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Javier Pastore : « Une place de titulaire se gagne à l’entraînement »

Propos recueillis par Javier Prieto-Santos et Simon Capelli-Welter
8 minutes
Javier Pastore : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span><i>Une place de titulaire se gagne à l&rsquo;entraînement</i><span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Entraînement, préparation, temps de jeu, place du PSG, Champions, Coupe du monde : Javier Pastore n'a évité aucun sujet. Et il répond comme il joue : avec intelligence et tout en finesse.

Au contraire de joueurs comme Matuidi ou Thiago Motta, tu es un milieu de terrain au jeu plus technique que physique. Est-ce que tu bosses différemment d’eux lors des entraînements ?

Non, je crois que chaque joueur connaît ses qualités. Moi, j’essaie de travailler mes qualités intrinsèques le maximum possible. Mes points forts me permettent de faire la différence sur le terrain. Je ne dis pas qu’il ne faut pas travailler le physique, au contraire ! Aujourd’hui, tu ne peux pas te le permettre. Le niveau est tellement homogène et relevé qu’il faut constamment travailler le physique : il y a quelques années, les techniciens étaient titulaires d’office même s’ils ne couraient pas. J’ai changé ma manière de m’entraîner au fil des années, j’accorde énormément d’importance aux entraînements. J’essaie toujours d’être à 100% pour être le plus compétitif possible lors des matchs. Le travail foncier, c’est important, car il permet d’améliorer le travail complémentaire durant lequel je travaille alors davantage l’aspect technique de mon jeu.

Un joueur n’a pas besoin qu’on lui dise qu’il a fait un bon ou un mauvais match. Il le sait. Est-ce que c’est la même chose pour les entraînements ?

Je sais que je me suis bien entraîné quand j’ai bossé à 100% de mes capacités. Si j’ai fait tous les exercices à fond, je suis satisfait. Par exemple, je n’aime pas céder un ou deux mètres à mes coéquipiers dans les exercices de courses. Quand le coach veut qu’on bosse la vitesse, c’est pareil : je ne fais pas semblant de courir vite histoire d’en garder sous la semelle… C’est quand tu te donnes à fond que tu sens que tu progresses. Quand tu t’entraînes bien, tu fais mieux les choses et ça influe aussi sur le mental. Quand je suis au maximum, je sens que je peux faire plus de différence, c’est aussi simple que cela.

Est-ce que les entraînements du PSG sont très différents de ce que tu avais connu en Argentine, puis en Italie ?

En Argentine, on travaille beaucoup l’aspect physique. Pendant la semaine, il y avait au minimum trois jours où les entraînements se résumaient à une chose : courir.

T’aimais ça ?

Non ! (Rires) Après, je me dis que ça m’a permis de progresser. Si je n’avais pas eu ces séances d’entraînement très physiques, je n’aurais peut-être pas connu le football européen.

Et en Italie, c’était comment ?

Quand j’étais à Palerme, on bossait beaucoup l’aspect physique, mais ce qu’on travaillait le plus, c’était la tactique. Si tu es bien placé sur le terrain, tu n’as pas besoin de courir dans tous les sens.

Comment tu qualifierais les entraînements du PSG ?

Depuis que je suis arrivé, il y a eu trois coachs différents. Chacun avait ses méthodes. En ce moment, je trouve qu’on s’entraîne très bien. On joue tous les trois jours, c’est bon pour les joueurs d’être toujours en alerte. Ça réveille l’instinct de compétiteur qui est en nous… Après, tous les joueurs te le diront : rien ne remplace l’adrénaline d’un match. Les matchs, ce sont les meilleurs entraînements qui soient.

Avec des matchs tous les trois jours, les entraînements se résument souvent à des décrassages grandeur nature, non ?

C’est vrai qu’avec l’enchaînement des matchs et les rassemblements du groupe la veille des matchs, on n’a quasiment plus le temps de s’entraîner. C’est le calendrier qui veut ça.

On s’entraîne différemment pour un match de Champions League ?

Non, les entraînements sont les mêmes. Ce qui change c’est la motivation des joueurs. La Champions, c’est la plus belle compétition de club, tout le monde la regarde. Avant les matchs de Champions, je ne ressens pas de pression, au contraire. Cette compétition-là, ce n’est que du plaisir.
Je ne suis pas un joueur qui fait l’unanimité

Tu as été la première star recrutée par le PSG version Qatar. Est-ce que tu sens que le club a beaucoup évolué depuis ton arrivée ?

Tout a changé depuis que je suis là : le stade, le centre d’entraînement. Le PSG est passé dans une autre dimension et il va continuer à progresser. Le projet actuel est ambitieux. Depuis que je suis ici, je n’ai jamais senti que le club faisait un pas en arrière. Les dirigeants ont un discours positif, ils nous disent qu’ils en veulent toujours plus. C’est très important pour les joueurs actuels et pour ceux qui seront là à l’avenir d’entendre ce genre de choses.

Quel est l’objectif du PSG cette année ?

