- Copa del Rey
- Real Madrid/FC Barcelone (1-2)
Le Barça bourre le Mou
Une fois de plus, le Barça a battu la troupe du Mou. Une fois de plus, la troupe du Mou a perdu ses nerfs en route. Une fois de plus...
Tactiquement, José Mourinho a encore perdu la bataille face à Pep Guardiola et ses enfants. Avec Chelsea ou l’Inter, le bilan du Mou face au meilleur football du moment était plus ou moins équilibré, mais depuis qu’il s’en est rapproché, en prenant la tête du Real, le bilan s’est incontestablement assombri. Si bien qu’aujourd’hui, le Special ne semble avoir d’autres solutions que de jouer des coudes et espérer que ça passe autant que ça casse… Problème, si ça casse toujours pas mal, ça ne passe jamais…
Pour ce quatrième clasico de la saison, José Mourinho avait adopté un dispositif conservateur. Trois milieux défensifs alignés à domicile et Altintop arrière droit, le Mou a clairement choisi de poser sur le papier ses joueurs les plus puissants, les plus athlétiques. La tactique est claire : verrouiller l’axe et neutraliser le plus possible Messi, en lui collant Pepe aux basques façon Bilbao. Lass se charge lui de l’autre moteur catalan, Xavi, et Alonso d’Iniesta. L’idée : jouer le contre et espérer reproduire la tactique qui a le plus porté ses fruits contre le FC Barcelone, celle du Chelsea de José Mourinho, ou de l’Inter. D’ailleurs, à droite, Benzema occupe un rôle similaire à l’Eto’o de l’Inter contre ce même FC Barcelone..
3-4-3 ou 4-3-3 catalan?
En face, Guardiola, lui, toujours aussi sûr de ses idées, a aligné la même compo que lors du dernier clash à Bernabeu, à l’exception du gardien, Pinto prenant la place de Valdès, petit détail qui lui coûtera un but, mais une organisation globale qui lui assurera, une fois de plus, la victoire. La philosophie est claire : aligner le plus de milieu de terrain possible de formation, histoire de s’assurer la possession de balle (73% à 27%), la maitrise technique, l’avantage psychologique aussi en renforçant l’impression de domination sur son précieux rival. L’organisation, elle, l’est un peu moins. Et c’est justement là tout le principe. La formation catalane oscille entre le 433, que l’on pourrait décomposer ainsi (Abidal-Puyol-Piqué-Alvès, Busquets-Fabregas-Xavi, Iniesta-Sanchez-Messi), et le 343 (Abidal-Puyol-Pique , Busquets-Fabregas-Xavi-Messi, Iniesta-Sanchez-Alves. Si à gauche, c’est plutôt clair, (Abidal est latéral, Iniesta, ailier), à droite, Messi et surtout Alvès joue à deux positions à la fois.
L’Argentin joue mi meneur, mi ailier droit, mi portion, et le Brésilien, mi pute mi soumis, joue à la fois latéral (433), et ailier (343). Si ce système a fait chier le Barça tout le match (Ronaldo ne faisant pas les efforts pour couvrir Alvès, et le Real de se retrouver alors face à un surnombre qui assurait facilement la possession au Barça, ndlr), il s’agissait là aussi de la seule faiblesse du Barça, du seul chemin que le Real pouvait emprunter pour marquer. Après le but de Ronaldo, Alves s’est d’ailleurs montré plus prudent. Et le match a alors strictement pris la même tournure que le dernier clasico en championnat : le Real a ouvert le score avant de voir le Barça irréversiblement lui passer devant.
Pepe mâché
Comme toujours, c’est au milieu que ça se passe (et dans les surfaces que ça se conclut). Apport d’Alvès, trop de libertés laissées à Fabregas, Xabi Alonso tire vite la langue, Iniesta est accordé et Altintop est tout rouge. Higuian étant tellement isolé de ses partenaires, Puyol pouvait se permettre de monter, toujours un peu n’importe comment, mais toujours à bon escient. Busquets était là pour compenser et fixer tout ça, permettant ainsi les variations, les permutations (principalement des trois de devant) et les déplacements (Fabregas en tête, son arrivée ayant encore repoussée les limites du système FCB) de ses coéquipiers.
En guise de seule réponse, hormis les coups et les contres, Mourinho a vainement tenté de passer en 4231, quand il y’avait encore un partout. Higuian sortait pour Callejon, Benzema passait en pointe, Diarra laissait sa place à Özil, (surprenant d’ailleurs que le Français soit sorti avant Pepe, Mourinho ayant pris là un risque considérable de finir à 10) mais l’ajustement ne changeait rien à l’affaire ; rien ne semblait pouvoir altérer la marche en avant catalane. Le Mou n’a toujours pas trouvé la solution miracle. Abidal claque le but de la victoire, laissé seul par Ronaldo, qui n’avait pas compris que c’était à lui de le suivre. Le Mou a tiré le plus longtemps possible sur la corde raide, Pepe mâché sort pour Granero ; la sortie du poète sonne la fin des hostilités. Guardiola peut faire tourner : Sanchez sort pour Adriano, Fabregas pour Cuenca…
Le Barça joue toujours avec un joueur de plus
Tactiquement, Mourinho a clairement perdu la bataille. Sa défense, globalement friable pour ses critères, était mal placée tout au long de la rencontre. D’abord haute, disons le temps de marquer, puis basse, le temps de gérer, mais, paradoxalement, pas assez basse pour vraiment assumer le truc : à savoir donner le moins de place possible au Barça et jouer le contre. Placés ainsi (bas mais pas trop pour tout de même batailler un peu au milieu), ils ont laissé la possibilité au Barça de jouer dans leur dos, de varier jeu long, jeu court, et surtout, surtout, n’ont pas assez fait d’efforts pour éviter de se retrouver en infériorité numérique au milieu. Sauf que cela paraît impossible, le Barça semble toujours posséder un joueur de plus, donc une solution de passe de plus… Si bien qu’aujourd’hui, la tactique de Mourinho semble la bonne pour ouvrir le score et y croire l’espace d’une mi-temps, mais certainement pas pour tenir 90 minutes sans perdre le contrôle à la fois du match et de ses nerfs…
Le défi a tout l’air d’une mission impossible, mais le jeu en vaut la chandelle : si le Mou le relève, il pourra définitivement être considéré comme le meilleur entraineur du monde. D’ici là, ce ne sont pas les occasions qui vont manquer… Rien que dans une semaine, au Camp Nou… Avec les mêmes joueurs ?
Par Simon Capelli-Welter