- France
- Ligue 1
- 20e journée
- Troyes/Lyon (1-2)
Lyon bien payé à Troyes
Sur fond de « Lisandrogate », et une semaine après la catastrophe d'Epinal, l'OL a tremblé contre Troyes pour son premier match de championnat en 2013. Le scenario a fini par sourire à des Lyonnais passés maîtres de la Ligue 1.
Lyon bat Troyes: 2-1Troyes : B. Nivet (38e) Lyon : M. Gonalons (11e), S. Umtiti (75e)
Toutes voiles dehors, le navire OL est en tête du championnat à la trêve. Rémi Garde et son équipe ont mis en veilleuse le bla-bla sur leurs capacités à retrouver le devant de la scène. Mais sous les yeux d’un Jean-Michel Aulas affamé, la belle ambiance a été brisée dès le premier match de l’année. La faute à un dérapage incontrôlé en Coupe, chez les amateurs d’Epinal. Sur la pelouse de l’ESTAC ce samedi, le but était donc d’oublier et conjurer le sort. L’occasion de dépasser Paris, coupable d’un nul contre Ajaccio, rendait la victoire un peu plus obligatoire pour la reprise de la Ligue 1. Le cahier de charges est rempli tant bien que mal par les Gones (2-1).
Nivet, star du potager
Débarqué au quasi complet, Lyon présente son équipe type. La nouvelle titularisation de Rachid Ghezzal est à souligner. Gourcuff débute, lui, sur le banc. Devant, Lisandro est bien là. Sans brassard. Placé sur la liste des transferts, possible que l’Argentin ne soit pas chaud à l’idée de conserver son statut… Maxime Gonalons le remplace. Si malaise il y a, cela se ressent dans le jeu rhodanien. Troyes est tout de suite à l’attaque. Sur une volée de Stéphane Darbion, Rémy Vercoutre réalise une première parade. Un peu engourdies, les jambes lyonnaises se détendent. Les passes sont plus précises, les interventions tranchantes. Suite à une mine sur coup franc de Michel Bastos, Yohann Thuram boxe la balle. Corner de Steed Malbranque. Qui donne but de Gonalons. L’international fête son capitanat d’un modèle de coup de tête (0-1, 11e). Lyon n’a besoin que de dix minutes pour se mettre en confiance. Victime de cette impitoyable réalisme, les hommes de Jean-Marc Furlan ne lâchent rien. La récompense pointe le bout de son nez. À la conclusion d’un beau mouvement, Darbion frappe de nouveau les gants de Vercoutre. Dans la foulée, Corentin Jean vendange à bout portant. L’attaquant de 18 ans se défonce pour égaliser. Il n’a pas encore la qualité de frappe, la vista et le tempo de Benjamin Nivet. À 35 ans, le divin chauve de l’ESTAC envoie sa superbe reprise du gauche sous la barre du successeur d’Hugo Lloris (1-1, 38e). Deux mois et demi après avoir offert sa première victoire à son club contre l’OM (1-0, 9e journée), Nivet marque son septième but de la saison. Score logique et nul à la mi-temps. La tête prise et davantage frustré qu’en début de match, l’OL montre tous les signes d’une équipe sur le point de rater le coche.
Trois points en plus. Gonalons et Malbranque en moins ?
Les éclats de voix de Rémi Garde dans le vestiaire – il n’a pu en être autrement – se poursuivent dès l’entame de la seconde période. Le coach olympien est à deux doigts de se boucher une artère quand Benjamin Nivet loupe son doublé. Métamorphosé sosie d’Ivan de la Pena, le Troyen fait honneur au travail de ses compères plus défensifs du milieu, Obbadi et Ngoyi. Le milieu formé au PSG, notamment, n’hésite pas à accompagner les offensives auboises. Habitué à faire la course derrière, le promu s’accroche à ce point en laissant le sac de béton au garage. Une philosophie joueuse que Lyon maîtrise mal. Les désagréments sont nombreux : la fluidité n’y est pas, Gonalons joue avec une cheville abîmée, Lisandro foire une occasion à l’heure de jeu. Un Licha qui paraît agacé. Allez comprendre… Face à la domination troyenne, pour le moins inattendue, Garde change de casting en cinq minutes. Exit Ghezzal, Bafé Gomis et Malbranque, lui aussi touché. Lacazette, Fofana et MVuemba entrent sur le pré.
Si la conservation du ballon redevient la propriété des Lyonnais, la menace reste grande. Le suspense des vingt dernières minutes se résume à observer un candidat au titre lutter contre ses maux. Et c’est en candidat au titre que l’OL va se comporter. Pas sur un joli but. Non. Sur un pion un peu chanceux de Samuel Umtiti qui, sur corner, fait un mur sur Camus avant de tromper Thuram (1-2, 75e). Appâtés par la prime de victoire, ou bien apeurés par le martinet de JMA, les Gones ne cèderont plus rien. Les Aubois peuvent fait part de leur déception de voir un jeu courageux non gratifié. Côté rhodanien, cette quatrième victoire en déplacement fait du bien à la tête. Trois points synonyme d’un club qui sait encore remporter ces matchs où les circonstances se montrent vachardes. « Le plus gros concurrent de Paris pour le titre, c’est Paris lui-même » . La phrase toute faite n’a peut-être pas atteint sa date de péremption. Mais c’est bien Lyon qui nargue le PSG en tête du championnat.
Par Pierre Girard