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Il y a 20 ans, l’arrêt Bosman

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Il y a 20 ans, l’arrêt Bosman

Le 8 août 2010, le joueur belge Jean-Marc Bosman, en conflit avec son ancien club, saisissait le tribunal de Liège. Le début d'une affaire qui allait bouleverser à jamais le paysage footballistique.

D’abord, le rappel des faits. En 90, Jean-Marc Bosman est un anonyme joueur belge évoluant depuis deux saisons au RFC de Liège contre un salaire mensuel de 120 000 Francs belges (3 000 euros). En fin de contrat, le club lui propose une prolongation de 4 ans contre une méchante baisse de salaire. Pas fou, le joueur refuse et entre en contact avec l’US Dunkerque, de l’autre côté de la frontière. Dans un premier temps, les deux clubs s’entendent sur un prêt payant avec option d’achat, mais finalement, Liège se rétracte et refuse le transfert. Bosman, sans club et exclu de toute compétition, saisit alors le tribunal de première instance de Liège, le 8 août. Il demande la suspension du système de transfert de l’époque (qui oblige un joueur en fin de contrat à demander une autorisation de départ, contre indemnité). A cette première demande en justice s’ajoutera plus tard la remise en cause du système de quota existant alors, qui interdisait aux clubs européens de compter dans ses rangs plus de trois joueurs étrangers ressortissants de la Communauté européenne.

Cette plainte aboutira cinq ans plus tard, le 15 décembre 95, à l’Arrêt Bosman, une jurisprudence permettant d’une part aux joueurs en fin de contrat d’être définitivement déliés de leur précédent club, d’autre part aux clubs de compter dans leurs effectifs autant de ressortissants de l’Union Européenne qu’ils le souhaitent. C’est la fin de l’exception sportive : le joueur de football est désormais considéré comme un travailleur et peut librement circuler au sein de l’Europe. La libéralisation du foot pro est en marche. Les conséquences, maintenant. Elles sont énormes, irrémédiables. D’abord, les effectifs des clubs vont être bouleversés. Avec des vainqueurs – les clubs issus des championnats économiquement compétitifs – et des perdants – les autres. La mobilité internationale des joueurs va devenir la règle, de même que l’inflation du montant des transferts et des salaires.

Un exemple flagrant ? Mai 1995, dernière finale de la C1 d’avant l’Arrêt Bosman. C’est le triomphe de l’Ajax, avec une équipe hollandaise presque exclusivement constituée de locaux formés au club. L’Ajax est un modèle de club pour qui l’Arrêt Bosman a fait mal, très mal. Seedorf, Kluivert, les De Boer, Reiziger, Davids and co, tous les cadres et les grands espoirs de l’équipe finiront par partir vers des championnats plus attractifs. Idem pour la génération suivante : Sneijder, Van Der Vaart, Babel, etc. 1995 est un chant du cygne. Pas forcément pour des clubs misant sur la formation – l’actuel FC Barcelone est la preuve que ça fonctionne encore – mais pour les clubs des « petits » championnats, incapables financièrement et sportivement de conserver leurs meilleurs éléments. L’Arrêt Bosman a eu le mérite de libérer les joueurs, mais il a surtout accéléré le phénomène d’individualisation en football.
La fin des années 90 et les années 2000 confirmeront ainsi le lent déclin du championnat hollandais, mais également belge et dans une moindre mesure français, sans parler de l’Europe de l’est. Elle est bien loin l’époque où l’Etoile Rouge de Belgrade, le Steaua Bucarest, Bruges ou Malmö disputaient la finale de la C1. En quinze ans, l’élite européenne s’est considérablement resserrée et la compétition reine a perdu en diversité. Une tendance accentuée par la réforme de la Champion’s League et qui permet aux championnats les plus forts d’aligner jusqu’à quatre de leurs clubs en compétition.

L’Arrêt Bosman a également eu pour conséquence une internationalisation des effectifs. On peut par exemple citer l’Arsenal de Wenger, qui s’est servi à fond de cette réforme pour se révéler à l’échelle nationale et européenne, grâce notamment à sa forte délégation française et… hollandaise. Quitte à en oublier les joueurs locaux, qui ont quasi disparu de l’effectif. Arsenal est un cas extrême mais qui reflète une tendance générale qu’on retrouve même dans les divisions inférieures, même dans les petits championnats. Il n’est désormais plus rare de retrouver dans d’obscurs clubs grecs ou roumains des joueurs français ou portugais barrés dans leur pays ou tentés par une carrière de baroudeur.

Autre conséquence importante enfin, elle concerne les sélections nationales. Exemple : la grande réussite des Bleus période 98 – 2000 est à mettre en lien direct avec l’exode de ses meilleurs joueurs dans de grands clubs européens, emmagasinant ainsi expérience et culture de la gagne (alors qu’au même moment les clubs français reculaient de la scène européenne). A l’opposé, la sélection anglaise depuis une dizaine d’années, incapable de bien figurer dans de grandes compétitions et devant composer avec des joueurs issus de clubs de seconde zone (West Ham, Aston Villa, Everton, Tottenham), tandis que leurs quatre clubs majeurs, composés majoritairement d’étrangers, trustent les matchs d’honneur de la C1. On pourrait citer d’autres conséquences – perte d’identité des clubs, désamour et fossé se creusant avec les supporters ultras, évolution des mentalités du joueur, importance accrue du rôle de l’agent dans la sphère footballistique… L’Arrêt Bosman n’est bien sûr pas la cause de tous les maux actuels du football moderne, mais il en est à n’en pas douter un facteur déterminant, un catalyseur. Joyeux anniversaire.

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