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Ivan Zamorano : « Le Chili peut battre n’importe qui »

Propos recueillis par Arthur Jeanne
Ivan Zamorano : « Le Chili peut battre n’importe qui »

C'est autour d'un ceviche péruvien qu'Ivan Zamorano se dévoile, lors d'un déjeuner dans le quartier chic de Vitacura. Baskets au pied, ceinture Armani autour de la taille et veste de costard sur les épaules, Bam Bam s'est coupé les cheveux, mais porte bien ses 48 piges. Il commande une bière sans alcool. Avant de partir, il va saluer et prodiguer quelques conseils à Alexis Sánchez installé en famille dans un restaurant mitoyen.

Tu as pensé quoi du dernier match du Chili ?

Si on pense aux autres matchs du Chili, il n’a pas joué aussi bien qu’il le faisait. Mais je crois que pour le déroulement, la physionomie du match, le Chili a été meilleur. Il a été supérieur. Je pense que le Chili est un juste vainqueur et que la finale est largement méritée. Maintenant, il faut s’améliorer. Il faut essayer de fortifier les points positifs. Je crois qu’en finale, contre des joueurs encore plus dynamiques et rapides, on pourrait avoir des problèmes, mais le Chili est un vainqueur logique et un très beau finaliste.

Contre le Pérou, la défense a quand même eu des problèmes…

Je crois que nous avons eu des problèmes quand le Pérou a voulu avoir la possession. Quand le Pérou avait la balle, nous avons commencé à courir après et à courir de manière désordonnée. On a été un peu surpassés en défense. Ensuite, après le but du Pérou, quand le Chili s’est affirmé à nouveau au milieu, avec notamment un grand Charles Aránguiz, il me semble que le Chili est redevenu l’équipe de la première mi-temps, qui a cherché continuellement à marquer.

Tu aimes le jeu proposé par Sampaoli ?

Oui, mais attention, je ne suis pas « Sampaolista » ou « Bielsista » , j’aime le football offensif. Un football qui montre un objectif, des idées de jeu, une proposition. De ce point de vue, je crois que Sampaoli a un style, il a une philosophie une manière de voir le foot qu’il a inculqué et imprégné à ses joueurs. Et ça, ça se reflète sur le terrain. Parce qu’aujourd’hui, quand le Chili joue, il ne spécule pas. Dès la première minute, il attaque et il joue pour gagner. Il joue avec agressivité, avec profondeur. Ces caractéristiques correspondent au football que j’aime, donc oui, l’équipe de Sampaoli me plaît.

Les Chiliens sont durs avec Sampaoli car ils regrettent encore Bielsa ?

Oui, mais Sampaoli est un petit « Bielsista » ! Si le Chili est en finale, c’est qu’il le mérite. Les critiques existeront toujours, il faut les accepter. En revanche, je ne peux pas admettre qu’on dise que le Chili n’essaye pas, ne va pas de l’avant, ne fait pas tout pour gagner. Le reste, on peut en discuter.

Le choix de titulariser Pepe Rojas notamment ?

Regarde, la tactique défensive, ça a été un risque pris par Sampaoli. C’est différent de faire un changement naturel, qui dans ce cas aurait été de remplacer Jara par Rojas, que de tenter un coup tactique, en faisant entrer Albornoz pour Mena, faisant ainsi entrer deux gauchers. Il pensait qu’Albornoz allait apporter en vitesse et en jeu aérien, mais malheureusement, on a vu qu’il avait peu de football, et au bout de 20 minutes, il était en difficulté. D’autant qu’Advincula, le latéral péruvien, était extraordinaire ! Sampaoli s’en est rendu compte et a changé immédiatement. Et avec Mena, ça a été mieux. Même si Mena n’est pas toujours bon au marquage, il s’incorpore plus au jeu. Il a beaucoup combiné avec Alexis, ce qu’Albornoz avait du mal à faire. Mais les lacunes techniques de Rojas et Albornoz, le manque de vitesse de Rojas aussi nous ont posé problème. Sinon, nous n’avons pas été tant en difficulté que ça. À part le poteau de Farfán, ils n’ont pas eu mille occasions.

Que penses-tu du cas Vidal ? Qu’aurais-tu fait à la place de Sampaoli ?

Je ne sais pas, il faut être là à ce moment-là et à cet endroit-là pour avoir un avis sur ce que j’aurais fait. Chacun peut spéculer, commenter, mais c’est facile.

Et en tant que joueur, tu aurais réagi comment ?

En tant que joueur, j’aurais soutenu mon coéquipier. Je soutiens l’être humain, la justice c’est le problème de Vidal, et dans ce pays, la justice fonctionne. Vidal doit assumer sa responsabilité, mais d’un point de vue humain, je ne vais pas crucifier le joueur de foot, qui est un joueur de foot, mais surtout un être humain comme un autre qui fait des erreurs comme tout le monde. Moi, en étant là-bas, je ne l’aurais pas viré, je l’aurais mis face à ses responsabilités et on en aurait parlé, mais je me serais concentré sur l’aspect humain, j’aurais soutenu l’homme.

Et ton avis sur la réaction uruguayenne, après leur défaite ?

