- Euro 2012
- Victoire finale de l'Espagne
Les cinq hommes du titre de l’Espagne
Troisième titre majeur en quatre ans pour l'Espagne, c'est fou. Difficile de sortir des mecs de ce collectif si bien huilé, pour ne pas dire parfait. Dans cette formation magique que l'on appelle "Roja", ils sont pourtant cinq à s'être montrés un peu plus que les autres...
Iker Casillas
Pour vous classer la légende, le dernier à avoir défloré le portier espagnol dans une rencontre internationale à élimination directe s’appelle Zinedine Zidane. C’était le 27 juin 2006. Depuis, San Iker a enquillé dix matches couperets de rang sans encaisser le moindre pion. Dans ce laps de temps, il a ramassé deux Euros, une journaliste sexy chocolat et une Coupe du monde dans la besace. On a beau le répéter, mais le portier du Real Madrid est un monument. Et cet Euro n’a pas échappé à la règle. Bien que très peu inquiété par les attaquants français, portugais et italiens, San Iker n’a jamais failli. Des parades quand il le fallait, un jeu au pied parfait, des sorties aériennes pleines d’autorité et un brassard de capitaine qui le transcende. Mieux, contre l’Italie, le lascar a remporté sa centième victoire avec sa liquette internationale. Personne n’a fait mieux. Et s’il faut en remettre une couche, il suffit de se pencher sur ses statistiques. Durant cet Euro, Iker n’aura pris qu’un seul but, lors du premier match contre l’Italie. Un putain de mur.
Sergio Ramos
Au départ, Carles Puyol devait former la charnière défensive espagnole avec son collègue Gerard Piqué. Sergio, lui, était en charge du côté droit de la défense, celui promis aux moins que rien. Puis, Puyol s’est pété et Ramos a basculé dans l’axe. Théoriquement, le Barcelonais concubin de Shakira restait le plus doué des deux. Sauf qu’en six matches, l’ancien du FC Séville a comblé le retard sur son pote et l’a même doublé. Adieu le défenseur stupide, un peu rustre et parfois ultra-violent, place à un bijou de sobriété, d’amoureux de duels et de relances propres. Cette année, le défenseur a pris une autre dimension. La sélection a également bénéficié de son repositionnement dans l’axe au Real Madrid. Vice-capitaine derrière Iker Casillas, Ramos aura sorti un Euro quasi-parfait, ponctué d’une Panenka face au Portugal en demi-finale… À 26 ans et déjà 92 sélections, l’Espagne tient sans doute le meilleur défenseur central du monde pour les quatre prochaines années. C’est bien simple, sous son aura et son abattage, Piqué a pu faire la sieste pendant six matches, Ramos était partout. Toujours. Tout le temps. Personne n’a rien vu.
Xabi Alonso
La première passe la plus classe d’Europe. Et la seconde aussi. Allez, la troisième également. Bref, Xabi Alonso est un joueur de l’ombre, car il n’a pas l’intelligence d’un Xavi ni le talent d’un Iniesta, Xabi Alonso a donc ce que l’on pourrait appeler un problème de riches. Outre son doublé contre les Bleus en quart de finale, le milieu de terrain du Real Madrid est un formidable métronome qui sait se faire vicieux quand le jeu l’exige. Xavi commençant à porter le poids des ans – en toute relativité quand on regarde sa finale -, Xabi Alonso a semblé prendre plus de poids dans la distillation de la gonfle au sein du collectif ibère. Génial quand il s’agit d’ouvrir en deux un rideau défensif par une transversale de velours, l’ancien de Liverpool possède également dans son couteau suisse manuel ce jeu court qui fait le régal des écoles de football du pays. Le rouquin est avant tout un esthète au geste juste. Durant tout le tournoi, il n’a jamais baissé de niveau de jeu et ne s’est pas laissé abattre par son pénalty manqué lors de la séance de tirs au but face au Portugal en demi-finale. Un patron au palmarès royal. Un de plus.
Jordi Alba
LA trouvaille espagnole du tournoi. Formé à la Masia avant d’exploser à Valence, le gaucher – milieu ou latéral – a mis l’Europe à ses genoux en l’espace de six matches. Monté sur 10 000 volts, Jordi Alba est la nouvelle terreur ibérique. À seulement 23 ans et quelques matches internationaux dans les crampons, le natif de L’Hospitalet de Llobregat a jeté un froid sur le Vieux Continent. Jordi vient d’être fraîchement récupéré en plein cœur de l’Euro par le Barça, dès lors l’Espagne et toute l’Europe se demandent déjà comment résoudre cette saloperie d’équation qui s’écrit « Jordi Alba + Andrés Iniesta » sur le côté gauche du mes que un club. Comme toute la Roja, Alba est monté en puissance. Passeur décisif contre les Bleus, il a été très solide contre le Portugal avant de secouer entièrement le back fouritalien en finale. Sans parler de son but. Un appel lancé depuis son propre terrain pour finir en one-one face à Buffon pour l’exécuter de sang-froid. Certes, des hommes d’un seul tournoi, l’Euro en a connu (jurisprudence Miguel), mais quelque chose nous dit que Jordi Alba refera causer de lui. Même Pep Guardiola se dit tout excité à l’idée de voir le jeune homme au Camp Nou. C’est con, mais nous aussi.
Andrés Iniesta
Que dire de plus sur l’enfant-lune ? Dieu lui a tout donné niveau football, mais a fait le radin sur son charisme. Et encore, c’est relatif. Quoi qu’il en soit, sur le pré, le milieu de terrain est le plus grand joueur du monde. Toujours la passe juste. Le décalage subtil. Le ballon qui débloque une action. Le geste qui désorganise une défense. La feinte qui fout un système entier en l’air. Pied gauche. Pied droit. Milieu. Ailier. Numéro dix. Peu importe la sauce, Iniesta se déguste à toutes les saisons. Cet homme n’a jamais raté un grand rendez-vous. Pas un seul. En finale, tout part de lui. Encore. Il est partout et repart avec tout. Ou presque. Tout le monde le sait, Andrès n’aura jamais de Ballon d’Or. Peu importe, dans nos coeurs, il restera le meilleur joueur du monde. Lionel Messi et Cristiano Ronaldo peuvent enquiller les buts, Andrès a mieux à faire. Il gagne des trophées majeurs, lui. En un mot comme en mille : génial.
On aurait évidemment pu citer aussi : Xavi pour son immense finale, David Silva et ses mini-crochets, l’avant-centre Cesc Fàbregas, l’indispensable Sergio Busquets ou même le bonheur retrouvé de Fernando Torres, tous auteurs d’un Euro de haute volée. Une fois de plus…
Par Mathieu Faure