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Hakan Çalhanoglu, maître ès coups francs
Ce soir, le Bayer Leverkusen doit absolument marquer pour espérer une qualification en phase de poules de la Ligue des champions. Face à la Lazio, Hakan Çalhanoğlu et sa patte exceptionnelle seront au centre des attentions. Car depuis quelques saisons, le Turc a fait du coup franc direct sa marque de fabrique.
La Bundesliga raffole des buts improbables. La saison dernière, Moritz Stoppelkamp (Paderborn) s’était illustré en marquant un but de 83 mètres face à Hanovre. Il y a quelques années, Sebastian Langkamp, alors à Karlsruhe, avait inscrit un but en tacle face au Bayer Leverkusen. Et puis il y a ce coup franc de Hakan Çalhanoğlu face au Borussia Dortmund, qui date du 22 février 2013. Ce jour-là, le BvB est complètement à la rue face au HSV. Profitant du laisser-aller de la fin du match, le Turc inscrit un coup franc complètement fou de 43 mètres. Au vu de son placement, Roman Weidenfeller est en partie fautif. Mais il faut dire que la frappe de Çalhanoğlu est somptueuse : une frappe lourde, et qui change de direction au dernier moment. Une cacahuète qui n’est pas sans rappeler celle de l’homme qui a régalé la France pendant huit saisons : Juninho Pernambucano.
Le modèle Juni
Doté d’une patte exceptionnelle, Hakan Çalhanoğlu s’inspire des plus grands pour peaufiner sa technique sur coup franc. Et Juninho fait bien évidemment partie des références. « J’adore regarder en boucle ses vidéos sur Youtube. J’appuye sur « Pause » plusieurs fois, pour copier exactement ses gestes. Sa course, sa technique de tir, tout » , avait déclaré en juillet 2013 celui qui était sur le point de commencer la grande aventure dans l’élite avec le HSV, après avoir bouclé une saison folle en 3. Liga avec Karlsruhe, marquée par 17 buts en 36 rencontres. Bien entendu, dans ces réalisations, il y a des coups francs. Et Hakan savait parfaitement qu’en continuant à travailler ses coups francs, il serait capable d’en inscrire encore face aux gros. Alors chaque jour, après les entraînements, il s’impose des séances où il tire et retire des ballons arrêtés, de n’importe quelle position sur le terrain. Et ça paye : car si le HSV effectue une saison 13/14 dégueulasse (16e, barrages, sauvetage face au Greuther Fürth), le joueur de 20 ans constituera la seule satisfaction des visiteurs de l’Imtech Arena. Le milieu offensif bouclera d’ailleurs sa première saison en 1. Bundesliga avec 11 buts et 6 passes décisives en 32 rencontres. Dont ce coup franc face au Borussia Dortmund, donc.
Au cœur du système Schmidt
Forcément, un talent comme celui-là, ça intéresse les grands clubs du championnat. Et c’est le Bayer Leverkusen qui finira par l’acquérir, dans des circonstances plutôt particulières. Alors qu’il avait déclaré sa flamme au HSV (et prolongé jusqu’en 2018), Çalhanoğlu décidera finalement de faire faux bond au club qui l’a révélé, provoquant l’ire des fans de Hambourg. Il ne se pointera pas à la reprise, et brandira un certificat médical délivré par une psychologue de Heidelberg (non loin de Mannheim, sa ville natale), certificat dans lequel il est indiqué qu’il souffre de stress et autres problèmes liés à la réaction des fans. Dans le même temps, il se procurera un nouveau numéro de téléphone, devenant ainsi injoignable pour le HSV. Finalement, le club de la Hanse le laissera partir pour la banlieue de Cologne, contre un chèque de 14,5 millions d’euros.
Malgré cette aventure (ainsi que cette altercation avec Gökhan Töre en sélection), rien ne semble freiner la progression de Hakan Çalhanoğlu. Bien qu’il évolue dans un registre plus défensif au Bayer, il est indispensable au système de Roger Schmidt. Car le Turc court beaucoup et récupère moults ballons dans les pieds. De plus, il sait très bien protéger son ballon (quitte à parfois trop se regarder jouer) et peut lancer ses attaquants depuis sa moitié de terrain. Et bien entendu, il est de plus en plus dangereux sur coup franc. La saison dernière, Çalhanoğlu a inscrit cinq coups francs. Cette année, il a ouvert son compteur face à Hanovre, ce qui porte son total à 11 réalisations sur coups de pied arrêtés, le tout en 67 matchs de Bundesliga. Soit un but sur coup franc tous les six matchs. C’est mieux que Salihović (10 buts en 176 parties), et ce sera bientôt mieux que Diego, l’ancien meneur du Werder Brême n’ayant marqué que 13 fois en 161 rencontres. Face à la Lazio Rome, on peut être sûr et certain que Hakan Çalhanoğlu sera au centre des attentions : ce sera à lui de lancer les trublions Son et Bellarabi, ou alors de déposer le ballon sur les crânes de ses joueurs dans la surface. À moins qu’il ne se charge directement de la sentence.
Par Ali Farhat