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Mais qui es-tu, Ricky van Wolfswinkel ?
Ricky van Wolfswinkel devrait signer à Saint-Étienne en prêt avec option d'achat aujourd'hui. Si les commentateurs risquent de s'arracher les cheveux sur la prononciation de son nom, il est possible que les supporters en fassent de même étant donné la qualité du bonhomme. Flingueur au Portugal devenu paria en Angleterre, RVW est un attaquant qui n'a cesse de surprendre son monde, en bien comme en mal. Itinéraire d'un loup qui a encore faim.
Chez Ricky van Wolfswinkel, le football, c’est une affaire de famille. Mieux, marquer des buts est une affaire de famille. Gendre de Johan Neeskens, le nouvel attaquant de Saint-Étienne est avant tout le neveu d’Erik Willaarts, l’ancien buteur du Borussia Mönchengladbach et du FC Utrecht, pichichi d’Eredivisie en 1987 et 1990. Une filiation telle que dès les équipes de jeunes, Ricky van Wolfswinkel remporte un titre de meilleur buteur du championnat junior et acquiert le glorieux surnom de HatRicky pour sa capacité à coller des triplés. Un sobriquet pas foncièrement usurpé : en août 2010, RVW marque trois des quatre buts du FC Utrecht lors du match retour en préliminaires d’Europa League face au Celtic. Si l’aventure européenne est de courte durée, Ricky plante toutefois huit buts en douze matchs. Et malgré une neuvième place en championnat, l’attaquant envoie quinze fois la gonfle au fond des filets. À seulement 21 ans, tous les yeux sont rivés sur RVW, qui obtient au passage sa première sélection avec les Oranje face à l’Ukraine. Au mercato suivant, l’Ajax et le PSV se montrent intéressés, de même que certaines écuries de Premier League, Arsenal et Liverpool en tête. Pour un gamin élevé à Match of the Day (l’émission néerlandaise de référence sur le foot anglais), le rêve devient soudainement réalité. Mais, à la surprise générale, RVW décide de prendre vers le Sud, direction Lisbonne et le Sporting Portugal.
Ricky ou la belle vie
Au Portugal, Ricky van Wolfswinkel arrive avec un statut difficile à porter : il est le troisième transfert le plus cher de l’histoire des Leões derrière Rodrigo Tello et Florent Sinama-Pongolle. Pour autant, le jeune Batave ne vacille pas face à la pression et élève même son niveau de jeu. La première année, il marque 25 buts en 47 matchs, permettant notamment au Sporting de se hisser en demi-finale d’Europa League, seulement défait par le futur vainqueur, l’Atlético Madrid. Surtout, RVW se sent comme un coq en pâte chez les Lusitaniens. En compagnie de son compatriote Stijn Schaars, Ricky, rebaptisé O Lobo ( « le loup » ), découvre le climat doucereux de Lisbonne, sa bonne chère ainsi que sa vie nocturne paisible et tombe amoureux de la ville. Mais le club manque un peu d’ambition à son goût. À 24 ans, le précoce attaquant veut gagner des titres. Et s’il fait parler la poudre à vingt reprises cette année-là avec à la clé un but incroyable face au rival Benfica, le Sporting, lui, termine septième de Liga Sagres. Sans parler des changements de coachs répétitifs (six en deux ans) qui commencent à agacer le joueur. Pis, le club est en proie à des difficultés financières, incapables de payer les derniers mois de salaire de son attaquant phare. Malgré une clause libératoire de 22 millions, le Sporting se voit dans l’obligation de brader son joueur pour obtenir des liquidités. Une nouvelle fois, Ricky van Wolfswinkel surprend son monde et choisit de signer, contre 10 millions d’euros, en juin 2013 à… Norwich City.
Norwich City : année zéro
Pas le choix le plus judicieux si l’on veut gagner des titres, mais les Canaries, qui ont terminé dans le ventre mou en Premier League les deux saisons précédentes, nourrissent des ambitions. Transfert record du club, RVW s’installe sur le front de l’attaque en ayant pour mission de faire oublier le vétéran Grant Holt, élu trois ans d’affilée joueur de l’année par les supporters, parti à Wigan. En coulisses, il se dit que son beau-père, ainsi que Robin van Persie, l’auraient convaincu de signer dans le club du Norfolk « parce que Norwich est un club difficile à battre » . Lors de son premier match face à Everton, le Néerlandais sauve son équipe d’une première défaite à domicile d’une superbe tête décroisée. On croit la machine à buts déjà lancée. Sauf qu’elle s’enraye très rapidement. Sur ses treize premiers matchs, Ricky ne cadre que quatre fois ses frappes. Sur les vingt-cinq suivants, RVW ne marquera plus et passera plus de temps à l’infirmerie que sur le pré. Norwich devient alors la pire attaque de Premier League (28 buts) et ne peut éviter la relégation en Championship. De son côté, l’attaquant batave se fait voler la vedette chez les Canaries par le transfuge du Celtic Gary Hooper, auteur de huit buts, puis se rend coupable de « mauvais » gestes sur le terrain. Sa passe absurde dans la surface contre Fulham, ainsi que sa « participation » au but litigieux de Leroy Fer contre Cardiff, le rendent alors persona non grata du côté de Carrow Road.
Erding + Brandão = Van Wolfswinkel
C’est donc avec un esprit revanchard que Ricky van Wolfswinkel débarque dans le Forez. À 25 ans, la marge de progression est faible, mais possible. Aussi, RVW devra d’abord retrouver le niveau de jeu démontré par le passé avec un autre maillot vert et blanc sur les épaules. Reste à savoir comment Galtier a prévu de faire évoluer le joueur néerlandais, lui qui s’est rabattu sur ce dernier après la piste infructueuse Hoarau. De fait, en raison de sa taille (1,86m) et de son bon jeu de tête, RVW doit remplacer poste pour poste un Brandão parti à Bastia. Mais l’ancien d’Utrecht affectionne un tout autre style de jeu. Rapide et technique balle au pied, Ricky aime jouer en contre et prendre la profondeur, à la façon d’un Mevlüt Erding que l’on dit en partance pour Galatasaray. Ou d’un Siem de Jong, dont il est le quasi-frère jumeau (né à un jour d’intervalle, même taille, même poste) et qui incarne l’avenir de la sélection néerlandaise, que Van Wolfswinkel aimerait retrouver au plus vite grâce à ce prêt avec option d’achat. En tout cas, Romain Hamouma et Franck Tabanou ont les qualités nécessaires pour balancer des ballons dans le dos des défenses adverses à la tige oranje. Et, qui sait, peut-être Ricky se trouvera alors un nouveau père, spirituel cette fois-ci ? Le seul Néerlandais à avoir jamais marqué l’histoire de Saint-Étienne : Johnny Rep.
Par Matthieu Rostac