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  • Interview

Le « Worst Of » de Jérémie Janot

Propos recueillis par Gaspard Manet
7 minutes
Le «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Worst Of<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>» de Jérémie Janot

Sans club pour le moment et en pleine réflexion sur la suite à donner à sa carrière, Jérémie Janot s’occupe, en attendant, de son complexe de foot indoor, à Andrézieux-Bouthéon, le Club 42. Pour So Foot, il a pris le temps de revenir sur les pires moments de sa carrière, et forcément, ils sont nombreux en plus de dix-sept années de professionnalisme. Jérémie « Spider-Man » Janot s’est donc prêté au jeu de la pire interview au monde, et comme toujours avec l’ancien gardien des Verts, c’est avec beaucoup d'autodérision.

Le pire adversaire ?

Il y a Pauleta qui m’a bien cassé les couilles, quand même. Avec lui, c’était des beaux duels, je lui avais même demandé son maillot, parce que c’était vraiment un grand joueur. Des fois, tu te disais : « Bon ce soir, ça va, il m’a foutu la paix » et 30 secondes après, il t’en plantait un. Il ne lui en fallait pas beaucoup pour marquer, de toute façon. Je me rappelle qu’une fois, au Parc, il y a penalty pour le PSG. Je vais le voir et je lui dis : « Je sais où tu tires, je sais où tu vas la mettre. » Il tire et il me prend à contre-pied (rires). Comme quoi, j’aurais mieux fait de fermer ma gueule. En plus, j’étais jeune, il a dû se dire : « Mais c’est qui ce barjot ? » (rires)

Le pire coéquipier ?

Tavlaridis ! Tu vois, c’était vraiment un mec super en dehors, mais alors sur le terrain, qu’est-ce qu’il était casse-couilles ! Il gueulait tout le temps, après tout le monde. En plus, le pire, c’est qu’on ne comprenait rien quand il s’énervait, c’était un mélange de grec, de français avec un peu d’anglais. Des fois, avant le match, on lui disait : « Pas de rouge aujourd’hui, Tavla, hein ? » Et boom, après même pas un quart d’heure de jeu, il mettait un coup de coude à un type, il lui pétait l’arcade. C’était incroyable. J’ai jamais vu un tel contraste chez quelqu’un, parce qu’en dehors, je te parle vraiment d’un mec extrêmement charmant.

La pire engueulade de coach ?

Houla, j’en ai assisté à pas mal. Fred Antonetti, quand il y va, il ne fait pas semblant. Élie Baup, c’est pareil. Galtier, c’est pas mal non plus (rires). Après, je pense que le champion toute catégorie, c’est Robert Nouzaret. Lui, il gueulait vraiment fort, il te rentrait dedans. De toute façon, un vrai coach qui se fait respecter, quand il l’ouvre, personne ne bouge, tu ne la ramènes pas !

Le pire moment de ta carrière ?

Bah, l’un des pires moments, c’est la fin que j’ai connue au Mans, où j’ai été effaré par le discours tenu par les dirigeants. Il n’y avait aucune chance qu’on s’en sorte, et on n’arrêtait pas de nous dire : « Mais si, on va y arriver » (ndlr : le club a été mis en liquidation judiciaire en raison de problèmes financiers et rétrograder administrativement en CFA). Avant la mise en liquidation, j’attendais avec délectation l’excuse qu’on allait nous sortir après qu’on s’était fait, une fois de plus, rembarrer au tribunal. C’est là que j’ai compris que plus les mensonges sont gros, plus ça passe. Heureusement que tout ça m’est arrivé à 36 ans, parce qu’honnêtement, ça aurait pu me dégoûter du foot.

La pire demande de fan ?

Une fois, il m’est arrivé un truc marrant, juste à côté de chez moi. Mon voisin est un fan inconditionnel des Verts, c’est un mec avec qui je m’entends super bien. Une fois, je prends un but à Caen lors d’un déplacement là-bas. On rentre en avion le soir-même, et ensuite je rentre chez moi en voiture, il devait être 2h du matin. Une fois chez moi, je claque mon portail, et là j’entends : « Hey, Jérémie ! » Je me retourne, il y avait mon voisin qui avait grimpé mon mur, je voyais les trois quarts de sa tête dépasser, tu vois. Et il me sort : « Tu pouvais pas l’arrêter la frappe, quand même ? » (rires). Je lui ai dit : « Oh, mec, il est 2h du mat’, rentre chez toi, fous-moi la paix ! » (rires). Mais attends, pendant un moment, il y avait tout le temps des gens qui sonnaient chez moi, qui m’appelaient, qui m’envoyaient des lettres, tout ça. Je me disais : « Mais putain, comment ils savent où j’habite ? » Et tu sais quoi, comme un con, j’étais dans l’annuaire, en fait (rires).

