ACTU MERCATO
Les bonnes affaires de Jupiler League
Le mercato hivernal, c’est souvent l’occasion de dénicher les bonnes affaires. Et, autant être clair, de rattraper le coup en cas de transferts estivaux foireux. Mine de rien, la Jupiler Pro League fait figure d’excellent tremplin pour les jeunes joueurs, vers des compétitions plus huppées. Le championnat belge est un vrai révélateur de talents. En vrac, les locaux Kompany, Lukaku, Fellaini, Witsel, les talents « oubliés » Demba Ba, Jovanovic, Perisic, Dante ou la colonie ivoirienne avec Yaya Touré, Gervinho, Eboué ou Zokora. Et même Jean-Pierre Papin, en son temps. Si si. Voici notre sélection des bonnes affaires à réaliser en Belgique pour les clubs de Ligue 1.
1) Matias Suarez (Anderlecht) : Le flamboyant
Il est jeune (23 ans), il est bon, il est argentin, il joue pour Anderlecht. Bon, celui-là ne partira pas pour moins de 7 ou 8 millions d’euros. Un peu cher, mais l’attaquant est capable d’occuper tous les postes offensifs. Un pari réalisable pour des clubs comme l’OM, Lyon. Une paille pour le PSG, même si vu la récente politique de recrutement des Franciliens, on penchera plutôt pour le recrutement d’un nom plus prestigieux.
Après trois années mi-figue-mi-raisin d’adaptation à la pluie, à la neige et aux froids des pelouses belges, « Mati » Suarez explose enfin. Il étale sa technique, sa vitesse, son élégance. Meilleur buteur de cette Europa League avec un Anderlecht(7 buts) qui facture 6 victoires en 6 matchs de poules, il aligne aussi des prestation de qualité en championnat(7 buts également). Aux dernières nouvelles, Arsenal et l’OM le tenaient à l’œil. Un diamant brut, mais fragile mentalement.
2) Sebastien Pocognoli (Standard de Liège) : Le taulier
A 24 seulement, Sebastien Pocognoli a déjà tout du taulier. L’arrière gauche du Standard de Liège a déjà connu le succès à AZ Alkmaar avec un titre de champion des Pays-Bas en 2009. Après deux saisons pleines, son club connait des difficultés financières, et il revient en Belgique en janvier 2010. Titulaire au sein de la sélection belge demi-finaliste aux JO de Pékin, il se rapproche lentement mais surement d’une place en équipe nationale. Rarement blessé, fort offensivement, il dispose d’un bon pied gauche, distille des centres précis, les phases arrêtées, et agrémente le tout de montées offensives intéressantes, d’un excellent tacle. Il est défensivement satisfaisant malgré un placement et un jeu de tête encore perfectibles. La direction du Standard aurait mis sa tête à prix pour 4 millions d’euros. Une alternative pour suppléer à l’OM un Jérémy Morel inconstant ou Armand au PSG ? Attention à ne pas traîner, la Fiorentina serait sur la balle.
3) Mohammed Tchite (Standard de Liège) : Le buteur sans passeport
Le meilleur rapport qualité-prix assurément. Un attaquant très véloce, combatif, qui trouve facilement le chemin des filets. A 27 ans, le buteur aux quatre passeports (Belgique, Rwanda, Burundi et Congo) enchaine les pions en championnat comme en Europa League, après un début de saison difficile. Une pige de trois saisons en Liga à Santander, et le voila qui respire la forme à la pointe de l’attaque du Standard de Liège. Un club qu’il avait rejoint principalement pour attirer l’attention du sélectionneur des Diables rouges, le contesté Georges Leekens. Pas de chance, la FIFA lui refuse l’autorisation de défendre les couleurs de la Belgique, il est pourtant naturalisé belge depuis 2008. Mais une affaire ubuesque de match disputé avec les espoirs burundais, de faux papiers et d’incompétence traditionnelle de l’Union belge de football semble lui laisser peu d’espoir. Du coup l’attaquant à la nationalité incertaine a des envies d’ailleurs. Saint-Étienne était près de décrocher sa signature cet été pour 2,5 millions d’euros. A charge de revanche ?