Ce sont des réactions typiques d’énervement après avoir été éliminés d’une compétition aussi importante que celle-ci. Aujourd’hui, ils parlent de moralité. C’est-à-dire d’une chose qui pour eux n’était pas importante il y a un an et l’est désormais. Mais, ils ne doivent pas ruminer cette situation et on doit arrêter d’en parler. Je pense aussi que les déclarations de 4 ou 5 joueurs celestes ne représentent pas l’avis général du pays. Mujica, par exemple, a dit : « Ce genre de choses, nous l’avons fait des dizaines de fois, et aujourd’hui, le Chili le fait » , il a calmé le jeu et il a dit : « Cela est toujours arrivé dans le football. » Il a raison à 100%.

D’ailleurs, cette victoire est un peu un déclic, pour cette équipe qui chutait toujours au premier match couperet, qui plus est face à une équipe spécialiste de ce genre d’affrontements ?

L’histoire est faite pour être changée. Aujourd’hui, aucune équipe ne te bat avec le poids de son histoire ou avec son maillot, c’est vrai que l’Uruguay sortait le local, dans les dernières Copa, mais nous, on a éliminé les champions du monde espagnols au Brésil. Je crois quand même qu’il y a un avant et un après Chili-Uruguay, on s’est rendu compte qu’on était désormais prêts pour ce genre de rendez-vous, auxquels on n’a pas toujours été présents. Et on a franchi cet obstacle, c’est un vrai pas en avant pour le foot chilien.

Tu crois que le Chili peut battre l’Argentine ?

Le Chili peut battre n’importe qui, comme il peut aussi perdre contre n’importe qui ! C’est évident, mais je dis toujours qu’aujourd’hui, une équipe sans idée de jeu, sans philosophie forte, et sans un important travail tactique, de discipline de préparation aux matchs, ne gagnera jamais rien. Le Chili a une ligne directrice, un style de jeu bien défini et particulier, des idées pour atteindre un objectif. Ça, c’est parfait.

Cette équipe est habituée à jouer ensemble, et à développer un football semblable en plus…

Ça fait déjà deux Coupes du monde qu’ils disputent ensemble, aujourd’hui ils ont beaucoup d’expérience. Ils viennent de clubs ou la pression est forte, tout comme en sélection, et cette pression, ils ont su la transformer en quelque chose de positif. Ça, c’est le mérite du corps technique, mais aussi de chaque joueur.

Il y a une peur face à l’Argentine ?

Non, de la peur, non ! Jamais, du respect oui, énormément de respect. Évidemment, mais de la peur non, ni quand moi je jouais, ni maintenant. Je crois qu’il y a beaucoup de respect pour ce que représente l’Argentine, pour ses joueurs. Car si tu compares le potentiel intrinsèque de chaque joueur, l’Argentine est nettement supérieure à tout le monde dans cette Copa América. L’Argentine a tellement de joueurs qu’elle pourrait en offrir. Si Agüero n’est pas là, tu as Tévez, et si Tévez n’est pas là, tu as Higuaín, c’est une folie. Mais l’Argentine a aussi des points faibles, elle a eu des moments compliqués, ils sont passés par les tirs au but pour battre la Colombie, ce que nous avons évité, donc l’Argentine a des raisons de craindre le Chili.

Ton équipe en 98 était meilleure que celle-là ?

C’est juste différent, difficile à comparer. Mon équipe, en 98, avait un système très spécial et jouait avec un 4-4-2 strict sans variante. On ne changeait jamais, on se connaissait parfaitement, on savait ce qu’on devait faire. On avait une équipe plus agée aussi, l’immense majorité des joueurs avait plus de 30 ans. Maintenant, je crois que l’équipe est plus jeune, ils jouent presque tous à l’étranger, ce qui apporte un plus. À l’époque, j’étais le seul en Europe, Salas était à River et est parti après le Mondial.

Pour toi, c’est quoi la différence essentielle entre le football sud-américain et européen ?

Le joueur sud-américain est très différent. Pour le footballeur sud-américain, l’effort, le fait de ne rien lâcher, la persévérance, la lutte sont des valeurs fondamentales. La partie tactique est bien sûr importante, mais quelque part, elle passe au second rang. Tu t’en rends compte ici durant la Copa América. Pourquoi Messi ne brille pas tant (itw réalisée avant Argentine-Paraguay, ndlr), pourquoi James a du mal, pourquoi Neymar ne fait pas tant de différences ? Parce qu’ils ont des mecs durs, qui les harcèlent en permanence, qui se jettent sur eux. En Europe, il y a beaucoup plus d’espace. Le foot, ici, c’est un effort. Regarde Gary Medel.

Pour toi qui commentes désormais les matchs (pour DirectTv), l’ambiance au Nacional, ça te fait toujours quelque chose ?

Évidemment, je me souviens quand, au Mondial 98, on le chantait la main sur le cœur. L’hymne de ton pays repris a cappella par le Nacional, c’est quelque chose ! Contre le Pérou, mon fils de 7 ans était à fond. Je l’emmène toujours au stade, mais hier, c’était différent, il était vraiment dedans. Ça m’a donné la chair de poule cet hymne. Mais l’ambiance au Nacional était plus impressionnante avant, car il y avait des bombos, maintenant avec la loi Estadio Seguro (stade sûr), ça n’est plus autorisé, ça fait moins de bruit. En parlant d’hymne, j’ai étudié le français au collège, on apprenait la Marseillaise (Il commence à chanter « Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé » avec un fort accent espagnol, ndlr). C’est un superbe hymne, le moment où les violons commencent à jouer est magnifique.
Luis Enrique, en coulisses comme à la scène

Propos recueillis par Arthur Jeanne

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