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« Le destin était écrit pour le PFC, pas pour le PSG »

Par Florian Lefèvre
6 minutes
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PSG : et dire que ce club a failli ne pas exister... C’est le titre du documentaire retraçant la genèse méconnue du Paris Saint-Germain, de 1969 à 1973. De Santiago Bernabéu à l’appel de Pierre Bellemare sur Europe 1, du transfert annoncé de Pelé à la scission avec le Paris FC... Le PSG écrivait déjà sa légende. Entretien avec Jean-Noël Touron, qui a co-signé le documentaire.

Jean-Noël, tu n’es ni journaliste ni historien, comment en es-tu venu à écrire un documentaire sur le PSG ?C’est la passion. Je supporte le PSG depuis 1982. Cette année-là, j’ai treize ans, je suis devant ma télé pour la finale de Coupe de France PSG – Saint-Étienne. J’ai un verre à moutarde Dominique Rocheteau, que j’implore de marquer. Et Rocheteau égalise à la dernière minute de la prolongation (victoire du PSG 2-2 a.p., 6-5 t.a.b, ndlr). Mon premier match au Parc, c’est Swansea City, toujours en 1982. Puis je me suis abonné en 87-88… Et il y a cette idée : retracer le début de l’histoire du PSG. Quand Daniel Hechter a repris le club en 1973, il s’appelait déjà Paris Saint-Germain. Or, je n’avais jamais vu d’images de ces premières années.

La bande-annonce du documentaire :


Quel a été le déclic ?Il y a un tirage de Coupe de France, en 2005-06. Moi, je m’incruste, j’étais cadre chez SFR. Je montre mon badge à l’hôtesse, au siège de TF1. Elle regarde sur ses fiches. « Non, non, regardez pas. On m’a prévenu à la dernière minute, je ne pense pas que j’y sois. » « Ah bah non, c’est vrai, vous n’y êtes pas. » Et je rentre comme ça. Je rencontre plein de gens. Je refais la même plus tard. Je me lie d’amitié avec « Tchouki » (Jean Djorkaeff, ndlr), et je me dis : « Le mec, il a été capitaine de l’équipe de France, capitaine de l’OM, capitaine du PSG, mais putain, on ne le connaît pas. » Je lui exprime mon idée du documentaire. Il me donne son accord. Le premier gardien, Camille Choquier, idem. Bernard Guignedoux aussi. Camille Choquier, j’avais trouvé son numéro de téléphone parce qu’il était client chez SFR !

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué, au fil de tes recherches, de tes rencontres ?De voir le tel décalage qui existe entre le PSG que l’on connaît actuellement, avec des stars ultra-médiatisées, et puis les gens oubliés de l’époque. Je n’ai pas les bulletins de salaire, mais j’ai la feuille de la RH. À l’époque, Jean Djorkaeff, c’est 7 000 /10 000 francs. L’identité du club ? Une bonne partie de l’âme du PSG a été puisée au Stade saint-germanois, qui a été fondé en 1904. Cette histoire, c’est vraiment un feuilleton. C’est une longue attente. C’est un mariage. C’est un divorce. Des coups de poignard. Et puis, une renaissance.

Le documentaire débute par la consultation lancée auprès des Parisiens : « Voulez-vous d’un grand club à Paris ? » 66 000 personnes répondent oui. C’est légitime, pourtant, il faudra attendre les années 80 pour que le PSG remplisse le Parc des Princes. Durant les premières années, ce sont surtout les supporters adverses qui se font entendre. Comment expliquer ce paradoxe ? Le Stade de Reims et l’AS Saint-Étienne faisaient les grosses affiches. Mais tu avais aussi les Bretons de Paris qui supportaient Brest. Les Nordistes qui étaient pour Lille. Il a fallu attendre une victoire du PSG contre Saint-Étienne ou Marseille en 1974, où pour la première fois, à la fin du match, le public scande « Paris ! Paris ! Paris ! »

L’une des scènes marquantes du documentaire, c’est à la fin de la saison 1970-71, lorsque le président Guy Crescent annonce face caméra depuis le Brésil : « Je suis à peu près certain que Pelé sera des nôtres au mois de mai prochain. » C’était vraiment sérieux ? Guy Crescent a vraiment réussi à convaincre les dirigeants de Santos de faire cette fameuse « location prêt » , un montage financier qui était un peu révolutionnaire. Mais la femme de Pelé ne voulait pas trop. Crescent est même allé jusqu’à envisager que Pelé reste au Brésil, vienne à Paris tous les week-ends, se prenne le jet-lag, joue ses matchs et reparte !


En 1972, le Conseil de Paris menace de retirer sa subvention au PSG s’il n’adopte pas le nom de Paris Football Club. Il y a cette fameuse assemblée générale : le vote organisé indique d’abord que les associés ont décidé d’accepter la proposition, pour devenir le PFC, et puis, coup de théâtre, un deuxième décompte renverse la situation. À trois voix près…Tout aurait pu basculer. La majorité aux deux tiers était requise. Il y a treize votes blancs qui ont été comptés comme nuls. Mais un vote blanc, c’est un vote exprimé, il doit compter dans le suffrage. Sur les 640, si tu as treize votes blancs, c’est pas 640 moins treize, il faut compter les votes blancs. Donc, ça bascule de plus six pour oui au Paris Football Club, à moins trois. Qui investit le Parc des Princes en 1972 ? C’est le PFC. Le destin était écrit pour le PFC, c’est ça qui est incroyable. Mais en 1974, le PSG remonte et le PFC descend ! On en parlera si on fait une suite au documentaire sur les années Hechter. C’est sur la bonne voie.

Pour conclure, toi qui supportes le PSG depuis près de trente-cinq ans, qui a fait des déplacements en Europe, qui collectionne une centaine de maillots du club, est-ce que tu as une anecdote à raconter sur ta passion pour le PSG ? Juste avant Noël 2005, je vais voir Toulouse – PSG en Coupe de la Ligue. On perd 2-0. Je suis dans la tribune latérale, face à la présidentielle. Pendant l’échauffement, je pars aux toilettes. Il y a un long couloir. Je vois un mec qui part par là. Je suis le long couloir. Il y a un escalier qui descend, et là… je me retrouve au poteau de corner ! Je me démonte pas, je contourne le terrain pour aller à côté du banc du PSG. Le ballon vient vers moi. Je suis en mocassin. Je fais la passe à M’Bami. Les joueurs rentrent au vestiaire. Je vais aux portes du vestiaire : « Allez les mecs ! Allez les mecs ! » Je tape sur l’épaule de Laurent Fournier, dont ce sera le dernier match. Le lendemain, je vois les images de Fournier tourner en boucle tous les quarts d’heure sur L’Équipe TV, avec ma tête derrière. Le pire, c’est qu’il ne fallait pas que je regarde la caméra, parce que j’étais censé être à Toulouse pour bosser.

PSG : Et dire que ce club a failli ne pas exister… – Un film de Jean-Noël Touron, réalisé par Sébastien Parraud et narré par Denis Podalydès (55 minutes) – disponible à partir de ce mercredi sur le média vidéo Spicee

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Par Florian Lefèvre

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