4) Vadis Odjidja-Ofoe( FC Bruges) : L’ambitieux
22 ans, un physique de déménageur, une frappe de mule, une technique intéressante, et leader sur le terrain, Vadis réalise une première partie de saison en boulet de canon avec le FC Bruges. Placé la saison lors du défunt championnat en milieu défensif, il jouait les aboyeurs du milieu de terrain. Une injure à son talent. La saison dernière, vexé par les critiques de la légende du club, Gert Verheyen, il rétorque. « Mais qu’a finalement prouvé Verheyen ? Il a seulement joué toute sa carrière ici. J’ai plus d’ambition » . Les supporters outrés le clouent au pilori. Cette saison, il se fait pardonner et explose un cran plus haut dans un rôle plus libre. Une excellente recrue pour un club du sub-top français, style Rennes, Toulouse ou Bordeaux, disponible pour moins de 5 millions d’euros.
5) Christian Brüls (La Gantoise) : Le pari
La bonne pioche par excellence. Pour seulement 1 million et demi d’euros, il ferait probablement le bonheur d’un club du ventre mou de Ligue 1. Exilé en Turquie à 20 ans, puis aux Pays-Bas, sans vraiment de réussite, le milieu créatif belge de 23 ans régale les spécialistes cette année à Gand, 2ème du classement à un point d’Anderlecht. Le genre de talent précoce, qu’on pensait perdu pour le haut niveau mais qui ressurgit spontanément tel un Franck Ribéry, après un début de carrière chaotique. Un vrai pro qui ne voyait pas de problème à griller ses 15 cigarettes par jours. Il a cessé de fumer il y a six mois. « Ma condition physique s’est améliorée. J’estime pouvoir faire 10% d’efforts en plus que par le passé. Cela peut être très important dans une rencontre » , confiait-il à 7sur7. Des nouvelles de Stefan Effenberg ?
6) Nabil Dirar (FC Bruges) : La raclure
Une sorte Hatem Ben Arfa marocain, en plus irritant, arrogant et provocateur. En un mot : talentueux. C’est un pur produit du football de rue, loin du footballeur formaté, labellisé centre de formation et vendu aux kilos dans tout l’hexagone. A se demander ce qu’un tel artiste du ballon rond, rapide, capable de jouer indifféremment des deux pieds, et de faire la différence à n’importe quel moment, fabrique encore en Jupiler Pro League à 25 ans. Ah si, irrégulier, ses statistiques sont totalement insuffisantes pour un joueur de ce niveau (18 buts en 83 matchs). Son mental est défaillant. Le genre de joueur au tempérament bouillant, capable de se friter avec Vadis son coéquipier puis de quitter le terrain furax, alors qu’il n’avait écopé que d’une carte jaune, d’insulter ses propres supporters qui le sifflent et de se voir reverser dans le noyau B pour écart de conduite. Mise à prix ? 3 millions d’euros. Un pari audacieux, tant le joueur semble difficile à gérer. Mais on ne gagne pas de titres avec 11 agneaux dans le vestiaire.
7) Guillaume Gillet (Anderlecht) : L’infiltré
L’homme en forme. Une occasion à saisir pour 4 à 5 millions d’euros approximativement, le Galatasaray le suivrait de près. Le Belge de 27 ans a réellement passé un cap cette année, il a déjà inscrit 10 buts en championnat et 5 buts en Europa League, et sans botter de phases arrêtées ! Des statistiques impressionnantes pour un milieu de terrain infiltreur, parfois aligné côté droit, qui font de lui tout simplement le médian le plus prolifique d’Europe. Le Liégeois au serre-tête douteux respire la confiance. Il confiait récemment à propos de sa chevelure généreuse à La Libre Belgique : « Mon père dit que je ressemble à un Taliban. Heureusement que ma barbe ne pousse pas trop vite… Mon père aimerait quand même que je me rase la tête. Il voudrait me voir avec la même coiffure que Steven Gerrard, son idole. » Il ne lui reste plus qu’a copier son style de jeu.
8) Kanu (Standard de Liège) : La sentinelle
A ne pas confondre avec le Kanu d’Anderlecht, élu soulier de plomb 2011. Il partage avec ce dernier une technique plutôt moyenne. Mais le Kanu du Standard de Liège joue arrière central, et s’impose comme ce qu’on appelle un vrai roc défensif, fiable, à la limite de la régularité. Le style de beau bébé d’un mètre 88 qui file des tampons et matraque son attaquant de la première à la dernière seconde. Il aurait mérité d’être
bosniaque, pour former avec Emir Spahic en équipe nationale une belle paire de crapules dans l’axe défensif, ou uruguayen voire argentin. Il est brésilien mais s’en fout, le football samba ce n’est pas trop son truc… Arrivé du Portugal il y a un an à peine, Kanu fait déjà le forcing pour rejoindre une formation plus huppée. Un gage de solidité défensive qui marque facilement sur phase arrêtée. Il forme avec son compatriote Felipe la meilleure défense de l’Europa League, vous savez cette compétition traditionnellement snobée par les clubs français ? Le deal devrait pouvoir se faire entre 2 et 3 millions d’euros. Le Sporting de Lisbonne s’intéresse de près à lui.
