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Hervé Renard : caramba, encore raté

Par Régis Delanoë
6 minutes
Hervé Renard : caramba, encore raté

Le LOSC se déplace ce samedi chez la lanterne rouge avec sur le banc Patrick Collot, ancien adjoint d’Hervé Renard nommé provisoirement entraîneur en chef après le départ de ce dernier. C’est le deuxième échec en Ligue 1 de l’homme à la chemise blanche, qui semble à la fois payer les résultats en chute libre de l’équipe, l’absence de fonds de jeu, une avant-saison manquée et un manque d’implication qui aurait fortement déplu à la direction.

Ses détracteurs diront qu’il a quitté la Ligue 1 et le Nord de la France au moment où le temps commence à devenir frisquet. Une température à la baisse, de l’humidité dans l’air, du vent, les journées de plus en plus courtes… Rien de bien compatible avec la panoplie qui a forgé la réputation d’Hervé Renard dans l’Hexagone. Sa marque de fabrique, c’est la chemise blanche fermée moins deux boutons. Il y avait Bielsa et sa glacière, Laurent Blanc pendant longtemps avec sa touillette, Guy Lacombe avec ses pulls. Renard, c’est en chemise blanche qu’on le connaît, la liquette associée à un teint halé et à un sourire toutes dents blanches découvertes. C’est un physique reconnaissable que les observateurs du championnat de France ont d’abord perdu à l’annonce du départ d’Hervé Renard officialisé le 11 novembre. C’est peut-être injuste et réducteur, mais c’est un fait : de lui, spontanément, on gardera le souvenir d’une stature physique sur un banc plutôt que d’un technicien avec des convictions, des idées et un fonds de jeu identifiable. Renard est une chemise, pas un schéma tactique ni une identité propre. De son LOSC côté pelouse, l’histoire retiendra essentiellement l’émergence du talent de Sofiane Boufal. Pour le reste…

Pessimiste avant même la première journée…

L’histoire n’avait pourtant pas mal commencé. Hervé Renard arrive à Lille le 25 mai dernier, deux jours seulement après la 38e journée de la saison 2014/2015. On est à J-171 jours avant son éviction. À la signature d’un contrat sur 3 ans, l’heure est alors à l’optimisme, Michel Seydoux pensant avoir trouvé le bon profil pour tourner la page du besogneux René Girard. Renard, c’est une flamboyance sans avoir trop à se forcer, une promesse, un exotisme et des résultats spectaculaires obtenus sur le continent africain : une CAN surprise obtenue avec la Zambie en 2012 et une seconde trois ans plus tard avec la Côte d’Ivoire. Le natif d’Aix-les-Bains se forge un palmarès et une réputation. Il se révèle aussi comme un homme de missions, un intérimaire du banc ne restant jamais très longtemps sur le même, mais tentant avec application et conviction d’atteindre les objectifs qu’on lui confie. À Sochaux en 2013/2014, il a échoué dans la quête du maintien, mais ce n’est alors pour lui qu’un semi-échec, car pour sa première expérience en L1, il a impressionné par sa qualité de meneur d’hommes charismatique et s’est fait remarquer par sa prestance. Il croit à l’époque pouvoir rebondir et rester dans l’élite du foot français, se révèle en opportuniste ambitieux, mais il est finalement contraint de refaire son retour en Afrique pour ne pas pointer au chômage. Ce sera donc la Côte d’Ivoire et ce second titre continental personnel. Celui qui convainc Lille. Cette fois, Renard a le temps pour façonner son équipe. Il a tout l’été pour préparer son grand come-back en L1. Mais cette intersaison ne se passe pas comme prévu. Son premier grand revers, il le subit sur le marché des transferts avec l’incapacité du LOSC de lui obtenir son objectif offensif numéro un : Jordan Ayew, qu’il avait révélé – et réciproquement – à l’époque de Sochaux. Le Ghanéen finit bien par quitter Lorient fin juillet, mais pour rejoindre la lucrative Premier League et le club d’Aston Villa. Déjà à l’époque, alors que la nouvelle saison n’a pas encore commencé, Renard commence à dégainer son franc-parler en même temps que sa frustration. « Aujourd’hui, on ne peut plus prétendre au top 5 (…). Finir septième serait bien, mais ça ne va pas être facile » , déclare-t-il le 25 juillet. On a connu discours à la presse plus emballant…