La saison dernière, on a gagné trois titres, mais on a toujours faim de victoires. Cette année, notre objectif est de remporter à nouveau la Ligue 1. On veut montrer à tout le monde qu’on est le meilleur club français. On veut aussi aller en finale de la Coupe de France et de la Coupe de la Ligue. Concernant la Champions League, notre objectif est de dépasser le stade des quarts de finale. Ces deux dernières saisons, nous sommes restés aux portes des demi-finales, et nous aimerions vraiment faire mieux cette année. On veut être dans le dernier carré de la Champions, c’est là que se trouve vraiment la place du PSG.

Selon toi, où se situe le PSG par rapport à des clubs comme le Real ou le Barça ?

On est proches d’eux. La différence entre eux et nous, c’est qu’ils jouent la Champions League depuis beaucoup plus d’années que nous. Ils ont déjà gagné cette compétition, ce qui leur permet d’être reconnus dans le monde entier. Ces trois dernières années, le PSG a énormément progressé au point de pouvoir rivaliser avec les meilleurs. Il n’y a qu’à aller à l’étranger pour se rendre compte que la dimension du club a changé : tout le monde connaît le PSG maintenant. Le nom des joueurs qui composent l’équipe fait que le PSG a une dimension internationale, mais ce n’est pas seulement ça. Le club a recommencé à gagner des titres et ça, forcément, ça attire beaucoup l’attention des gens. Si on continue sur ce chemin, on va finir par devenir l’un des clubs les plus importants de la planète. Je n’ai aucun doute là-dessus.

Au contraire de l’année dernière, tu as un peu plus de temps de jeu en ce début de saison.

(Il coupe) Mon objectif personnel est de jouer régulièrement, comme je suis en train de le faire en ce moment. L’équipe est en train de gagner, je joue : je suis content. Évidemment, je veux avoir beaucoup plus de temps de jeu que l’année dernière et faire partie le plus souvent possible du 11 titulaire de Laurent Blanc. Mon temps de jeu, ça ne dépend que de moi. De personne d’autre. Je sais qu’il faut que je me défonce à l’entraînement si je veux être meilleur et jouer des matchs. Je veux gagner ma place parmi les titulaires et je vais tout faire pour que ce soit le cas.

Tu penses vraiment qu’une place de titulaire se gagne à l’entraînement ?

Je pense que oui. Après, c’est vrai que tous les entraîneurs ont dans leur tête un 11 titulaire avant chaque début de saison. Si tu es bien et que le titulaire est moins bien, la tendance peut s’inverser très vite. En t’entraînant bien, tu peux faire douter l’entraîneur sur ses choix. Je veux continuer sur ma dynamique actuelle et jouer régulièrement des matchs pour prendre confiance et remercier mon coach et mes partenaires de la confiance qu’ils m’accordent sur le terrain.

Le Parc des Princes se divise en deux catégories. Il y a les supporters qui t’adulent et d’autres qui au contraire te détestent quoi que tu fasses. Comment tu gères ça ?

J’ai toujours suscité ça dans ma carrière. Ma manière de jouer plaît à beaucoup de personnes, mais déplaît également à beaucoup de gens. Je ne suis pas un joueur qui fait l’unanimité. À Huracán et à Palerme, j’avais la moitié du stade qui me sifflait et l’autre qui se levait de son siège pour m’applaudir. Il faut que je travaille pour que le nombre de personnes qui m’applaudissent soit plus important que le nombre de personnes qui me sifflent. Je fais tout pour, en tout cas.

Tu n’étais pas du voyage de l’Albiceleste au Brésil. Ce n’était pas trop dur de supporter une sélection dans laquelle t’aurais pu être ?

Même si j’étais en vacances, j’ai quand même regardé les matchs de la Selección. C’est vrai que j’aurais aimé faire partie de cette aventure, mais ce n’est pas pour autant que j’ai snobé la Selección. Plus on avançait dans la compétition, et plus je les supportais. Je suis devenu un hincha de plus. J’ai beaucoup d’amis en sélection avec qui j’ai partagé énormément de choses… J’étais derrière eux. J’aurais adoré qu’on gagne cette coupe.

T’as chanté le « decime que se siente » toi aussi ?

Évidemment que je l’ai chanté ! Avec les amis et la famille, ça n’arrêtait pas… Malgré la finale perdue, je crois que l’Argentine a réussi sa Coupe du monde. On a redoré notre blason. Ces dernières années, l’Albiceleste a connu des moments difficiles, mais aujourd’hui le peuple argentin, après une période de désenchantement, s’est remis à aimer son équipe nationale. C’est déjà pas mal.

Dernière question : est-ce que tu as charrié Thiago Silva sur la débâcle brésilienne face à l’Allemagne ?

Non, non. Il faut se dire que ce qui est arrivé au Brésil peut très bien m’arriver à l’Argentine lors du prochain Mondial. Quand tu es pro, tu ne vannes pas tes coéquipiers avec des choses comme ça. T’imagines si je le vannais aujourd’hui et qu’il m’arrivait la même chose que lui derrière ? Il faut faire attention au retour de boomerang.
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