9) Silvio Proto (Anderlecht) : La dernière chance
Qui veut sauver le soldat Proto ? A 28 ans, le gardien belge désespère de voir un bon club étranger lui faire les yeux doux. La faute à une longue blessure qui avait retardé sa progression, à l’époque où Arsène Wenger lorgnait sur l’Anderlechtois. Et aussi à cette bourde monumentale commise le 26 novembre contre Zulte-Waregem.(http://www.youtube.com/watch?v=5jdgIEUVyfQ). Pas le dernier non plus à provoquer ou insulter les supporters adverses en cas de besoin… Mais au-delà des apparences, le gardien enchaine les bonnes prestations avec régularité depuis plus de trois ans. Pour 3 millions et demi, il fera le bonheur d’un club de Ligue 1 à la recherche d’un solide dernier rempart.
10) Jelle Vossen (Genk) : Le renard
Même s’il tarde à confirmer son titre de meilleur buteur de l’an dernier, Jelle Vossen reste un attaquant à l’ancienne. Une sorte d’Inzaghi en plus complet, en moins fourbe, en infiniment moins talentueux. Son nom signifie « renards » en néerlandais. Une heureuse coïncidence, il a déjà décoché 9 cagots en championnat et 2 en ligue des Champions, dans une équipe pourtant complètement amputée de ses meilleurs joueurs et extrêmement faible. Un buteur à l’ancienne, pas très rapide, costaud ni technique, mais toujours bien positionné. Pas le style Ligue 1 a priori. Les clubs français ont peut-être été échaudés par la jurisprudence Luigi Pieroni. Mais merde on parle de foot, pas d’haltérophilie. Transférable pour 3 ou 4 millions d’euros.
Bonus
Lucas Biglia( Anderlecht) : Le petit prince du parc
Un excellent joueur mais le montant de son transfert, au moins 8 millions, devrait rebuter pas mal de clubs français, d’autant que de nombreuses grosses cylindrées européennes le suivent. 8 millions, c’est beaucoup pour un joueur évoluant en Belgique, c’est peu pour un international argentin (6 sélections) de 25 ans. A l’aise des deux pieds, le petit milieu de terrain perd rarement un ballon, en récupère un paquet, le relance proprement et oriente le jeu très efficacement, même s’il n’est pas très rapide sur les premiers mètres. Et qu’il marque peu. Pourtant, il n’en finit pas de survoler un championnat de Belgique devenu depuis longtemps trop petit pour lui.
Kevin de Bruyne (Genk) : Le grand espoir
Little Kevin, milieu offensif très créatif, a des atouts à faire valoir. Une frappe de mule, une bonne vision et un grand volume de jeu. Il s’agit indéniablement d’un des grands espoirs du football belge. A seulement 20, l’international éclabousse les terrains de sa technique depuis deux saisons maintenant. Inabordable lors du dernier mercato, quand Chelsea l’avait dans sa ligne de mire, sa cote a peut-être sensiblement baissé. Il faut dire que l’équipe dans laquelle il évolue, Genk, n’a plus rien avoir avec la jeune formation qui avait remporté le dernier championnat, en pratiquant un football offensif. La quasi-intégralité de l’assise défensive a quitté le navire ou s’est blessée (Courtois à l’Atletico Madrid, Mavinga à Rennes, Matoukou à Dnipro etc… ). Du coup, De Buyne, isolé aux avant-postes, traine son spleen dans une équipe qui prend l’eau de toutes parts. L’affaire peut être réalisable pour 7 millions d’euros.
A suivre également : Go Bi Cyriac, Tshimanga, Yassinne El Ganasshy, Thom De Sutter, Ryan Donk, Roland Juhasz, Sinan Bolat, Ghoochannejhad ou Thomas Meunier.
Par Adrien de Marneffe