Salut Fabio. Comment ça se passe en Suisse ?
Bien, c’est cool. J’ai repris l’équipe de Lausanne en mars après la destitution de Marco Simone. On a une équipe très jeune, on est deuxièmes du championnat, toujours en lice en coupe, donc tout roule. C’est une super expérience d’entraîneur pour moi.
Ça fait plus de dix ans que tu as quitté la France après ton départ de l’OM. L’Hexagone ne te manque pas ?
Un peu. La Ligue 1 est toujours une compétition que je regarde avec beaucoup d’intérêts, c’est un championnat que j’apprécie et que j’aimerais beaucoup redécouvrir en tant que coach.
Et Marseille ?
J’ai passé des moments magiques là-bas. À titre personnel, j’ai eu beaucoup de premières : ma première saison dans un club qui joue les premiers rôles, ma première participation à la Ligue des champions, ma première finale européenne (perdue contre Valence en UEFA en 2004, ndlr)… C’était un régal d’être à l’entraînement, avec un putain de groupe. Vedran Runje, Frank Lebœuf, Manu Dos Santos, Didier Drogba, Steve Marlet, Daniel Van Buyten… On était une bande de potes, nos familles mangeaient ensemble. Je n’en garde que du bonheur. Je suis toujours invité pour les matchs, j’ai gardé contact avec Dos Santos, Pérez ou Drogba. C’est la beauté de ce club : quand tu y joues un jour, tu es tatoué OM jusqu’à la mort. C’est une vraie famille.
Ton meilleur souvenir ?
La finale de Coupe UEFA. Paradoxalement, c’était un moment assez triste, car je savais que c’était mon dernier match, et en plus, j’étais sur le banc. D’un autre côté, José (Anigo) m’a fait jouer quinze minutes et c’était une immense fierté.
Tu as aimé l’OM de Bielsa ?
Je suis un fervent soutien de ce coach. Quoi qu’on en dise, le collectif était impressionnant. C’est un style de football différent des autres, qu’on a rarement l’habitude de voir. Bielsa croit profondément en ses principes. Il a sa philosophie de jeu et n’en démord pas. C’est quelque chose d’incroyable, cette obstination, cette absence de doutes. Après des mauvais résultats, beaucoup préfèrent renier le beau football. Pas lui. Et je trouve ça remarquable.
Sa démission, t’en penses quoi ?
Comme tout le monde, j’ai été très étonné, puisqu’on avait la sensation que l’équipe avait été construite par et pour Marcelo Bielsa. Donc c’est assez surprenant qu’il ait pris sa décision avant même le premier match de championnat, vu qu’il a écrit sa lettre avant la défaite contre Reims. C’est une situation bizarre. Mais après, faut pas oublier qu’on est en dehors du truc et qu’on n’a ni les tenants ni les aboutissants de ce qui se passe vraiment.
Tu as envoyé ton CV quand tu as appris son départ ?
Non (rires) ! Je ne suis pas encore prêt ! Je fais mon petit bonhomme de chemin. J’ai été entraîneur adjoint de Bernd Schuster à Málaga, j’ai coaché les juniors pendant trois ans en Suisse, j’ai entraîné en National en Italie, maintenant je suis en deuxième division suisse… Chaque chose en son temps. Mais j’espère pourvoir postuler un jour, ça oui !
Toi qui as joué sous les ordres de Michel à Getafe en 2009 et 2010, qu’est-ce que tu peux dire de lui ?
Il a tout pour réussir à Marseille. Mais il ne suffit pas d’être un bon coach pour que ça marche, le contexte joue énormément. Et on ne peut pas dire que ce soit le meilleur moment pour venir entraîner l’OM… Il va falloir que la sauce prenne rapidement, mais je suis assez confiant : Michel est un homme de communication qui sait gérer ce genre de clubs et ses joueurs de haut niveau. En plus, il propose un football attractif, qui ressemble à celui de Bielsa en un peu plus relax. Ce qui va amener un climat plus détendu, un peu de sourire. L’OM en a besoin en ce moment ! Son atout, c’est qu’il est très exigeant tout en étant proche des joueurs. Du coup, tu vas à l’entraînement avec le smile, tu travailles bien avec lui, tu peux facilement parler.
Pourtant, des joueurs qui ont déjà évolué sous Michel ont balancé quelques critiques dernièrement…
C’est sûr qu’un type qui n’a pas beaucoup joué avec lui ne va pas en dire du bien. Moi, la meilleure année de ma carrière, je l’ai passée avec Michel. Quand j’étais capitaine à Getafe, on était 22 dans l’effectif, et les 22 joueurs étaient contents de l’entraîneur. J’en garde un très bon souvenir. On s’appelle encore, d’ailleurs.
Parlons de Troyes, maintenant. C’était ton premier club à l’étranger, avec qui tu a remporté la Coupe Intertoto.
Pareil, je n’ai que des bons souvenirs de ces deux ans passés là-bas. J’ai beaucoup joué, j’ai découvert les grands stades avec cette équipe. On a passé deux années fantastiques avec un groupe très humain, humble, encadré par Alain Perrin et qui se défonçait à tous les matchs. Je pense qu’on est d’ailleurs entrés dans l’histoire du club, aucune équipe n’a fait mieux que nous. On attirait 10 000 ou 12 000 personnes à chaque match, alors que ça reste une petite ville.
Quel est ton regard sur le Troyes d’aujourd’hui ?
Ce que fait Jean-Marc Furlan est génial. Les résultats et le jeu pratiqué parlent pour lui. Gagner haut la main la Ligue 2, c’est loin d’être évident.
Tu vas suivre leur match contre l’OM, ce soir ?
Bien sûr. Ici à Lausanne, les matchs de Marseille sont très faciles à suivre. Et j’ai envie de voir ce que donne la première de Michel.
Un pronostic ?
L’OM au Vélodrome, après deux défaites d’affilée, devrait l’emporter.
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