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La chance inouïe de Cavenaghi

Par Léo Ruiz, à Buenos Aires
4 minutes
La chance inouïe de Cavenaghi

Jamais titularisé cette saison en Copa Libertadores, Fernando Cavenaghi, idole de River Plate, débutera ce soir dans son Monumental, pour la finale retour face à Tigres. Une opportunité inespérée, qui le met face à son destin. Celui d'un sacrifice rouge et blanc.

« Gagner la Libertadores serait la parfaite conclusion de ma carrière. » Cette phrase, de Fernando Cavenaghi, date de mars 2014. Cavegol initiait alors son troisième – et dernier – cycle à River Plate. A l’époque, le Millonario était encore groggy et moqué pour son passage historique en B Nacional, la deuxième division locale. Moins d’un an et demi plus tard, River a remporté le championnat d’Argentine (le Final 2014) et la Copa Sudamericana (avec l’élimination de Boca Juniors en bonus), et dispute ce mercredi soir, à la maison, la finale retour de la Copa Libertadores, pour la première fois depuis 1996 (après avoir de nouveau sorti Boca en huitièmes). Des exploits soudains inattendus, fruits d’une parfaite gestion économique et sportive du club par les nouveaux dirigeants (le trio D’Onofrio-Francescoli-Gallardo, principalement). Et Cavenaghi dans tout ça ? Il enrichit son palmarès, mais se contente des seconds rôles. Longtemps blessé au pied, trop lourd et pas assez mobile dans le schéma de jeu dynamique du Muñeco, il joue au renard des surfaces lors des matchs contre les petits en championnat. Mais ce soir, l’ancien Bordelais, numéro 9 dans le dos et brassard autour du biceps, sera bien titulaire face au Tigres de Gignac. Autant un choix par défaut qu’un pari de Gallardo.

« C’est le match le plus important de sa carrière »

L’annonce a été faite en conférence de presse, à 48 heures du choc. L’ancien Monégasque donne son 4-4-2, et surprise, c’est Cavenaghi qui accompagne le jeune Alario en attaque. « C’était une des options que l’on avait, et j’ai décidé de miser sur lui. Il attendait une possibilité comme celle-là. C’est un grand joueur, qui va nous apporter son expérience et ce sens du but qu’il a encore, pour mettre au fond tout ce qui traîne dans la surface. Je lui avais dit de ne jamais baisser les bras, il a toujours répondu présent, même s’il jouait peu. D’après ce qu’il m’a dit, c’est le match le plus important de sa carrière. » Le départ de Teo Guttiérez et la blessure au match aller de Rodrigo Mora ont obligé Gallardo à repenser son attaque. Cavenaghi, aucune titularisation, aucun but et 72 petites minutes en tout et pour tout depuis le début de la compétition, aura donc la chance de marquer encore un peu plus l’histoire du club, lui le dixième meilleur buteur de River Plate avec ses 112 pions en 211 matchs. Une opportunité inespérée : au mois de mars dernier, Enzo Francescoli, manager du club, annonçait – un peu trop tôt – le départ de son buteur. « J’ai mangé avec lui, et il m’a dit qu’il cherchait un autre club. Il a raison de le faire : comme a dit Gallardo, celui qui n’a pas la tête à River doit s’en aller. » Cavegol devait partir à la fin du premier semestre, mais l’idée d’accompagner l’équipe en demi-finale de la Libertadores lui a fait prolonger l’aventure. Désormais finaliste et qualifié pour le Mondial des clubs, il pourrait pousser jusqu’au mois de décembre, pour un finish rêvé contre le Barça. Sa performance ce mercredi soir sera déterminante.

Boucler la boucle

L’amour entre Cavenaghi, River et ses fans est lointain et éternel. Quand le gars de O’Brien quitte le club à 20 ans, pour rejoindre l’Europe et le Spartak Moscou, il le fait avec trois titres de champion (Clausura 2002, 2003 et 2004), un autre de meilleur buteur (Clausura 2002) et un but synonyme de victoire à la Bombonera contre l’ennemi bostero (très symbolique pour les supporters). Le capitaine de l’époque ? Marcelo Gallardo. Quelques mois plus tard, Cavegol est aperçu torse nu au Monumental avec les tarés des Borrachos del Tablon, la barrabrava de River. En 2011, quand le club vit la pire période de son histoire avec la relégation en D2, il revient, prend le brassard, empile les pions (19 en 37 matchs) et remet l’équipe à sa place. Mais une grosse embrouille avec Passarella l’éloigne à nouveau de Nuñez. Ce troisième et dernier cycle est un mélange de nouveaux succès collectifs et de frustration personnelle. Mais Gallardo n’est pas fou. Si Cavenaghi n’a plus la fougue de sa jeunesse, il n’a rien perdu de son amour du maillot et du but : en championnat, il a déjà planté 11 fois malgré un temps de jeu limité, avec notamment un quadruplé, le mois dernier, sur la pelouse de l’Atlético Rafaela. Le retour des idoles (Francescoli et le Beto Alonso dans les bureaux, Ramon Diaz et Gallardo sur le banc, Cavenaghi, Aimar, Saviola ou encore Lucho sur le pré), initié il y a deux ans suite au départ du sulfureux Passarella, a fait ses preuves. Parier sur Cavegol n’est donc pas vraiment une surprise. Le capitaine de River a d’ailleurs débuté avec le maillot à la bande rouge en Copa Libertadores. C’était en 2001, au Monumental, contre Guarani. Ce soir-là, il avait marqué et offert une passe décisive à Javier Saviola. Sur le banc ce mercredi soir.

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Par Léo Ruiz, à Buenos Aires

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