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Larsen Touré ne perd jamais
Présenté comme un futur crack à la signature de son premier contrat pro au LOSC, Larsen Touré, aujourd'hui âgé de 31 ans, s'apprête à affronter Manchester United à Old Trafford avec Ipswich, sa nouvelle équipe. L'occasion de revenir sur son parcours.
C’est le genre d’anecdotes qui rendraient fou n’importe quel entraîneur, mais que les supporters ne se lassent jamais de raconter. Nous sommes le 25 août dernier, et pour sa première titularisation avec sa nouvelle équipe d’Ipswich Town, Larsen Touré fait son match face aux Doncaster Rovers, et, au terme des 90 minutes, le score entre les deux équipes est de 1-1. Jusque-là, rien d’anormal. Seulement, la rencontre étant une affiche de League Cup, les deux équipes doivent alors disputer une prolongation, contrairement à la FA Cup, où en cas de match nul, un « rematch » est organisé. Visiblement étourdi, ou souhaitant se mettre ses nouveaux supporters rapidement dans la poche, Larsen Touré, alors que tous ses coéquipiers se réunissent près du banc de touche, va lancer son maillot dans la foule, avant de devoir aller le récupérer quelques minutes plus tard, plutôt gêné.
Heureusement, dans la foulée, Touré se fait pardonner en adressant un centre décisif pour McGoldrick, avant qu’Ipswich ne déroule, pour finalement l’emporter 1-4 après prolongation. Un incident que Mick McCarthy, son entraîneur, a pris à la légère en conférence de presse d’après-match, victoire aidant : « Il a besoin d’aide ! On va devoir le soigner ! Je crois que certains fans essayaient de le lui dire. Même s’ils voulaient son maillot plus que tout, je crois qu’ils savaient qu’il en aurait besoin pour 30 minutes de plus. » Une anecdote qui prête à sourire, même si elle est symptomatique de la carrière de Touré, jalonnée de maladresses, de malchance et de quelques choix discutables.
Des prêts, des prêts, des prêts
Présenté comme un futur grand attaquant à la signature de son premier contrat pro, à 21 ans, au LOSC de Claude Puel, Larsen Touré, qui a alors pour lui un alliage physique imposant – rapidité plutôt prometteur, est envoyé en prêt à Gueugnon pour y faire ses classes. En Bourgogne, il bénéficie d’un certain temps de jeu et fait parler de lui un soir de décembre 2006 en enquillant un triplé en treize minutes face à Montpellier. De retour au LOSC la saison suivante, Touré est mis en concurrence avec Kevin Mirallas et Nicolas Fauvergue, et ne parvient pas à convaincre Claude Puel de compter sur lui. Retour en Ligue 2, en prêt, à Grenoble cette fois, ou Touré commence fort, avec trois buts lors de ses deux premiers matchs, avant de ralentir.
Malgré tout, le GF38 est promu en Ligue 1, et Touré signe pour une nouvelle année en prêt. Une année plus compliquée, durant laquelle il alternera entre blessures, méforme, mais aussi maladresses devant les cages. De retour au LOSC, désormais dirigé par Rudi Garcia, Touré parvient à gratter du temps de jeu grâce aux blessures de ses coéquipiers, mais là encore, ne parvient pas à se mettre en lumière et doit se résoudre à quitter son club de cœur. Avec un peu d’amertume, comme il le confiera, en 2013, à 100% Foot : « Tout ce qui m’est arrivé, c’est de ma faute. Des mauvais choix, je crois que j’en ai fait. J’aurais pu rester un peu plus longtemps au LOSC par exemple, et m’intégrer encore un peu plus au sein du groupe. Je revenais d’un prêt satisfaisant de Grenoble. Mais, voyez-vous, c’est ce genre de détails qui comptent. »
La Bretagne, ça vous gagne
Pas grave, Larsen s’accroche, signe à Brest et, là encore, doit s’accrocher. Lors de sa première saison sous les ordres d’Alex Dupont, il n’inscrira que quatre buts tout en donnant deux passes décisives. Mais Larsen a un certain sens du timing. Ainsi, lors de l’avant-dernière journée, c’est lui qui offre la victoire aux Brestois sur la pelouse d’Auxerre (0-1), un but qui reste aux yeux des supporters comme « le but du maintien » , comme il le confiera dans un entretien au site Sharkfoot : « Je ne marque pas beaucoup de buts et c’est un des plus jolis ! À ce moment du match, on ne savait pas qu’on était relégables, on l’a appris dans les vestiaires. En plus, on pensait qu’un match nul à Auxerre serait suffisant ! En tout cas, quand on y repense, on a perdu le dernier match contre Toulouse, donc ce but a eu beaucoup d’importance, puisqu’il nous a assuré le maintien. »
Naruto, Bulgarie et Old Trafford
Les deux saisons suivantes en Bretagne seront plus compliquées. Alors que son coéquipier Nolan Roux brille et s’offre un transfert à Lille, lui doit jongler avec les blessures, des rapports compliqués avec Corentin Martins, et au bout du compte, la relégation. Seul rayon de soleil, un doublé, lors d’une belle victoire face à Bastia en novembre 2012 (3-0) et cette célébration folle avec un masque issu du manga Naruto, une autre de ses passions. Après un détour d’une saison au Levski Sofia, il rebondit l’an passé à Arles-Avignon, où il termine la saison avec cinq buts, son meilleur total sur une année. À 31 ans, Larsen Touré a probablement fait une croix sur les rêves de grande carrière qu’on lui a autrefois attribués. Pas grave, car sur la pelouse d’Old Trafford, il s’agira avant tout de prendre du plaisir, et de profiter de l’instant. Quel que soit le résultat final, Touré ne sera pas perdant. Normal, un Larsen ne perd jamais.
Par Paul Piquard