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Miossec : « On serre les fesses »
Christophe Miossec ne boit plus que des bières sans alcool, mais continue de suivre les pérégrinations du club de sa ville, le Stade Brestoa. Sur les routes pour présenter son huitième album Chansons ordinaires, il profite d’une journée de repos pour causer football finistérien.
Quel est ton sentiment sur la première saison du Stade Brestois ? Personne ne s’y attendait. C’était vraiment fantasque. C’était fabuleux d’être les troubles fêtes suffisamment longtemps, car elle a duré pas mal de temps cette histoire. Au départ c’était comme une bonne blague et ça a duré longtemps avant de partir en nœud de boudin complètement. (Rires)
Pourquoi à ton avis ? Après ce bon début, tout le monde les attendait. Et c’est normal que les têtes explosent. Le vestiaire était pas du tout habitué à occuper cette tête-là. Quand ça commence à déconner, il y a tout le reste qui vient avec.
Qu’est-ce que ce retour dans l’élite a changé en ville ? L’atmosphère est-elle différente depuis l’année dernière ? C’est en train de reprendre un peu la normale. C’est surtout l’accession et le fait que l’année dernière ils étaient premiers. C’était dingue, c’était chouette. Le foot devient intéressant quand ça dépasse les gens qui s’intéressent qu’au foot, quand c’est des gens qui viennent jamais au stade, ça devient un autre phénomène. Au bistrot, ça monopolise la conversation. Aujourd’hui on serre les fesses pour qu’ils restent en Ligue 1.
Tu es allé à Francis Le Blé cette année ? J’aurais pu y aller en tant que spectateur mais avec l’article de l’année dernière (La Brest humaine, So Foot N°80) on m’a fait savoir que j’étais persona non grata. Et puis le stade est à quinze bornes de chez moi et avec tout le bordel, tout ça… Moi je vois les matches au café du coin. C’est comme pour l’arsenal de Brest, je peux plus y mettre les pieds. Ça occupe les trois-quarts de la surface brestoise. J’ai travaillé dans le désamiantage des bateaux quand j’étais gamin là-dedans. Du coup il y a eu un reportage de Thalassa où j’ai parlé de l’amiante. J’ai un copain qui faisait son anniversaire à l’arsenal. Il fallait envoyer les papiers d’identité quinze jours avant et en fait la DST ne voulait pas que je foute le pied à l’arsenal de Brest. Donc entre ça et le stade, je trouve ça marrant. Ça fait quand même deux gros machins. Mais c’est là que tu vois la pression de l’Etat français, du fait qu’on n’ait pas le droit de parler du désamiantage des bateaux. Ça fait des morts. J’ai travaillé dans des conditions pas possibles quoi. Il y a des choses intouchables et le club de foot fait partie des choses intouchables, surtout quand il va bien.
Le foot, ça fait partie de ces trucs qui étaient mieux avant ? En vieillissant tu perds une naïveté. Heureusement que le monde du football a la mémoire très courte, sinon ils ne survivraient pas. Avec toutes les déclarations de tout le monde, si on les confrontait… C’est un monde qui est obligé d’être amnésique, sinon c’est impossible.
« Ils sont passés à un poil de couille »
Comment tu expliques les difficultés du Stade à confirmer cette année ?
Je trouve qu’il y a pas mal de matches où ils sont passés à un poil de couille. Ils n’ont pas subi de grosses branlées. Il y a des matches où ils auraient pu gagner. C’est passé à un souffle. Leur place ne reflète pas leur niveau de jeu. Le PSG s’il n’avait pas l’autre… Comment il sauve les matches du PSG de façon hallucinante…. C’est 42 millions d’euros qu’il manque à Brest.
Certes mais vous, vous avez Jonathan Zébina. C’est quand même du gros calibre pour Brest ça ? Ouais c’est bien joué de la part du club mais le mec n’a qu’une sélection et 33 balais aussi. La défense a réussi à se démerder. Au départ il y a eu des blessures à répétition en défense et les problèmes sont pas vraiment venus de là en fait. La défense remplaçante s’est avérée aussi bonne que celle de l’équipe type en fait.
Le problème se situe en attaque alors ? C’est Nolan Roux qui ne marque plus…C’était génial avec Schalke 04. Le fait qu’il ait refusé de s’entraîner (pour bénéficier d’un bon de sortie, ndlr) a entraîné le fait que Schalke 04 a dit qu’ils ne voulaient pas d’un type comme ça, de ce type de comportement, en fait. Roux est en train de se griller lui-même. S’il continue toute la saison comme ça, il vaudra plus grand-chose à la fin.
Quels sont les joueurs que tu aimes bien ? J’aime beaucoup Paul Baysse. Il est ultra combatif. Une vraie teigne. Comme il est jeune, quand il aura une vision de jeu, il peut devenir excellent. Après je suis pas sûr qu’il puisse dépasser ce stade d’ultra combattant. Il joue au taquet et à l’énergie. Mais je ne sais s’il peut plus.
Le maintien, tu y crois ? Je n’envisage pas une descente. Ah non, non, non, non. Ça serait catastrophique. Le fait d’avoir cette réput’ de la lose, et de redescendre, ça foutrait un coup. Ce serait extrêmement dur par la suite pour remonter. L’année dernière, nous étions avant-dernier budget. Cette année c’est la même. Il y a 122 actionnaires au stade Brestois.
Et une petite coupe de France alors ? Je ne crois pas que.. non c’est pas jouable. Faut faire des exploits et là on est loin de tout ça. Faudrait gagner des matches qu’on n’arrive pas à gagner en ce moment. Il n’y a pas d’attaque coup de poing. Ça ne perfore pas.
Propos recueillis par Maxime Marchon