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Nice-Bastia, pourquoi tant de haine ?

Par Antoine Donnarieix
Nice-Bastia, pourquoi tant de haine ?

Ce samedi, l'OGC Nice et le Sporting Club Bastia vont à nouveau s'affronter et proposer un spectacle à la sauce sudiste. Malheureusement, l'affiche est de plus en plus placée sous le signe d'une rivalité entre supporters plutôt que pour la qualité du jeu proposé. Décryptage d'un désamour qui tourne au vinaigre.

Dans la vie comme dans le football, le voisinage fait parfois mauvais ménage. Qu’il s’agisse de tapage nocturne, de coïts trop prononcés ou d’une prise de bec assez violente de l’autre côté du mur, il peut prendre l’envie d’aller toquer à la porte. Entre Nice et Bastia, il faut avoir un long bras – de mer – pour aller sonner chez le voisin mais les tensions sont, elles, belles et bien réelles. La preuve ? Cet arrêté préfectoral déposé par le préfet des Alpes-Maritimes, Adolphe Colrat, interdisant toute présence de supporters corses dans l’enceinte de l’Allianz Riviera ce samedi. L’homme a même souhaité aller plus loin, en prévoyant d’interdire « le port, la détention et l’utilisation de tout objet ou vêtement à l’effigie de la Corse ou d’un club sportif corse » à proximité du stade. C’est clair et net, il n’y a plus de place pour le dialogue lorsque l’on évoque la rencontre entre ces deux clubs. Un désir de suprématie, tant au niveau sportif que pour attendre les ultras visiteurs de pied ferme.

Braquage à la bastiaise

À vrai dire, ce duel entre le onzième et le dix-neuvième de Ligue 1 a tous les symptômes du match bouillant par excellence. Ce qui n’est pas pour déplaire à l’un des plus emblématiques Aiglons niçois. « Comme je le dis souvent, avoir des ambiances aussi chaudes, c’est toujours plaisant pour un joueur, explique Olivier Echouafni. On sent une vraie passion, d’un côté comme de l’autre, et ça nous transcende. » Au point d’aller sur le terrain pour dévorer l’adversaire et vouloir à tout prix remporter le match ? Sûrement pas. « Honnêtement, il n’y avait pas de préparation particulière lorsque l’on jouait Bastia, avoue l’actuel entraîneur du FC Sochaux-Montbéliard. C’est un match entre équipes du Sud, qui possèdent des identités et un tempérament bien précis. La tension, elle est uniquement présente au niveau des supporters, pour des raisons qui nous dépassent, nous, les joueurs. Il y a toujours eu des relations cordiales entre joueurs. Mais entre supporters, c’est autre chose… » Une fois la fumée passée, le feu ne tarde pas à apparaître. Certes, les cartons sont régulièrement de sortie sur le terrain lorsque la tête de maure croise les serres de l’aigle, mais les joueurs gardent la tête sur les épaules. Ce qui n’était pas tellement le cas de quelques énergumènes bastiais un soir de match de Coupe de France, visiblement peu sous le charme de la promenade des Anglais. « Je n’étais pas au club à ce moment-là, j’étais étudiant sur Nice, se souvient Echouafni. C’était dans les années 90, au Stade du Ray. Je me souviens que les supporters de Bastia étaient exceptionnellement placés dans la tribune latérale, une tribune couverte sur 10 ou 15 rangs, en face de la présidentielle. À la fin de la rencontre, toute la tribune avait été dévastée. L’OGC Nice avait dû carrément changer la tribune, qui, à la base, était en dur, pour y installer des préfabriqués ! Oui, je crois que tout est vraiment parti de là. »

