- Premier League
- 38e journée
Manchester City champion d’Angleterre !
EXCEPTIONNEL. On a vécu un après-midi incroyable ce dimanche. Malmené par QPR, Manchester City a poussé pour renverser la vapeur et arracher la couronne d'Angleterre dans les arrêts de jeu.
Et l’Angleterre se drapa de bleu ciel… C’est bateau à dire, mais putain, il n’y a que le football pour faire d’un dimanche après-midi un peu nul, la plus belle émotion footballistique de l’année, voire plus. La 38e journée de Premier League a offert tout ce qui fait transpirer, perler, suer, crier, chialer tout être humain doté d’un cœur. Au terme des 95 minutes les plus folles jamais vécues en Angleterre depuis bien longtemps, c’est Aguero qui a offert au peuple bleu de Manchester son premier titre depuis 44 ans. Et il faudra sans doute plus d’une nuit, plus d’un été, plus d’une vie aux Citizens et à tous ceux qui aiment le football pour se rendre compte qu’ils ont vu, le 13 mai 2012, l’un des plus grands moments de ce sport.
On rembobine, pour revenir à la préface de la chronique d’un sacre annoncé, mais longtemps retardé… Avant même le coup d’envoi, la probabilité que City faillisse au moment de couler dans le marbre un statut de leader acquis de haute lutte paraissait infime. Le leader recevait Queens Park Rangers, le premier non relégable. Les Londoniens jouaient certes leur survie en Premier League, mais face à une équipe qui vient de remporter cinq victoires de rang, et a obtenu les trois points dix-sept fois sur dix-huit à domicile cette saison, toute la volonté de Cissé, Barton, et consorts semblait bien dérisoire.
Rooney fait le boulot
En cas d’exploit de QPR, encore fallait-il que MU remplisse sa part du contrat sur la pelouse de Sunderland. Si les Red Devils finissent péniblement la saison, c’est également le cas des Black Cats, incapables de l’emporter depuis la fin mars. C’était face aux Queens Park Rangers… A la 20e minute, tandis que Joey Barton se fait soigner suite à un choc avec Gareth Barry, Manchester United fait de nouveau croire à ses fans à la possibilité d’un titre. Giggs, le géomètre, dessine une courbe partant de la droite du rond central et s’achevant à deux pas du deuxième poteau, que Rooney redresse au fond des filets. A cet instant, MU devient champion virtuel. Dans les tribunes de l’Etihad Stadium, les visages se crispent, les ongles se rongent. L’enceinte des Citizens est sans doute l’endroit où l’on croit le plus à un titre de United … Les visages se font encore plus angoissés quand Yaya Touré, manifestement blessé, s’agenouille sur le terrain.
Comment City gérera son match le plus important depuis 44 ans privé de son joueur-clé, celui qui avait tant manqué au moment de la CAN, celui qui semblait avoir inscrit les buts du titre à Newcastle ? L’Ivoirien ne se résigne toutefois pas à rejoindre la touche et reste quelques minutes supplémentaires sur la pelouse. A la 39e minute, Yaya, clairement diminué, tire sur la corde pour se projeter dans la surface, et avec ce qui lui reste de jambe, envoie un extérieur pour Zabaleta, dont la frappe passe entre les mains en mousse de Kenny, rebondit sur le poteau, et franchit la ligne. Clairement, le titre ne peut pas échapper aux hommes de Mancini. Dans la même minute, une nouvelle maintient toutefois un semblant d’espoir dans le camp des Red Devils. Mené par Stoke City dès la 13e minute, Bolton égalise. QPR se trouve repoussé au bord de l’abîme, une victoire des Wanderers les envoyant en Championship, si City conserve son avantage.
Agüero fait exploser City
A la 45e minute, c’est chose faite : Kevin Davies double la mise pour Bolton. QPR va devoir se dépouiller en seconde période pour ne pas plonger à l’étage inférieur. A peine revenu de vestiaire, les Londoniens concrétisent leurs intentions. Le crâne trapézoïdale de Lescott prolonge un ballon dans son dos, et sert accidentellement Cissé, qui fusille Joe Hart (48e). C’est justement dans ce genre de moment dramatique que l’absence de Yaya Touré, finalement remplacé par De Jong, pourrait valoir une terrible désillusion aux Citizens. Toujours regroupé en rangs serrés devant sa surface, QPR résiste de mieux en mieux, et cela commence à sentir le Maracanazo pour City. C’est le moment choisi par Joey Barton pour réveiller le psychopathe qui sommeille en lui. Chatouillé par Tevez, l’ex-Citizen envoie un coup de coude à l’Argentin. L’agression n’a pas échappé à l’arbitre de touche et un carton rouge envoie le capitaine de QPR aux vestiaires. Puisqu’on ne se fait pas sortir deux fois dans le même match, Barton préfère rentabiliser son expulsion en envoyant un coup de genou dans l’arrière de la cuisse d’Agüero. On n’est alors pas loin de vivre le moment le plus dingue de la saison, quand Balotelli se lève du banc de touche pour en découdre avec Barton, mais des deux côtés on retient les fauves.
A dix, QPR ressemble à un condamné à mort montant sur l’échafaud. Hugues décide de clairement jouer le nul en faisant sortir Cissé, remplacé par Traoré. Un coaching à l’impact inattendu, puisque l’ex-Gunner, au bout d’un rush héroïque, offre le deuxième but à Zamora (66e). Dans les tribunes de l’Etihad, les larmes commencent à couler. Nasri, Silva, Agüero, Tevez ne trouvent pas l’ouverture. Dzeko rentre à la 69e minute à la place de Barry, puis Balotelli prend le relais de Tevez à l’aube du dernier quart d’heure. City continue toutefois de buter sur Kenny. Dans cette après-midi palpitante, il semble toutefois écrit qu’une dernière secousse animera la fin de match. A Sunderland, MU maintient son avantage. A l’Etihad Stadium ? 92e minute : Edin Džeko s’élève et rabat une tête dans les filets de Kenny. Il reste trois minutes d’arrêt de jeu à jouer. Agüero signe dans la foulée un exploit individuel, et envoie City au paradis (94e). Les deux camps sont aux anges, puisque Stoke City a fini par égaliser, et sauve ainsi QPR. En tribunes, Noel Gallagher débouche le champagne …
Par Thomas Goubin