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« Les noms des footballeurs sont super chiants à prononcer »

Talentueuse et charmante co-présentatrice de L’Expresso tous les week-ends de 9h à 10h, Mariella Tiemann, la classe allemande de beIN, revient avec une belle énergie et un vrai humour sur son parcours, l’évolution du foot à la télé et Ancelotti. Entre autres.
Pourquoi as-tu choisi d’aller chez beIN Sport en 2013 après plusieurs années chez Canal ?C’est grâce à Darren Tulett, tout simplement. J’avais bossé avec lui à la fin des années 2000 sur Canal + Sport dans l’émission Fabulous Sport, où je faisais en quelque sorte la visite guidée de la maison des sportifs. Ça a duré quelque temps et j’ai fini par faire une pause. J’ai eu deux petits garçons d’affilée, et ça m’a pris la plupart de mon temps pendant trois ans et demi. En 2013, Darren m’a toutefois recontacté à un moment où j’avais besoin de retravailler. J’avais de telles relations avec lui que je n’ai pas hésité une seconde. À l’époque, on était un peu les deux étrangers de Canal, ça a forcément créé des liens.
On a souvent considéré Darren Tulett comme l’ « Anglais de service » . Tu as eu le droit à ce genre de réflexions également ? Non, je n’ai jamais rien entendu de tel. Il faut dire que j’en ai beaucoup joué également. Je n’ai jamais hésité à me moquer de moi-même. Et puis j’assume à 100% mon background allemand et le fait de préférer la Bundesliga à la L1 ou la Serie A. Ça reste du sport, après tout. Pour moi, il faut prendre ça avec légèreté. Il y a quelques semaines, par exemple, je critique un peu la prestation de l’OM et je reçois plein de message sur Twitter comme quoi mon propos était honteux. Calmez-vous, les gars ! Ça ne sert à rien de tomber dans l’extrémisme. Avoir un peu de recul, ça ne fait pas de mal. Pour revenir sur ton arrivée à beIN, on a l’impression que c’est surtout ton réseau qui t’a incité à rejoindre la chaîne. Le projet t’intéresse-t-il également ? Bien sûr, le projet est passionnant. Cela dit, je marche également beaucoup à l’affect. Je pense que l’entente avec le reste de l’équipe est primordiale, sinon l’ambiance sur le plateau en pâtira. Mon binôme avec Thomas Desson, par exemple, fonctionne à l’antenne parce qu’on s’entend très bien en coulisses. Si c’était l’inverse, ça se ressentirait.
À ce propos, elle fonctionne comment, votre émission ?L’idée, c’est vraiment d’informer les téléspectateurs des différents résultats sportifs avec bonne humeur, humour et expertise. On est partis du principe que les gens, le matin, ont envie de rire, qu’ils connaissent déjà les résultats de la veille et qu’il faut leur apporter de quoi satisfaire leur envie en leur donnant deux-trois statistiques, une petite interview et les images de la rencontre. Ainsi, ils peuvent profiter d’un réveil en douceur, sans jamais se sentir agressés.
L’Expresso a bien évolué depuis, non ? Au début, ce n’était qu’une demi-heure. Aujourd’hui, c’est une émission d’une heure découpée en deux parties. Pour animer le plateau, on essaye d’avoir un ou plusieurs invités par jour. Plus il y en a, plus l’audimat est important. Par conséquent, on essaye d’avoir un panel assez large, on ne s’arrête sur aucune catégorie. Et c’est ce qui est intéressant : Benjamin Moukandjo, par exemple, ne parle pas du tout de la même façon qu’Olmeta ou Casanova. Ce dernier est venu deux fois dans l’émission : en tant qu’entraîneur du TFC et quelques semaines après avoir quitté ses fonctions. Ça a été intéressant de voir qu’il paraissait nettement plus libéré, nettement plus enclin à parler. Pareil pour Mahamadou Diarra : il est venu sur le plateau il y a quelques semaines et le propos qu’il a tenu sur l’OL n’aurait pas pu être tenu par un jeune joueur qui tente de percer. L’idée, c’est donc de confronter les points de vue et de mettre en confiance nos invités afin de favoriser le dialogue une fois en direct.
Le choix des invités, justement, il se fait comment ?On fait ça main dans la main avec Thomas et on ne se refuse personne. Ça peut être aussi bien des sportifs en activité et des présidents que de jeunes auteurs et des athlètes atypiques comme des spéléologues. Quant au football, on avait vraiment l’intention de prouver que les footballeurs ne sont pas tous des petits cons gagnant des millions en tapant dans un ballon. On veut montrer l’humain derrière tout ça. Lorsqu’on a invité les frères Escudé, par exemple, ça a été très touchant de les entendre analyser leur carrière respective.
Il y a eu d’autres rencontres qui t’ont marquée ?Il y a eu beaucoup de fous rires avec des sportifs qui profitent de la moindre occasion pour faire des conneries. Je ne dirais pas les noms, mais certains sont très dissipés (rires). En revanche, la venue de Gérard Houllier a été très passionnante, son propos était très intéressant. De même que la venue d’Hervé Dubuisson. La façon dont il a évoqué son accident de moto m’a rappelé une situation personnelle et ça m’a beaucoup touché.