Un incident visiblement resté dans les mémoires niçoises, puisque depuis la tribune sud du Ray, des membres de la fameuse BSN ont toujours une dent contre Bastia. Capo de la Brigade et membre de la BSN depuis 1997, Biba peut l’affirmer. « Les mecs de ma génération, ils ont toujours connus ça. Ça démarrait déjà dans les années 70 dans le stade du Ray, où les anciens voyaient des bastons de joueurs sur le terrain. Il y avait beaucoup de Corses autour de Nice. Mais le tournant, c’était en 1992, la fois où ils ont saccagé une tribune du stade. » Un affront que les supporters niçois ne pouvaient pas accepter. Question d’honneur. « Le vrai derby ici, c’est Monaco. Mais là, il y a une rivalité au niveau de la mentalité, on se ressemble et il y a des similitudes, reconnaît Biba. On est identitaires, on défend nos terres, notre culture. »

« Abardonado, ce n’est pas une pute »

Chez les Bastiais, le son de cloche résonne de la même façon, du moins depuis le terrain. « Dans la genèse des confrontations, il n’y a pas vraiment de point de départ pour moi, analyse Pierre-Yves André. J’ai intégré Bastia en 1997 et ces matchs ont toujours été chauds. » De l’ambiance, de la ferveur, et aussi beaucoup de contacts. L’athlétique buteur corse a la mémoire encore vive. « J’ai toujours eu de bons rapports avec les joueurs adverses. Avec 1 mètre 86 et 80 kilos en même temps, ça permet d’avoir un peu moins d’embrouilles. Mais oui, il y avait des duels sympas à voir : Jacques Abardonado par exemple, parce qu’on a le même état d’esprit. Abardonado, ce n’est pas une pute. Il faisait tout pour gagner, mais dans les règles de l’art. José Cobos aussi, il faisait partie de ces joueurs qui étaient durs sur l’homme, rugueux, mais toujours dans le respect. » Un vrai combat sur le terrain donc, suivi d’un après-match qui amène même à de vraies amitiés. « J’ai surtout en mémoire mes duels contre les gros joueurs passés par Bastia, comme Ľubomír Moravčík ou Anto Drobnjak, raconte Echouafni. Le reste, c’est plus des copains qu’autre chose : Bruno Rodríguez, Pierre Maroselli… En dehors du match, il y avait une vraie complicité avec eux. Ce sont devenus de vrais amis. »

Malgré cette atmosphère plutôt bon enfant, l’annonce de l’arrêté préfectoral a beaucoup fait parler en Corse, plus sur le fond que sur la forme. En effet, ce n’est pas la première fois que les supporters bastiais sont interdits de déplacement. En revanche, les mesures d’interdiction sont bien plus récentes. « Ce qu’a dit le préfet des Alpes-Maritimes, c’est déplacé. Le 18 octobre, sur la Côte-d’Azur, il sera donc interdit d’être fier de la Corse ! Ce sont des réactions d’urgence… On a la tête dans le sac et on veut se protéger à tout prix. Il faut arrêter deux minutes. Il n’y a pas besoin d’en rajouter et d’aller chercher des explications vaseuses, on ferme simplement le parcage et c’est réglé. » Une issue bien triste et probablement amenée à se répéter en France, au grand dam du côté fumigène et ambiance populaire. « Ça va mal finir au niveau de la représentation des supporters, imagine Biba. Dans les tribunes, il doit y avoir une présence des deux équipes. Pour ma part, je veux que les Corses puissent venir, et je comprends la réaction du SC Bastia. C’est de la discrimination. Venant de l’État, ça me paraît fou d’instaurer des lois comme ça. Ok, c’est pour la sécurité, mais avec les forces de police, ils devraient pouvoir y arriver. Mais non. » Et au final, ce sont donc les Corses qui trinquent. « Dans ce cas, il faut placer l’arrêté dans l’interdiction du déplacement de groupe, mais pas l’interdire à tous les Corses, même aux pères de famille qui se baladent tranquillement, nuance André. Après, des Niçois peuvent s’attaquer à ces personnes-là, mais dans ce cas, c’est la ville de Nice qui sera responsable ! Bastia se devait de réagir aux propos du préfet, c’est inapproprié, c’est de la ségrégation. Elle n’est pas raciale, bien sûr, mais elle est régionale. » Autant dire qu’on est loin de la mesure conjugale idéale.

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