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Mais qui es-tu, Aurelio Andreazzoli ?

Eric Maggiori
Mais qui es-tu, Aurelio Andreazzoli ?

Depuis la semaine dernière, la Roma a un nouvel entraîneur. Exit Zdeněk Zeman, le banc giallorosso accueille un nouveau pensionnaire : Aurelio Andreazzoli. Enfin, pas si nouveau que ça, en fait.

Il fallait bien que cela arrive. Deux points sur quinze pris en 2013, treize buts encaissés (2,6 par match) : Zdeněk Zeman n’a pas résisté. Après la débâcle contre Cagliari, au Stadio olimpico (2-4), le coach a sauté. À vrai dire, il aurait déjà dû sauter la semaine précédente, après le nul 3-3 à Bologne, mais les dirigeants avaient décidé de lui laisser une dernière chance. Mauvaise idée. Bref, tout cela est désormais de l’histoire ancienne. La Roma veut repartir sur de bonnes et solides bases. Et cette base porte un nouveau nom : Aurelio Andreazzoli. Un entraîneur quasiment inconnu de 59 ans, mais qui est loin d’être un petit nouveau dans la maison giallorossa. De fait, Andreazzoli est arrivé à la Roma en 2005, en même temps que Luciano Spalletti, dont il a été l’assistant pendant quatre saisons. À l’époque, il s’occupait essentiellement de l’analyse technique et tactique des adversaires. Après le départ de Spalletti, Andreazzoli est toutefois resté à Rome, toujours en tant qu’assistant, puis a pris la casquette de collaborateur technique sous les règnes de Luis Enrique et Zeman. Pour la première fois, il va donc sortir de l’ombre pour goûter à la lumière.

Assistant pendant dix ans

N’allez pas chercher les expériences d’Andreazzoli. Elles sont quasiment nulles. Avant d’arriver à la Roma, il avait déjà été l’assistant de Spalletti à l’Udinese. Et avant ? Avant, le natif de Massa avait écumé les divisions inférieures, en s’asseyant tour à tour sur les bancs de Pietrasanta, Castelnuovo (D6), Massese (D3), Tempio, Aglianese (D4), Grossetto (D5) et Alessandria (D4). Bref, pas de quoi casser trois pattes à un canard. Se rendant compte que tout cela ne le mène pas à grand-chose, Andreazzoli saisit une chance unique. Lors du stage pour devenir entraîneur, à Coverciano, il avait sympathisé avec Luciano Spalletti. Lorsque ce dernier lui propose de devenir son assistant à Udine, il n’hésite donc pas une seconde. Tout en sachant qu’il s’assoit peut-être définitivement sur une carrière de coach « premier » . Car, lorsque l’on devient assistant, difficile de redevenir le patron par la suite. Et de fait, de 2003 à 2013, Andreazzoli va se contenter des seconds rôles, derrière Spalletti, donc, mais aussi derrière Ranieri, Montella et les déjà cités Luis Enrique et Zeman. Finalement, le licenciement de Zeman est une aubaine pour lui.

La Roma n’a pas franchement le temps de chercher un nouvel entraîneur et se tourne donc vers lui. D’autant que les dirigeants, très critiqués eux aussi (à Trigoria, les tifosi les ont traités de « Laziali » , injure suprême), ont compris l’urgence du moment : pour remettre cette Roma sur pied, il faut un homme qui en connaisse tous les rouages. Et en cela, Andreazzoli est la personne idéale. Il connaît tous les joueurs depuis des années, a partagé de grandes victoires avec eux, de grandes déceptions aussi. On pourrait presque parler d’un papa (Rodrigo Taddei, en 2006, avait inventé une feinte qu’il avait baptisé « Aurelio » en l’honneur d’Andreazzoli). Franco Baldini, le directeur de la Roma, le définit comme « la mémoire historique de tous les techniciens qui l’ont précédé » . Quant à l’avenir du coach sur le banc giallorosso, Baldini préfère pour le moment rester évasif. Peut-être par peur, encore une fois, de ne pas tenir ses promesses auprès des tifosi. « Andreazzoli représente une solution temporaire, mais nous avons aussi l’espoir qu’elle puisse être définitive. » D’accord. Version footballistique de « la Terre est bleue comme une orange » , de Paul Éluard.

Cinq points de retard sur les places européennes

Que va donc pouvoir faire Andreazzoli de cette Roma ? Une Roma qui a des forces, c’est une certitude, mais aussi des faiblesses. Cette saison, comme la saison dernière d’ailleurs, elle a alterné le meilleur comme le pire. À lui de gommer, dans la mesure du possible, les mauvais aspects. Le nouveau technicien n’a pas tardé à prendre les choses en mains. Cet après-midi, la Roma se déplace à Gênes pour y affronter la Sampdoria, et le bon Aurelio a posé les bases. « Nous savons où nous voulons aller et comment y arriver. Le classement, je préfère ne pas en parler. Zeman avait donné la priorité à des choses qui auraient porté leurs fruits sur la durée. Pour le moment, mon objectif principal, c’est de régénérer l’équipe et de retrouver la confiance perdue » , a-t-il martelé lors de sa première conférence de presse officielle. Évidemment, Andreazzoli connaît cette Roma sur le bout des doigts. Il a connu la Roma offensive et joueuse de Spalletti, la Roma cynique de Ranieri, la Roma bipolaire de Luis Enrique et la Roma doublement bipolaire de Zeman. Son but : mélanger toutes ces informations et en retirer le meilleur, pour finir la saison de la meilleure des façons.

« Moi, je choisirai 11 joueurs et j’essaierai d’utiliser au mieux leur potentiel. J’ai besoin de force, de résistance, de qualités tactico-techniques, de cœur. Ceux qui pourront me donner ça joueront » , a-t-il affirmé. Pas compliqué de lire entre les lignes : fini le jeu « champagne » de la Roma zémanienne, qui attaque à neuf, qui défend à deux, qui réalise parfois des matchs monstrueux (le Milan AC balayé en une mi-temps, la Fiorentina détruite), mais aussi des matchs catastrophiques (3-0 en une demi-heure à Turin, le derby, le 4-1 de Naples). La Roma d’Andreazzoli veut, avant tout, des résultats. La situation au classement est loin d’être désespérée. La Louve est huitième, certes, mais ne compte que cinq points de retard sur les places européennes. Et puis, il y aura, au moins d’avril, une finale de Coupe d’Italie à aller chercher (demi-finale aller remportée 2-1 contre l’Inter). Bref : Andreazzoli a du pain sur la planche, une équipe à redresser, mais sait aussi qu’il a de belles choses à accomplir. En peu de temps, certes, mais le jeu en vaut la chandelle. Sur le plan personnel, c’est aussi l’occasion de prouver à tous qu’il a désormais les épaules pour ne plus être « l’assistant de » . Mais bien le seul patron à bord.

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