En fait, le seul défaut de beIN, c’est d’être payant, non ?Pour moi, le seul défaut, c’est que je ne fais pas assez d’émissions, sinon tout me paraît parfait (rires). Plus sérieusement, je vois ce que tu veux dire, mais le tarif reste très abordable pour une palette aussi complète avec des journalistes très compétents. Franchement, entendre Luis Fernandez et Éric Roy parler de foot entre eux, ça n’a pas de prix. Les mecs connaissent le numéro et le nom du joueur qui a marqué un but lors d’un Marseille-Sochaux en 1994. C’est dingue ! C’est comme ce mec qui a réussi à prouver que Zlatan avait égalé le record de Ronaldo en ayant marqué à chaque minute d’un match. Tu imagines le gars en train de comptabiliser les buts de Zlatan ? Il faudrait qu’on l’invite, d’ailleurs (rires). Bref, je m’égare ! Tout ça pour dire que tous les fous de sport ne peuvent que se régaler sur beIN. Et il y en a 24h/24 avec les rediffusions. Moi, par exemple, j’ai regardé le match OM-PSG deux semaines après sa diffusion. Lorsque mon copain m’a surpris, il s’est forcément moqué de moi (rires).
Peux-tu comprendre malgré tout que certains téléspectateurs regrettent le temps où les matchs de Ligue des champions étaient visibles pour tous ?Malheureusement, il faut qu’ils comprennent que certaines chaînes ne peuvent pas déprogrammer Joséphine ou leur énième série policière (rires). Pour ma part, je trouve ça acceptable de payer pour avoir accès à de tels championnats. Ça ne doit pas être un frein. Et puis les émissions sont quand même d’une grande qualité, et les journalistes ne se prennent pas la tête. Moi, par exemple, je sais pertinemment qu’une fois sur deux, j’écorche les noms des footballeurs. Je n’y peux rien, leur nom sont super chiants à prononcer (rires). Si seulement ils pouvaient tous s’appeler Schweinsteiger ou Müller (rires).
À ce propos, ça donne quoi les émissions sportives en Allemagne ?Je suis partie d’Allemagne lorsque j’avais 15 ans et j’avoue ne plus trop avoir suivi la télé depuis. Je suis trop ancrée en France !
Malgré tout, tu penses qu’il y a une différence essentielle entre la culture du sport en Allemagne et en France ?Je n’ai pas l’impression qu’il y a une énorme différence. Dans les deux pays, le sport est extrêmement fédérateur, mais son approche est peut-être plus familiale en Allemagne. Mais bon, je risque de dire des bêtises si je vais plus loin dans l’analyse.
En Allemagne, tu es supportrice d’un club allemand en particulier ?Mon club de cœur, ça reste bien sûr Hambourg puisque j’y suis née, mais je fonds littéralement devant le Bayern depuis plusieurs années. Après tout, comment ne pas être admirative devant un tel jeu : c’est beau, c’est fluide et c’est hyper efficace. On le voit encore cette année : le Bayern gagne facilement, alors que Dortmund et, surtout, le Hertha sont revenus au sommet de leur forme.
Et sinon la signature d’Ancelotti au Bayern, tu en penses quoi ?C’est l’homme qu’il faut : il a de l’expérience, beaucoup de maturité, il ne refuse pas le jeu et il peut mener le Bayern encore plus loin. Bon, je ne te cache pas que Pep va quand même me manquer. Il est nettement plus sexy, non ?
C’est difficile de dire le contraire. Cela dit, j’imagine que ce n’est pas le physique des footballeurs qui t’a attiré en premier lieu ?Étant donné que ma grande sœur faisait du cheval, lorsque j’étais petite, j’étais tout le temps en train de traîner avec mes deux grands frères, passionnés de foot. Ce sont eux qui m’ont emmené pour la première fois au stade, eux qui m’ont acheté ma première écharpe de supportrice, eux qui m’ont donné goût au sport et à sa pratique. Cela dit, je n’avais jamais vraiment pensé être journaliste sportive. Ça m’est tombé dessus par hasard. C’est d’ailleurs pour ça que je ne me prétends pas experte, je suis juste curieuse. Par exemple, depuis que je suis amenée à traiter de la L2 le vendredi, je me passionne réellement pour cette division. Le travail de Corinne Diacre à Clermont est fascinant.
Tu penses que c’est toujours aussi difficile pour une femme de s’imposer dans ce milieu de mecs ?C’est évident que le milieu sportif est encore plus difficile à investir pour une femme. Ça reste un milieu très masculin, même si c’est devenu plus souple ces dernières années. On est toujours jugé deux fois plus sévèrement lorsqu’on est une femme, comme si on devait bossait plus dur pour arriver au même résultat. Je suis donc d’accord pour dire qu’il en faudrait plus, à la télé comme dans les médias écrits. Après tout, vous avez le même problème à So Foot, non ? (rires)
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