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Fausse crise à l’Ajax ?
Battu par l'AZ Alkmaar lors de la 21e journée de championnat, l'Ajax Amsterdam pointe à douze points de l'intouchable leader PSV. Entre les rumeurs de départ de De Boer et la crise sportive, l'Ajax accuse le coup, mais ne s'avoue pas forcément vaincu. Après tout, la situation a un air de déjà vu.
Frank de Boer aurait sans doute préféré une meilleure manière de célébrer son 200e match sur le banc de l’Ajax Amsterdam, toutes compétitions confondues. Comme Arsène Wenger l’année dernière qui s’était pris une énorme branlée par Chelsea (6-0) pour son millième match sur le banc d’Arsenal, le coach batave a subi une jolie humiliation face à l’AZ Alkmaar malgré ce 1-0 qui témoigne d’un match plutôt serré. Rien à voir avec la passe aveugle qu’Esteban Alvarado, gardien costaricien de l’AZ, a calé pour son défenseur pendant que le rookie Bazoer – première titularisation à 18 ans – le chargeait comme un chien fou durant le match. Non, cette défaite face à l’AZ signifie beaucoup plus pour l’Ajax et en particulier pour De Boer.
Tout d’abord, cela faisait trois ans que l’Ajax n’avait pas gagné trois matchs d’affilée en Eredivisie. Ensuite, la dernière victoire de l’AZ sur l’Ajax chez eux remontait au 18 octobre 1980. Seul le gardien Diederik Boer, remplaçant de Jasper Cillessen, était né à l’époque, âgé de… 24 jours. Surtout, le club ajacide vient sans doute de laisser échapper un cinquième titre consécutif en championnat hollandais, désormais à douze points du leader PSV. La presse n’est d’ailleurs pas tendre avec le champion en titre, le Volkskrant titrant que « L’Ajax doit faire attention, même une seconde place n’est pas assurée » alors que le PEC Zwolle, troisième d’Eredivisie et vainqueur de la Coupe des Pays-Bas, talonne les Ajacides de quatre points. De son côté, le Telegraaf envoyait du jeu hier soir : « Le PSV peut mettre le champagne au frais : la crise est totale à l’Ajax » . Thèse validée par Ronald De Boer au micro de Fox Sports pendant que Moisander, capitaine de l’Ajax exclu face à l’AZ, parle avant tout de spéculation. Crise ou pas crise, du coup ?
L’Ajax n’a plus le mojo
Le fait est que depuis le retour de la trêve, le PSV continue à soutenir son niveau de rouleau compresseur en Eredivisie. Les hommes de Cocu et leur jeu tout en fluidité et rapidité, invaincus depuis le 28 septembre, ont obtenu quatre victoires en quatre matchs depuis le 17 janvier (au total, les Boeren comptabilisent huit victoires d’affilée, record en cours) et Memphis Depay s’est emparé de la tête du classement des buteurs avec 13 unités. Forcément, certains s’emballent.
Ja hoor. De eerste PSV- tattoo’s én de daarbij voorspelbare behorende reactie’s op mijn timeline #ob pic.twitter.com/v4GNQEm1oe
— paul post (@paulpostman) February 5, 2015
L’Ajax, lui, a vraisemblablement perdu le mojo. Malgré la victoire de reprise face à Groningen (2-0), les Godenzonen ont enchaîné un nul et deux défaites, et les cinq points qui les distançaient du PSV il y a encore deux semaines semblent désormais bien loin. Si De Boer a bien tenté d’opérer des changements suite à la déroute face au Vitesse samedi dernier en mettant sur le banc Andersen et un Milik muet depuis deux mois, l’ancien capitaine des Oranje doit surtout composer avec sa profondeur de banc : Sigþórsson, Fischer, Serero, Veltman et surtout Klaassen sont actuellement blessés. Et, pour la première fois de la saison, l’Ajax a dû improviser face à l’AZ avec un Lasse Schöne positionné sur le front de l’attaque, lui qui occupe habituellement une place d’ailier dans le 4-3-3 de De Boer. Sur le terrain aussi, l’Ajax a joué de malchance. D’abord parce que la tête de Mike van der Hoorn sur corner, repoussée par un défenseur de l’AZ sur sa ligne, est venue mourir sur la barre d’Alvarado. Ensuite parce que les Ajacides se sont retrouvés à dix après le rouge de Moisander, à l’heure du jeu, plutôt sévère pour une poussette sur Aron Johansson. C’est d’ailleurs l’Islando-Américain qui, un quart d’heure plus tard, mettra fin aux espoirs de l’Ajax en plantant l’unique but de la partie.
De Boer bientôt à Newcastle ?
Forcément, à l’issue du match, l’impassible Frank de Boer tirait une gueule de dix mètres de long. Cette défaite, c’est la sienne. Celle d’un groupe, d’un système modelé par lui et qui ne fonctionne peut-être plus autant qu’avant, amputé de ses cadres Daley Blind et Siem de Jong, jamais vraiment remplacés après leurs départs l’été dernier pour l’Angleterre. À ce titre, le coach batave a parlé de « clarifier [sa] situation avec le club rapidement » à Fox Sports. Si l’Ajax a peut-être besoin d’un nouveau coup de kick, De Boer, lui, a des envies d’ailleurs de plus en plus pressantes. Battu d’une courte tête l’été dernier par Pochettino dans la course au poste de head coach de Tottenham, la perfide Albion verrait d’un bon œil le fait que l’ancien capitaine oranje traverse la mer du Nord. Notamment du côté de Newcastle où il pourrait reprendre le poste vacant d’Alan Pardew (remplacé jusqu’à la fin de saison par John Carver) et retrouver son poulain Siem de Jong, même si la démission récente de Redknapp fait de ce dernier un concurrent sérieux.
Après tout, la tulipe se marie bien avec la rose comme en témoignent les parcours de Koeman à Southampton et Van Gaal à Manchester United. Ceci étant, De Boer devra – et voudra – de toute manière terminer la saison. Sûrement en fanfare, lui qui en a fait sa spécialité. Pour rappel, lors de la saison 2011-12, l’Ajax pointait à la sixième place d’Eredivisie à la 21e journée avec dix points de retard sur le leader… AZ Alkmaar. Cette année-là, Liverpool avait tenté de faire signer Frank de Boer. Surtout, cette année-là, avant d’entamer une série de quatorze victoires consécutives et de finalement remporter le championnat, l’Ajax avait perdu son dernier match de la saison face à Utrecht. À domicile. Un 5 février.
Par Matthieu Rostac, à Amsterdam