- France
- Ligue 1
- Yo Gourcuff
Gourcuff joue-t-il la montre ?
Rennes, Montpellier, Guingamp, Marseille, Monaco, Lille ou encore Watford selon le Sun... Malgré une longue liste de clubs intéressés par ses services, Yoann Gourcuff est toujours sans club à deux semaines de la fin du mercato. Le meneur de jeu joue-t-il la montre pour faire monter les enchères ?
Depuis la fin de son contrat à Lyon, Yoann Gourcuff a été imaginé un peu partout, avec une liste de prétendants chaque semaine un peu plus longue. Et pourtant, à moins de deux semaines de la fin du mercato, le meneur de jeu est toujours sans club malgré l’insistance de Rennes et Montpellier. Du côté du joueur, on a évoqué le besoin « d’être à 100% physiquement avant de s’engager dans une nouvelle équipe » , ce qui, de l’extérieur, pourrait facilement paraître un prétexte en attendant l’offre idéale. « Cela paraît logique de se dire qu’il joue la montre et attend d’avoir une offre qui réponde à 100% de ses critères, mais cela ne ressemble pas forcément à la mentalité de l’homme » , estime Pierre Dréossi.
Pour l’ancien directeur sportif du Stade rennais, Gourcuff ne cherche pas forcément un « plus gros club » , mais « un environnement où il se sent bien humainement et important sportivement » . Une analyse que partage l’agent Christophe Hutteau, pour qui le meneur de jeu semble « trop honnête et trop droit pour se livrer à ce type de calcul » . Lui aussi agent, Franck Belhassen admet que la situation du Breton est atypique, à l’image de ce joueur « qui ne joue pas et ne pense pas comme les autres footballeurs » . Mais pour lui, la stratégie du clan Gourcuff n’est pas illogique, car « le temps joue pour lui vu qu’il est libre, et peut donc même signer après le mercato en septembre » . D’autant plus que selon Pierre Dréossi, qui a vécu plus d’un mercato en Bretagne, « beaucoup de choses se passent dans la dernière semaine voire les dernières 48h du marché » .
Gourcuff et l’effet tiroir
Et pour Gourcuff, l’occasion peut être « de devenir un plan B pour une très belle équipe qui aura perdu un joueur à la toute fin du mercato, ce que j’appelle l’effet tiroir » , précise Dréossi. En attendant, le joueur ne prend-il pas des risques inconsidérés en faisant une préparation individuelle et en faisant attendre ses prétendants ? « S’entraîner seul, ce n’est pas la meilleure préparation » , admet Hutteau, mais selon lui, « il faudrait connaître toutes les données du problème pour comprendre sa position » .
Ce que sous-entend également Dréossi : « Peut-être qu’il traîne une blessure et ne pouvait pas assumer une préparation collective et veut donc arriver en pleine intégrité physique vis-à-vis des autres joueurs. » À un tournant de sa carrière, l’ancien Bordelais ne peut se permettre un nouvel échec et a bien compris que la saison à venir était celle de la relance ou du retour dans le rang. D’où l’absence d’offres de top clubs pour le moment ? « Aucun club européen ne peut miser sur lui, car il offre trop peu de certitudes, même si en même temps il est trop fort pour ne recevoir aucune proposition » , estime Belhassen.
Gourcuff, Diaby, Diarra, même combat
Malgré ses déboires depuis cinq ans et en dépit d’une image de joueur fragile et meurtri, le Breton reste aux yeux de la plupart des entraîneurs un talent pur. « Il apporte énormément de solutions dans le jeu, il peut changer une équipe » assure Dréossi, même si en contrepartie certains techniciens peuvent être réticents à l’engager car « il peut devenir un problème dans un vestiaire à cause de ses absences répétés, comme à Lyon » . Ce qui pousse l’ancien dirigeant à dire que Gourcuff, c’est avant tout « un pari pour le club qui le prendra » , à l’image de ce qu’a fait l’Olympique de Marseille avec Abou Diaby et Lassana Diarra. Un pari que Christophe Hutteau serait ravi de relever en tant qu’agent du joueur : « Il faut lui rendre grâce, car il aurait pu signer dans un club depuis longtemps et prendre son salaire même en étant blessé ou pas à 100%. Il a donné la priorité au sportif et à l’environnement, et surtout, il n’en fait clairement pas une question d’argent. J’aurais aimé gérer ce type de joueur. »
Par Nicolas Jucha
Tous propos recueillis par NJ