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Mexique : Les Tigres rugissent de plaisir
Les Tigres Monterrey tiennent enfin leur titre. Le club renforcé cette saison par Carlos Salcido vient de s'adjuger le tournoi d'ouverture mexicain, aux dépens de Santos. Inconnu en Europe, l'entraîneur caractériel des Tigres, Ricardo Ferretti, fut le grand animateur de la phase finale du tournoi.
Les Tigres sont enfin rassasiés. Après 29 ans sans titre, les fidèles supporters félidés commençaient à avoir sérieusement la dalle. Déjà vainqueur de la finale aller disputée sur le terrain de Santos (0-1), le club de Monterrey a confirmé son ascendant dimanche (3-1), après une première période qui avait refroidi le Volcan, le surnom du stade local. Dès la 12e minute, l’expérimenté portier de Santos, et ex-international, Oswaldo Sanchez, se faisait expulser pour un tacle dans la surface, plus spectaculaire que dangereux. La polémique décision arbitrale semblait tirer un trait sur les espoirs des Verts et Blanc. Au terme de la première période, l’ex club de Jared Borgetti menait pourtant 1 à 0. La logique du football mexicain lui appartient.
Comme les Tigres, Santos visait le troisième titre de son histoire. Le club qui a fait de ses couleurs le prétexte d’une alliance avec le Celtic Glagow faisait face à une autre problématique, mais à une même urgence de triomphe. Plutôt que de mettre fin à une longue sécheresse, il s’agissait de ne pas buter à nouveau sur la dernière marche. Santos disputait là sa troisième finale en deux ans, pour … une troisième défaite. De quoi traumatiser toute une institution. Au coup de sifflet final, l’entraîneur de Santos, Benjamin Galindo, pouvait s’en prendre à l’arbitrage, mais les Tigres ont bien l’allure d’un juste champion. Si l’on cumule les résultats des tournois de fermeture et d’ouverture de l’année 2011, le club rattaché à l’université autonome de Monterrey pointe largement en tête de ce classement officieux.
Propriété de l’imposant groupe cimentier, Cemex, les Tigres ont longtemps fait rire le Mexique et désespérer leurs supporters pour leur penchant à aligner des onze clinquants et recueillir des résultats de relégable. Leur redressement coïncide avec l’arrivée, fin 2010, de Ricardo Ferreti, dit « El Tuca » , Brésilien ayant fait son beurre au Mexique, comme joueur puis comme entraîneur. Un coach déjà titré deux fois (avec les Chivas et les Pumas) et réputé pour le style aussi hermétique qu’efficace de ses équipes. Un entraîneur caractériel aussi, toujours prompt à insulter un photographe ou un journaliste quand sa mauvaise humeur le lui commande.
Menaces de mort et paint-ball
A son arrivée à Pachuca, pour le quart de finale aller, El Tuca avait ainsi lâché un élégant « Allez vous faire foutre » à la vue des objectifs. L’entraîneur des Tigres fut le grand animateur de la Liguilla (les play-offs qui concluent chaque tournoi), avec l’invité surprise, Queretaro. Détenus depuis un an par un homme d’affaire croate, et ex entraîneur, Zlatko Petricevic, les Gallos Blancos de Queretaro ont accroché le huitième et dernier siège qualificatif pour la Liguilla, la première de leur histoire. Emmenés par l’ex Parisien, Carlos Bueno, meilleur buteur 2011 du championnat mexicain, Queretaro a commencé son épopée en tapant les Chivas, meilleure équipe de la saison régulière, en quart de finale. Se confirmait alors la malédiction du Superlider. (lors du tournoi de fermeture de l’an dernier les Chivas avaient bénéficié de cette mauvaise fortune qui semble accompagner quasi systématiquement le leader du classement général, en éliminant les … Tigres, là aussi, en quart de finale, ndlr).
En demi-finale, les Gallos Blancos allaient finalement buter sur le futur champion (0-0, 1-0). Le duel fut le plus mouvementé de la Liguilla, tout du moins, en coulisses. El Tuca Ferretti avait tout fait pour. Pour lancer la demi-finale, il s’étendait sur un événement remontant à 2004, quand il dirigeait Toluca. Selon une enquête interne au club, l’attaquant paraguayen, Saturnino Cardozo, désormais entraîneur de Queretaro, l’avait alors menacé de mort. Auteur de 249 buts en 332 matches avec le club de l’Etat de Mexico, le Guarani a nié en bloc, et menacé de déposer plainte contre son adversaire et néanmoins collègue. Un élément indiscutable : en 2004 des pancartes avaient parsemé l’enceinte de Toluca, appuyant Cardozo, et menaçant Ferretti. Selon, l’ex directeur sportif du club, le Paraguayen se trouvait être l’auteur intellectuel de ces pamphlets. En tribunes, l’ambiance fut aussi brûlante lors du match aller à Queretaro. Le lendemain de la rencontre, Record, l’Equipe aztèque, faisait sa une sur des policiers pointant leurs armes sur les supporters des Tigres. Des armes chargées de balles de paint-ball !
Après 29 années riches en désillusions, l’investissement massif de Cemex dans ses Tigres vient enfin de porter ses fruits. Cette saison, le rival des Rayados, piteusement éliminés ce même dimanche en quart de finale du Mondial des Clubs, s’était notamment renforcé en recrutant Carlos Salcido. L’international mexicain voulait quitter Londres, assurant ne plus se sentir en sécurité en Angleterre après y avoir été victime d’un cambriolage. Il mit donc un terme à son contrat avec Fulham pour s’installer à Monterrey, une ville meurtrie par la lutte entre cartels de la drogue. Logique, là aussi. Pour Salcido, il s’agit de son premier titre acquis au Mexique. Pour El Tuca, de son troisième.
Par Thomas Goubin