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Obi Wan K-Iwobi
Arsène Wenger aime faire des paris sur des jeunes joueurs, et sa dernière trouvaille monte en puissance. Du haut de ses vingt ans, Alex Iwobi est l'une des bonnes pioches du début de saison d'Arsenal, comme peuvent en témoigner les Parisiens qui l'ont vu cavaler sur la pelouse du Parc en Ligue des champions.
La Ligue des champions, c’est du sérieux. Pas question de plaisanter, encore moins lors de l’entrée en piste, surtout lorsque comme Arsène Wenger, on dispute la compétition sans discontinuer depuis quinze ans. En vieux briscard des joutes européennes, le coach d’Arsenal connaît les dangers et sait les remarquer, surtout lorsqu’ils sont aussi gros que le Paris Saint-Germain. Alors peu après 20 heures, ce mardi 13 septembre, sa compo tombe, en forme d’armada. Sánchez, Özil, Cazorla, Coquelin… Tout le monde est invité à la fête parisienne, et au milieu de cette clique de tueurs londoniens, un nom que l’on n’attendait pas forcément : Alex Iwobi.
La surprise du chef, jugent les observateurs. Mais le Nigérian n’avait pas enfilé son maillot juste pour être l’attraction de la feuille de match. 77e minute, il bombarde Areola qui doit sortir une parade de costaud pour repousser le ballon. Manque de pot pour les Parisiens, Alexis Sánchez traînait par là pour récupérer la gonfle et marquer. Cinq minutes plus tard, Iwobi frappe à nouveau au cadre et force encore Areola à plonger pour arrêter le tir. Iwobi restera sur le terrain jusqu’à la fin du match. La marche parisienne n’était pas trop haute pour lui.
Maillot vert
Mais les supporters d’Arsenal sont méfiants. Des jeunots annoncés comme des prodiges et qui finissent par avoir toutes les peines du monde à s’imposer au club, ils commencent à en avoir vu passer quelques spécimens. Rien que cette saison, Oxlade-Chamberlain et Walcott sont encore dans les parages. Mais Iwobi a au moins l’avantage d’être un gars du cru, formé au club, et qui mouille la tunique des Gunners depuis qu’il a sept ans. Né à Lagos, au Nigeria, en 1996, Iwobi est arrivé en Angleterre avec sa famille trois ans auparavant, et il sera appelé chez les U16, U17 et U18 des Three Lions. « Il devrait jouer pour l’Angleterre » , prophétise Arsène Wenger, qui lui devine un bel avenir avec la sélection.
Mais Iwobi finira par choisir la sélection nigériane. Mauvais timing. Non seulement il a raté les exploits de la génération Iheanacho – lui aussi né en 1996 – championne du monde des U17 en 2013 et finaliste de la CAN U17 la même année, mais en plus il joue ses premiers matchs avec une équipe du Nigeria qui rate la qualification pour la CAN 2017. Le coup reçu est rude, et Iwobi ne s’en cache pas : « La CAN est le plus gros événement sportif du continent. Nous étions dégoûtés. » Du côté de l’Europe, en revanche, les affaires vont bon train. L’arrivée dans l’équipe A d’Arsenal à dix-sept ans, le contrat pro en octobre 2015, et même une titularisation en huitièmes de finale de Ligue des champions face à Barcelone en mars dernier.
Tonton Jay-Jay
Deux jours plus tard, il plante son premier but en Premier League face à Everton, après avoir là encore démarré dans le 11. Alors que Giroud et Walcoot l’observent depuis le banc de touche, il met son pion avant de jurer, avec l’air d’un enfant descendant d’un manège : « C’était magique. » Il se montrait moins enthousiaste après le match nul contre Paris, se contentant de blâmer la poisse : « Nous n’avons pas été capables de marquer un second but que nous aurions dû marquer. J’aurais dû le faire pour être honnête, mais nous avons été un peu malchanceux. » Pour se consoler, il offre une passe décisive à Theo Walcott quatre jours plus tard en Premier League, rejoignant ainsi De Bruyne, Ihenacho et Payet en tête du classement des meilleurs passeurs du championnat. Parfait pour Arsenal, alors qu’Özil est plus en délicatesse.
Au-delà de son efficacité, la fougue de ses vingt ans plaît à Tonton Arsène, qui se frottait les mains il y a peu dans la presse anglaise : « Ce que j’aime chez lui, c’est son amour pour le jeu, sa passion. » Niveau football plaisir, Iwobi n’a pas eu à chercher l’inspiration bien loin, puisqu’il est le neveu de Jay-Jay Okocha – « C’est le petit frère de ma maman » – qui lui donne un maximum de conseils depuis le début de sa carrière : « Il me sert d’exemple sur le terrain et en dehors, il est toujours là pour me guider. » Car Obi Wan K-Iwobi n’est encore qu’un Padawan, qui a besoin des conseils de son maître Jedi.
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