magnifique hein, je ne veux pas lui enlever ça. Mais c’est pas Gerland… Il est trop loin, c’est trop compliqué d’accès. Alors que Gerland en pleine ville, c’était chouette… » 20h, retour au point de départ. Du rouge et du bleu plein la tête, et des kilomètres plein les pattes. « Va falloir s’y faire, mais pour voir ce stade tous les week-ends, je suis prêt à faire des efforts. »

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Par Gabriel Cnudde, à Lyon

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