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FC Barcelone et Qatar, histoire d’un business

Par Robin Delorme, à Madrid
FC Barcelone et Qatar, histoire d’un business

Ca y est, à partir de la prochaine saison, le Barça va arborer un sponsor commercial : Qatar Aiways. À grands coups de millions, le Qatar s’invite sur le maillot blaugrana. Et rien à voir avec de la philanthropie. L’ère UNICEF est irrémédiablement révolue.

Le communiqué est laconique : « Le FC Barcelone et Qatar Sports Investments communiquent qu’ils se sont mis d’accord, en respectant les termes du contrat, que Qatar Airways serait le nouveau sponsor maillot du Club à partir de la saison 2013-2014, comme nouveau Sponsor Principal global. » Une seule et unique phrase qui appuie là où ça fait mal pour le premier culé venu. Car pour la première fois de sa riche histoire, le FC Barcelone arborera lors du prochain millésime un vulgaire sponsor commercial. Cette annonce, tombée vendredi après-midi, fait définitivement rentrer le club blaugrana dans le rang. Fini le rôle de donneur de leçon humanitaire. Désormais, le Barça est un fanion à vendre aux plus offrants. Et niveau pesetas, le contrat est plus que juteux : QSI (décidément, toujours les mêmes) verse approximativement 33 millions d’euros par an jusqu’en 2016. Que Johan Cruyff, le grand ennemi du patron actuel du club, se rassure, sa fameuse punchline « souillure de maillot » n’a pas fini de faire des remous du côté de la cité de Gaudi.

Une annonce sans en être une

Car le Sandro Rosell est bien plus rationnel que son fantasque prédécesseur Joan Laporta. Dans l’esprit de l’ancien directeur de la firme à virgule en Amérique du Sud, le Barça « a besoin de cet argent pour l’équilibre financier de (son) budget » . Pour convaincre son monde, il va même jusqu’à brandir la sempiternelle menace merengue : « Si le Qatar n’investit pas à Barcelone, j’ai peur qu’il aille financer le Real Madrid. » Gros malin, ce Sandro. Mais le Catalan n’est pas dupe comme un lapin de trois semaines. Histoire de faire passer la pilule, le big boss de la maison blaugrana a tâté le terrain. Déjà en 2003, sous la présidence Laporta, la société Qatar Airways avait proposé la modique somme de 125 millions d’euros sur cinq ans. Que nenni ! Le Barça décide alors de verser un million et demi d’euros sur cinq ans, ainsi que 0,7 % des revenus de sa fondation, à l’UNICEF. Le geste, bien qu’intéressé, est à souligner. Mais voilà, les comptes blaugrana sont dans le rouge. Et quelques mois après son élection, en décembre 2010, Sandro Rosell annonce que le Barça remplacera l’agence des Nations Unies par la très humanitaire Qatar Foundation. Le début des emmerdes.

À première vue, le nouvel homme fort du Barça peut se targuer de lier un partenariat tout aussi bien humanitaire qu’attractif financièrement. Toucher 33 millions par an pour afficher une organisation luttant pour l’éducation et la recherche n’a rien de criminel. Bien au contraire. Mais le hic est ailleurs. Dans ce contrat lucratif, un paragraphe est resté bien anonyme durant ces deux dernières saisons. Paragraphe que n’a pas manqué de rappeler le communiqué de ce vendredi: « Le contrat signé entre QSI et le FC Barcelone prévoyait la possibilité d’inclure un nouveau sponsor sur le maillot à partir de la troisième saison après l’accord, comme cela a été expliqué lors de l’Assemblée de socios de septembre 2011. Rappelons que la présence d’un sponsor sur le maillot a été acceptée lors de l’Assemblée d’août 2003. » Bref, Sandro se la joue filou. Car pas besoin d’avoir un QI de surdoué pour comprendre que ce dit passage n’avait pour mission que d’assurer une transition en douceur pour le socio. De mes que un club, le Barça devient mes que bankable.

Très cher ami qatari

Le Barça n’est bien entendu pas une exception. À l’instar du PSG, de Manchester City et bientôt du Real Madrid, le club culé profite des richesses infinies des pays du Golfe, histoire de combler des dettes abyssales et de pouvoir continuer sur un train de vie démesuré. La démesure, justement, c’est le dada du Qatar. Mais ces liens ne sont pas du seul fait de Sandro Rosell. Ainsi, sa sainteté Pep Guardiola, joueur du mythique Al-Ahli de 2003 à 2005, a joué le rôle d’ambassadeur de luxe aux côtés de Zinedine Zidane pour la candidature du Qatar à la Coupe du monde 2022. Pis, il aurait reçu une offre plus que mirobolante de la Fédération qatari il y a de ça un an et demi. Pour rappel, Bruno Metsu – un nom trop peu clinquant pour l’émirat – vient de se faire éjecter du banc de touche de l’équipe nationale. En recherche d’un nom à la hauteur de ses attentes, le Sheikh Hamad Bin Khalifa Bin Ahmad Al Thani – dont la fortune est aussi longue que son patronyme – sort un chèque en blanc pour acquérir le Pep. Enfin quasi. Selon plusieurs journaux, le montant sentait bon les 33 millions d’euros la saison pour un contrat de cinq piges. Mais lui a refusé. Question de standing.

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