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Liverpool-Roma, frissons garantis
Bayern Munich-Real Madrid, c’est l’assurance de voir deux matchs flamboyants. Liverpool-Roma, pas forcément. Pourtant, ce remake de la finale de C1 de 1984 présente un charme fou.
Andriy Shevchenko doit encore faire des cauchemars de cette nuit stambouliote. Le 25 mai 2005, le meilleur joueur du monde (il avait remporté le Ballon d’or en 2004) se voyait déjà marquer le but qui allait offrir la Ligue des champions à l’AC Milan à la 118e minute face à Liverpool. Centre de Serginho, tête puissante de l’Ukrainien, arrêt de Dudek, reprise à un mètre de la ligne, nouvel arrêt de Dudek. Le miracle dans le miracle d’Istanbul. Treize ans plus tard, en plongeant ses doigts dans le saladier du dernier carré de la C1, l’ambassadeur de la prochaine finale, qui aura lieu à Kiev, a eu la main heureuse pour les Reds. Le Real Madrid et le Bayern Munich, les deux favoris, se retrouvent un an après (la saison dernière, c’était au stade des quarts), ils laissent surtout la possibilité à Liverpool et la Roma d’espérer une qualification en finale. Chouette.
Où sont passées les surprises ?
L’AS Roma n’a plus atteint ce stade de la compétition de la C1 depuis 1984, l’année où elle s’est fait cuisiner en finale, chez elle, façon spaghetti legs du chef Bruce Grobbelaar. Pour Liverpool, c’est une première depuis 2008 et un duel épique contre Chelsea qui s’est conclu en prolongation à Stamford Bridge (1-1, 3-2). Le simple fait de retrouver des équipes prestigieuses, mais peu habituées aux épopées en C1 ces dernières années, rend ce duel alléchant. Depuis une quinzaine d’années, les surprises ont disparu en Ligue des champions. À ce titre, les quarts de finale de la cuvée 2017-2018 sont une exception. Depuis la finale Monaco-Porto de 2004, seuls Schalke 04 en 2011 (bourreau de l’Inter en quarts) et Monaco en 2017 (tombeur de Man City et Dortmund) ont bousculé la hiérarchie.
De la saison 2011-2012 à 2016-2017, seuls dix clubs ont atteint le dernier carré. Le Real Madrid, le Bayern Munich, l’Atlético et Barcelone se partageant plus de 70% de la répartition des clubs en demies à cette période (17 tickets sur 24). À l’ère où les droits TV de la C1 sont distribués en fonction de la puissance économique des championnats et non plus en fonction de la simple performance sportive, à l’ère post-Bosman où des grands clubs comme l’Ajax n’ont pas le temps de lancer un jeune qu’il est déjà vendu en Premier League, la Ligue des champions est devenue une mini-ligue fermée à partir des demi-finales.
Un finaliste inattendu, enfin
Alors, certes, Liverpool est un club riche présentant cette saison un budget avoisinant les 360 millions d’euros, tandis que la Roma évolue en Serie A, il s’agit de deux puissants sur l’échiquier européen en comparaison avec d’autres clubs prestigieux relégués au rang de faire-valoir en phase de poules tels le Celtic, l’Ajax, Anderlecht… mais savourons au moins le fait de pouvoir compter sur un finaliste inattendu. Pour une fois.
Anfield n’est jamais mieux drapé que dans ses habits européens. Le Stadio Olimpico est cet endroit d’exception où la tribune de presse peut s’enflammer avec les braises de la curva. Il n’y aura pas la solidité du tandem Boateng-Hummels en défense. Mais il y aura le style approximatif et pittoresque de Dejan Lovren. Il n’y aura pas de Cristiano Ronaldo pour réaliser un retourné ultime à dix mètres du sol. Mais il y aura un Kóstas Manolás capable de se mettre en transe après avoir claqué un coup de tête rageur. Liverpool-Roma !
Par Florian Lefèvre