4 attaquants recrutés, 0 but

Au moins fait-il preuve à ce moment de lucidité. Car Renard n’est clairement pas le seul fautif dans l’histoire et a été confronté à la politique mise en place par Michel Seydoux depuis quelques saisons maintenant et qui consiste à vendre rapidement les meilleures valeurs marchandes de l’effectif. Le savait-il en signant ou a-t-il fait preuve de naïveté ? Toujours est-il qu’Idrissa Gueye est parti, comme Adama Traoré, Simon Kjær ou Nolan Roux, que Renard n’a pas souhaité conserver. Erreur fatale : tous ses remplaçants et les plans B à Jordan Ayew se sont jusqu’à présent montrés incapables de marquer des buts. 0 but en 8 apparitions pour Baptiste Guillaume, 0 but en 9 apparitions pour Junior Tallo, 0 but en 6 apparitions pour Yacine Benzia, 0 but en 7 apparitions pour Sehrou Guirassy. Constat terrible, alors qu’un autre attaquant qui appartenait au LOSC, Abdoulay Diaby, a filé à Bruges avant même l’arrivée de Renard et qu’il enfile les buts en Jupiler League cette saison… Si Renard s’est planté dans ses choix, le LOSC s’est aussi planté dans sa gestion humaine, avec des cadres vieillissants et un effectif pas forcément hyper uni, à l’image de l’altercation à l’entraînement entre Renato Civelli et Sofiane Boufal fin octobre, au lendemain d’un match de Coupe de la Ligue où le lutin avait clairement montré son je-m’en-foutisme. Le vestiaire désuni, Renard a eu le mérite d’essayer plusieurs schémas tactiques sans jamais trouver la solution pour réveiller offensivement son équipe : 4-2-3-1, 4-3-3, 3-5-2, 3-4-3, 5-4-1… Tout ou presque a été tenté, en vain, jusqu’à la confusion. « Les mêmes problèmes reviennent et je n’ai pas encore la solution » , avouait-il il y a quelques semaines.

Le fatal « Lille doit me servir de tremplin »

Un franc-parler qui a pu finir par agacer ses joueurs en même temps que la direction du club, car Renard n’a pas hésité à qualifier en public le jeu produit par son équipe de « pitoyable » , ni à dire « on s’emmerde » . Des paroles qui peuvent évidemment crisper en ne ménageant pas les susceptibilités. De quoi plaire aux supporters ? Pas vraiment non plus, car il s’est attiré leur colère par une autre déclaration pour le moins maladroite avant la réception de Marseille le 25 octobre (1-2). « Je n’ai pas peur de le dire, Lille doit me servir de tremplin pour aller le plus haut possible dans le football européen, déclarait-il alors. Je sais que ce poste est hyper difficile, avec une pression exceptionnelle, mais je n’aurais pas peur d’entraîner l’OM, si jamais on me le proposait un jour. » Juste avant d’affronter l’équipe en question, ça le fait évidemment moyen… De quoi évidemment vexer les fans des Dogues et définitivement convaincre Michel Seydoux qu’il a fait une erreur de casting. « Tu n’es qu’un bon à rien » , aurait-il dit à Renard en off, des propos rapportés par Le Parisien, alors que le LOSC pointe actuellement au 16e rang avec 13 points pris et 7 buts marqués. En version officielle, ça donne ce communiqué : « Le LOSC annonce sa décision de mettre fin de manière amiable à sa collaboration avec Hervé Renard. » Il va falloir en marquer des buts maintenant.

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