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  • Ce jour-là
  • 2 juillet 1994

Le jour où Andrés Escobar s’est fait assassiner

Par Arthur Jeanne
Le jour où Andrés Escobar s’est fait assassiner

Il y a 19 ans, Andrés Escobar se faisait descendre sur le parking d'une boîte de nuit de Medellin. « Coupable » d'un but contre son camp qui élimina la Colombie du mondial américain, le joueur est assassiné à son retour au pays. Un meurtre symbolique du climat de terreur qui régnait alors à Medellin.

22 juin 1994, la Colombie affronte les États-Unis lors du deuxième match du groupe A de la Coupe du monde américaine. La sélection cafetera et son délicieux toque, outsider numéro 1 du tournoi après avoir infligé une splendide punition à l’Argentine en qualifications, doit gagner. Lors de leur première sortie, les hommes de Pacho Maturana se sont en effet sèchement inclinés (3-1) face à la Roumanie de Gheorghe Hagi.
Mais pas d’inquiétude. Chacun pense que la Colombie va se relancer et battre tranquillement l’hôte américain, qui n’a rien d’un ogre. Personne au pays n’imagine d’autre issue. Pourtant, à la 34e minute de la partie, les potes de Valderrama n’ont toujours pas marqué. Pire, sur un centre puissant venu de la gauche, le défenseur central Andrés Escobar tente un tacle maladroit et dévie le ballon dans ses propres filets. Sans le savoir, celui qui devait signer au Milan AC vient de signer son arrêt de mort. Les Américains inscriront un second but et la réduction du score colombienne en fin de match ne changera rien. Après deux matchs, la Colombie, trouble-fête attendu, est éliminée.

À leur retour au pays, les joueurs partis en héros reviennent comme des parias. Des menaces de mort planent sur eux. Escobar, qu’on surnomme el caballero de la cancha (le chevalier du terrain en VF) pour son élégance, ne s’inquiète pas. Il dit alors : « Dans le football, au contraire des combats de bêtes sauvages, la mort n’existe pas. Personne ne meurt, personne ne se fait tuer. Il n’y a que du plaisir. » Faustino Asprilla, attaquant fantasque de la sélection, ne se fait pas de mouron non plus, il déclare après l’élimination : « Ce n’est pas la fin du monde. » Pourtant, c’est bien la mort qu’Escobar va croiser à la sortie d’une discothèque 10 jours plus tard. Le 2 juillet 1994, Andres, nuque longue à la mode des 90’s, sort dans le bar El Indio de Medellin pour boire un verre en compagnie de ses amis et de sa copine. Mauvaise idée, alors qu’il est sur le point de rentrer chez lui, le joueur de l’Atlético Nacional est apostrophé par plusieurs clients. Une voiture déboule, provocation, insultes. Humberto Munoz Castro, garde du corps des frères Gallon, deux narcos notoires, sort de la caisse et vide le chargeur de son flingue sur le défenseur. À chacune des balles tirées, le meurtrier hystérique crie Gol, à la manière d’un commentateur de football sud-américain. Escobar décède 45 minutes plus tard à l’hôpital. Ses potes de la sélection, René Higuita et Victor Aristizabal viennent identifier le corps.

Les jours suivants, Medellin pleure son meilleur fils. Réputé pour sa modestie et son investissement dans l’aide aux plus défavorisés, le très pieux Escobar a le droit à des funérailles en grande pompe. Près de 120 000 personnes, dont le président colombien de l’époque César Gaviria, assisteront à son enterrement. 19 ans après l’assassinat du joueur, la question qui se pose toujours est celle du commanditaire. La punition mortelle subie par Escobar est sans doute l’œuvre d’un des syndicats de jeu de hasard ou des narcotrafiquants qui avaient parié de grandes sommes d’argent sur la qualification de la Colombie pour le deuxième tour, mais le procès n’est pas parvenu à le prouver formellement. Quoi qu’il en soit, un an après la mort de Pablo Escobar, Medellin perdait un autre de ses illustres enfants. Les deux Escobar, le bon et le mauvais réunis par la mort. Le Narco et le caballero de la cancha. Le fils prodigue de la ville indirectement sacrifié sur l’autel de la folie meurtrière de son mauvais génie. Comme un symbole.

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