La pire honte ?

À l’époque, j’adorais aller jouer au Stade du Ray, à Nice. Je me faisais chambrer, j’avais ma chanson, ça me faisait marrer. Une fois, on gagne là-bas, et je les chambre bien comme il faut. Six mois plus tard, on y retourne, je me fais chambrer, normal. À un moment donné, il y a un centre et Baky Koné touche le ballon de la tête, la balle monte grave et quand elle redescend, je me troue, et il y a eu but. Et là, tu n’imagines pas ce que j’ai pris dans la gueule. Pendant une heure, il y avait tout le stade qui chantait « Merci Janot, merci Janot, merci ! » Là, dans ma tête, je me suis dit : « C’est bien fait pour ta gueule, vu comme tu les as chambrés l’année dernière » (rires). À chaque fois, j’adorais vraiment jouer là-bas.

La pire blague ?

On en a fait beaucoup, hein. Je me rappelle qu’une fois, il y avait un coach qui avait marqué une sorte de « dix commandements » à respecter. Il y avait un commandement, si tu changeais une seule lettre, ça changeait tout le sens du truc, ça disait même le contraire. Donc moi, bien sûr, je l’ai fait. Mais je ne rappelle plus la phrase, par contre. Le lendemain, il y a le coach qui organise une réunion de crise, il était fou : « Qui a fait ça, putain, c’est scandaleux ! » Du coup, je me dis merde, la blague ne passe pas. Mais pas moyen d’avouer, je nie jusqu’à la mort (rires). À la fin de la réunion, il y a Pat Guillou qui vient me voir et qui me dit : « Je sais que c’est toi, je te connais, c’est forcément toi. » Mais j’ai continué à nier (rires).

Le pire style vestimentaire ?

Ah bah là, je ne peux pas te mentir, c’est moi. Là-dessus, je ne peux vraiment chambrer personne et je peux te dire que j’en ai pris des vannes. Par exemple, l’hiver, j’aime bien mettre un jogging avec des Timberland et les mecs me disaient tout le temps : « Putain, mais Jé, arrête ! » Combien de fois je suis arrivé dans le vestiaire et les autres avaient mis mes fringues au milieu en me disant : « Non, mais là, c’est plus possible. » Des fois, quand ma femme me dit qu’on sort, je m’habille et quand je me regarde dans la glace, je trouve que ça fait classe, tu vois. Mais quand je descends, ma fille me dit : « Non, mais papa, tu ne peux pas sortir comme ça ! » Du coup, je remonte et c’est ma femme qui m’habille : « Allez, tu vas mettre ça avec ça, et voilà. » Dans ces moments-là, je me dis : « Putain, t’as vraiment des goûts de merde, quand même. » (rires)

La pire tristesse ?

Ma pire tristesse, c’est que je n’ai pas pu dire au revoir aux supporters, à Geoffroy. J’ai juste donné un coup d’envoi, mais c’était pas pareil. J’aurais voulu kiffer mon dernier match là-bas, et dire au revoir comme il faut à ses supporters qui m’ont tant donné. Ouais, c’est vraiment mon plus grand regret.

La pire baston ?

Alors là, je m’en rappelle très bien, et encore une fois, c’était à cause de Patrick Guillou (rires). C’était à Calvi, en Corse, quand on jouait en CFA. En fait, au match aller, Pat avait mis une claque à un mec dans les vestiaires. Du coup, au match retour, on savait que ça allait dégénérer, mais Pat a quand même voulu venir. Bah, je peux te dire que le match, il a duré 5 minutes : bagarre générale, direct ! Le mec a voulu se venger, Pat ne s’est pas laissé faire, et là c’est parti dans tous les sens. Mais attends, je te parle d’une générale de trente minutes, hein (rires). Et le pire, c’est qu’à la fin de la baston, on s’est dit : « Bon bah voilà, c’est réglé, maintenant on joue le match. » Du coup, après s’être mis sur la gueule, on a joué le match, normal. C’est fou, quand même. Et tu sais quoi ? Trois mois après, je vais en vacances en Corse avec ma femme et je croise un mec qui me sort : « Je te connais, toi, j’étais au match à Calvi. » Mais ça va, on en a rigolé, c’était bon enfant.

La pire chose dans la vie d’un footballeur ?

Là, comme ça, je dirais la blessure. Sur le coup, ce n’est jamais évident à vivre. Il y a aussi la difficulté à savoir gérer l’après-carrière, savoir couper avec le foot, quoi. Pourtant, il faut bien accepter qu’il y ait un début et une fin. Comme pour moi, par exemple, quand Ruffier arrive et qu’il prend ma place, bah faut savoir l’accepter. Il faut être capable de se dire : « Le mec est plus fort que moi, voilà, c’est comme ça. » C’est important d’accepter les choses, ça fait partie de la vie.
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