ACTU MERCATO
Et si le PSG était le club idéal pour Yoann Gourcuff ?
Sans club depuis la fin de son contrat à Lyon, Yoann Gourcuff cherche un partenaire prêt à l'aimer envers et contre tout. Ce ne sera pas Bordeaux, trop pingre et sûrement pas assez sentimentaliste, mais cela devrait être le PSG. La preuve.
11 janvier 2009, 20e journée de Ligue 1, affiche du dimanche soir de Canal. Lancé à la poursuite de Lyon, qui a fait nul la veille contre Lorient, Bordeaux accueille le PSG, quatrième avec deux points de moins. Loin des purges habituelles de l’horaire, c’est un véritable récital auquel auront droit les spectateurs, qu’ils soient dans les travées du Parc Lescure (Chaban pour les autres) ou tranquillement dans leur canap. Dès la 10e minute, coup franc excentré sur la gauche, Yoann Gourcuff, la bouche grande ouverte, presque dos à la ligne de but, fait des petits pas et enroule au premier poteau. Souley Diawara, oublié par Sessègnon, surgit pour crucifier un Mika Landreau impuissant. 25 minutes plus tard, Gourcuff récupère un ballon devant – encore – Sessègnon sur la gauche, le long de la ligne de touche. Il se retourne, lève la tête, renverse vers Chalmé qui à son tour, alerte dans la profondeur Cavenaghi. Camara est lobé, Cavegoal la prend comme elle vient, plat du pied, imparable. Et puis la 70e. Action bien construite des Girondins, qui amène comme souvent à un centre de Trémoulinas. Armand hérite du ballon, mais pressé, il ne peut que dégager comme il peut. Dans les pieds de Chalmé en l’occurrence, qui se rappelle qu’il vaut toujours mieux donner la gonfle au plus doué. Même s’il est dos au but. Alors Yo contrôle, roulette dans le mouvement pour éliminer Armand, crochet pied droit-pied gauche pour se débarrasser de Sammy Traoré, pointard de puriste en sortie, au ras du poteau. De quoi voir Greg Marmotton s’enflammer : « Oh exceptionnel ! Exceptionnel ! Yoann Gourcuff ! On le compare à Zidane, mais on va le comparer encore un peu plus à Zizou, après un tel enchaînement. Gourcuff magique, Bordeaux 3, Paris Saint-Germain 0. On va se régaler des ralentis. Ce joueur est unique ! »
D’un Parc à l’autre
Finalement, Bordeaux s’imposera 4-0 après un pion de Fernando en fin de rencontre, et sera sacré champion en fin de saison. Le bijou de Gourcuff sera sacré but de l’année, et son auteur meilleur joueur de Ligue 1 avec douze buts et dix passes décisives. Après, il y aura les blessures, Lyon, les blessures, les résurgences, les blessures et, aujourd’hui, l’ancien enfant chéri du football français qui se retrouve sans club. Victime de son salaire autant que de son corps de verre. Pour le relancer, qui d’autre que son ancienne victime ? Tout le monde en sortirait gagnant. Pour le joueur, le choix est vite fait : une belle vitrine à une année de l’Euro, des titres plus que probables, et surtout, son père spirituel. Laurent Blanc, le seul coach qui l’a vraiment compris et n’a jamais perdu espoir, allant parfois jusqu’à l’appeler contre vents et marées en équipe de France, au mépris de l’opinion publique. Parce que le Cévenol sait à quel point son ancien protégé est fort. Parce qu’il n’a pas oublié que pendant dix-huit mois, Gourcuff a marché sur le football européen. Que c’est lui que l’on a le plus longtemps comparé à Zidane. Et, quelque part, on y croit encore un peu. Grâce à lui, Blanc pourrait insuffler un peu de créativité à un milieu parisien qui en manque cruellement lorsque Pastore n’est pas là (ou moins bien), Verratti ne pouvant pas – encore – tout faire. Rabiot est certes un beau jeune homme, mais son agent de maman a l’air d’aimer un peu trop les voyages, et le fiston n’est pas loin d’être plus intéressant en 6 qu’en 8 briseur de ligne. Avec un deuxième véritable 10, Paris pourrait se construire durablement sur son 4-3-3 qui penche en 4-3-1-2 lorsque Cavani joue dans l’axe, Gourcuff suppléant Javier au besoin. On peut même imaginer un 4-4-2 d’inspiration évidemment bordelaise, millésime 98-99, avec deux 10 excentrés, autrefois Micoud et Benarbia. Encore plus que Javier, Yo peut aussi évoluer en 8 : c’est d’ailleurs là qu’il était aligné ce fameux 11 janvier 2009.
Gendre idéal
Au-delà des facilités tactiques évidentes que son arrivée entraînerait, pourquoi le PSG s’encombrerait d’un type aussi blessé et gourmand ? Tout simplement parce qu’il le peut. Réglons tout de suite la question du contrat, qui n’est pas un problème pour un tel club, contrairement à Rennes ou Bordeaux. L’autre écueil majeur, les blessures, se balaye aussi bien. On peut imaginer que Paris, relativement épargné par les pépins, a les infrastructures nécessaires pour s’occuper d’un tel cas. D’autant plus qu’au PSG, Gourcuff n’aurait pas la pression pour revenir. Il ne serait qu’un joueur parmi les autres, débarrassé du poids des chiffres. Lui qui ne veut jouer qu’à 100% en aurait la possibilité, dans un effectif pour le moins suffisant. Reste alors les avantages : un joueur très fort, même dans un job d’intermittent du spectacle. Gratuit. Une belle gueule sur un esthète, une aubaine pour les ventes de maillot, les campagnes de pub, l’image de marque. Parfait dans une ville qui a fait de Pastore une idole. En plus, Gourcuff est français, ce qui n’est pas plus mal pour la liste de joueurs estampillée « Ligue des champions » . Enfin, ce serait tellement beau de répondre à l’arrivée annoncée de Diaby à l’OM. Parce que oui, n’en déplaise à Matuidi, Pogba et Cabaye, les rêves d’hier d’un milieu M’Vila-Diaby-Gourcuff ne sont pas encore morts.
Par Charles Alf Lafon