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Le 4-4-2, potion magique du PSG ?
Depuis deux semaines, Paris va mieux. Beaucoup mieux, même. Une victoire face à Porto, deux démonstrations en Ligue 1 et un collectif qui semble enfin se mettre en place. Un renouveau qui correspond à la décision de Carlo Ancelotti d’abandonner son 4-3-3 pour le 4-4-2. Alors, changement de système gagnant ou simple changement d’attitude ?
Samedi 1er décembre, 22h. Le PSG vient de s’incliner à Nice au terme d’une rencontre une fois nouvelle ratée. Cette troisième défaite en cinq matchs de Ligue 1, combinée à l’élimination en Coupe de la Ligue, est la goutte de chianti qui fait déborder le tonneau de Carlo Ancelotti. Excédé par l’attitude de ses joueurs, le coach italien gratifie les journalistes de sa première vraie punchline de la saison : « En ce moment, c’est toute l’équipe qui m’énerve. Je vais trouver des solutions radicales dans le management. » Trois jours plus tard contre Porto en Ligue des champions, Carletto tient parole. Fini le 4-3-3, bienvenue au 4-4-2.
Motta et Ménez, pièces maîtresses du 4-4-2
Trois matchs, trois victoires, dix buts inscrits, un seul encaissé. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les premiers pas du PSG version 4-4-2 sont une réussite. Mais qu’apporte réellement ce système ? Avec deux attaquants et deux joueurs de côté, Paris bénéficie d’abord d’une force de frappe supplémentaire par rapport au 4-3-3 (ou 4-3-2-1). Positionné aux côtés d’Ibrahimović, Ménez décroche beaucoup plus que quand il est à droite. Ce faisant, le vainqueur du festival du rire de Longjumeau oblige un défenseur à le suivre et offre des espaces énormes à son pote suédois, mais aussi et surtout aux ailiers Lavezzi et Pastore. Et c’est là l’autre grand apport du 4-4-2. Grâce aux décrochages et aux appels incessants de Ménez, les deux Argentins bénéficient d’une grande liberté sur leur côté. Avec le soutien des latéraux, Maxwell à gauche, Jallet ou Van der Wiel à droite, les combinaisons et les dédoublements se multiplient. Contre Porto par exemple, Paris a tenté pas moins de 34 centres. Une statistique liée à l’apport nouveau des arrières. Couverts par les deux milieux récupérateurs et beaucoup moins délaissés sur les phases défensives que dans un 4-3-3 où les trois de devant ne revenaient jamais en deçà de la ligne médiane, les latéraux hésitent moins à apporter un surnombre en attaque. Enfin capable de développer un jeu cohérent, le PSG est surtout une machine de guerre en contre. Valenciennes en a lourdement fait les frais.
Dans un tel système, l’équilibre est parfois très fragile. Le milieu de terrain n’étant composé que de deux récupérateurs-relayeurs, les espaces entre les lignes sont plus facilement trouvables. Le rôle de Motta est alors primordial. Contre Porto, Matuidi et Chantôme ont parfois eu du mal à boucher les trous. Les courses entre les lignes et les décrochages de Rodriguez et Martinez les ont énormément gênés. Malgré ses efforts, Pastore a quant à lui montré ses limites dans le repli défensif, notamment sur l’action amenant l’égalisation des Portugais. Titulaire contre Évian et Valenciennes – dont le jeu collectif et la technique sont évidemment bien inférieurs à ceux de Porto –, Motta a fait un bien fou dans l’entrejeu parisien. Outre sa qualité de relance et sa sérénité, l’Italien apporte son sens du placement et son intelligence de jeu. Mardi, au stade du Hainaut, les Valenciennois n’ont jamais réussi à franchir le mur Motta-Matuidi et ont dû se résoudre à passer sur les côtés. Problème, quand il y a Thiago Silva en face, les centres trouvent rarement l’attaquant recherché.
Une bonne bouffe, Enrico Macias, et ça repart ?
Les appels et les décrochages de Ménez, les dédoublements, les percussions et les centres de Pastore, Lavezzi et des latéraux, la continuité de l’équilibre assurée par Motta, le tout saupoudré par le talent des deux monstres Thiago Silva et Ibrahimović. La bande-annonce de ce PSG version 4-4-2 est alléchante et les premières minutes du film ne déçoivent pas. Avec l’arrivée de Lucas Moura dans quinze jours et le départ de plus en plus probable de Nene, les rebondissements ne devraient pas manquer. Mais ce changement de système est-il l’unique raison du renouveau supposé du club de la capitale ? « Ce sont les hommes qui font le système, explique Vincent Guérin dans Le Parisien. En 4-4-2 aussi, on a vu que le PSG avait des problèmes pour maîtriser le jeu. Ça a marché parce qu’il y avait de l’envie et que les Parisiens avaient un objectif commun. »
Ne s’agit-il donc pas avant tout d’une histoire d’état d’esprit ? Un état d’esprit laissé de côté depuis quelques semaines et qui aurait refait surface au détour d’une bonne bouffe organisée par les joueurs, et au cours de laquelle Enrico Macias se serait pris pour Serge Touati. « On a fait un repas qui a permis de casser quelques barrières entre certains dans l’équipe, reconnaît Sakho sur RMC. On a bien rigolé ensemble. Ça a créé une certaine atmosphère collective. » Au-delà d’une ambiance visiblement retrouvée, du moins en apparence, il y a sans doute eu une prise de conscience collective du groupe. « Ils ont commencé à jouer ensemble, avec altruisme, à avoir du caractère et à mettre leurs qualités à la disposition de l’équipe, se félicite Ancelotti qui peut entamer son Amarone della Valpolicella 2002 sans crainte. Je pense que c’était la clé. Le mérite revient aux joueurs. Ils ont pris leurs responsabilités. Ils ont changé d’attitude sur le terrain. » Reste à confirmer ces bonnes dispositions entrevues depuis deux semaines contre Lyon, dont le jeu collectif abouti représentera un vrai test pour le 4-4-2 du PSG.
Par Quentin Moynet