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Daniel Cohn-Bendit: « Il n’y a pas tellement de joueurs plus talentueux que Nasri en France »

Propos recueillis par Jérémy Collado
17 minutes
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Daniel Cohn-Bendit est un des rares politiques à vraiment connaître le football. La preuve : il s'apprête à tourner un documentaire sur le Brésil, en pleine Coupe du monde : Futebol, diffusé sur Arte, et que chacun peut soutenir en allant sur le site de crowdfounding Ulule. Entre Séville 82, le club de foot de son fils, les souvenirs avec Sócrates et Just Fontaine, on avait pas mal de choses à lui demander…

Tu quittes le Parlement européen pour devenir chroniqueur sportif à Europe 1 et tu réalises un documentaire sur la Coupe du monde au Brésil, qui sera diffusé sur Arte. On peut dire que c’est une reconversion ?

Non, je ne suis pas chroniqueur sportif ! À Europe 1, je me lâche déjà tous les matins avec mes humeurs, mais pour l’instant pas sur le sport. Et puis mon film sur la Coupe du monde, ce n’est pas un documentaire sportif : c’est un road-movie de 6000 km, en camping-car, où je vais vivre la Coupe du monde au cœur du Brésil ! C’est un portrait social du Brésil pendant la compétition.

Justement, comment tu vis cette période de transition, entre la fin d’une époque et le début d’une nouvelle histoire ? Avec mélancolie ?

Non, ce n’est pas de la mélancolie. J’ai passé vingt ans au Parlement européen, c’est un des grands moments de ma vie politique. J’ai beaucoup donné et aussi beaucoup reçu. Mais ça fait quand même deux ans que j’étais sûr que cette époque de ma vie allait se terminer. L’idée du film au Brésil, c’était une possibilité intelligente de ne pas être nostalgique. Je quitte quelque chose qui m’a plu, j’ai devant moi quelque chose qui me plaît au moins autant. Ça me permet de vivre la transition de manière très sereine.

Mais tu le vis comme un engagement, ce film, presque comme un nouveau combat politique ?

Non, ce n’est pas un combat politique. Je vais te raconter une histoire. Quand je suis venu au Brésil en 1984, c’était la grande période de la lutte contre les généraux. J’ai passé cinq mois là-bas avec ma future femme et j’ai été voir un match à São Paulo, un match des Corinthians emmenés par Sócrates. Dans le stade, il y avait une énorme banderole : « Gagner ou perdre, mais toujours se battre pour la démocratie. » Et ça m’a complètement surpris, interpellé. Des footballeurs qui tiennent un discours politique, t’imagines ! C’est impensable en France. Le lendemain, j’ai rencontré Sócrates, on a longuement discuté. Et je me suis aperçu que c’était un mec politique. Il m’expliquait l’autogestion, la liberté, etc.

Ce film, c’est une sorte d’hommage à ton ami Sócrates, qui l’a en partie inspiré…

Oui. L’idée du film, je l’ai eue avec Sócrates. Quand j’étais au Brésil, en 1984, il m’a dit un jour : « Dany, 68 c’est ici ! L’autogestion, c’est nous ! Toi, tu en parlais, nous, on l’a fait ! » Le mec, il est capitaine de l’équipe du Brésil quand il te déclare ça : t’es sur les genoux ! Donc je l’ai recontacté il y a trois ans. Je lui ai dit : « Oh, dans trois ans, c’est la Coupe du monde chez toi, il faut qu’on fasse quelque chose ! » Et il était super partant. Entre-temps, malheureusement, il est mort. Donc à l’intérieur de ce film, je parlerai de ce que j’appelle « l’exception brésilienne » , c’est-à-dire l’engagement social et politique de ces joueurs brésiliens qui ont fait partie de la « démocratie corinthiane » . Je retrouve certains personnages, ils m’accompagnent pendant tout mon voyage au Brésil. C’est fort. Je parle aussi du premier grand révolté au Brésil, dans les années 60 : Alfonsinho. La Fédération brésilienne voulait l’interdire de jouer avec une barbe. La Fédération, c’était vachement autoritaire, carré. Lui son combat, c’était la barbe. Après, il a lancé le mouvement pour que les contrats des joueurs appartiennent aux joueurs eux-mêmes et pas aux clubs. Tout ça a continué pendant des années. Il a fallu que Pelé soit ministre des Sports pour entériner par la loi cet état de fait. Alfonsinho, il est toubib ! Il a repris son activité de toubib et il raconte son histoire dans le film. Et puis on continue avec les copains de Sócrates.

C’est le meilleur moment pour faire un portrait social du Brésil : le pays est malade. C’est une ambition énorme, non ?

J’aime le Brésil. C’est un pays complètement contradictoire. Tu as l’émotion et la folie, la violence et la douceur, enfin tu as tout dans ce pays. C’est aussi ça qui m’intéresse. Ce film, ce n’est pas un acte politique, c’est une réflexion politique. Une réflexion sociétale. Voilà.

Parmi les contradictions du Brésil, c’est un pays de gauche, productiviste et très inégalitaire…

Enfin, ok, mais l’Allemagne est un pays de droite ultra inégalitaire, mais efficace. La France est un pays… je ne sais pas quoi, ultra inégalitaire. Et inefficace !… C’est vrai, bon. Mais prends Raï par exemple, le frère de Sócrates. Clairement, il est dans la tradition de son aîné. Il a une fondation, Gol de Letra, il prépare des jeunes, ils sont 1500, et il leur donne la possibilité de développer leurs capacités. Tu peux aller là-bas et discuter trois heures d’éducation, de pédagogie avec Raï. T’imagines discuter trois heures de pédagogie avec Ribéry ? Bon. Si t’y arrives, t’es bon.

En France, on a Lilian Thuram…

Voilà, en France, y a Lilian, c’est tout. Si, Karembeu a donné une très bonne interview sur l’Europe, tiens, je te la conseille, c’est dans Ouest France. Sinon, en France, un mec qui était pas politique : Juninho. Aujourd’hui, il est dans un mouvement qui s’appelle Bom Senso, « Bon sens » . Ce qu’ils veulent, c’est que les footballeurs participent aux calendriers des matchs : ils disent qu’il y en a trop. Et bien c’est une forme de syndicalisme, ça. Juninho est en plein dedans. C’est une tradition qu’on n’a pas, nous. Même Romário, regarde, il a été champion du monde, il s’engage.

Après, chez eux, c’est plus facile d’être élu qu’ici en France…

Ok, c’est plus facile. Mais ils sont élus ! N’empêche qu’ils s’engagent ! Ils se battent contre la corruption.

Pour Romário, que tu viens d’évoquer, cette Coupe au Brésil est une Coupe du monde de la honte. Il reproche en gros aux autorités publiques de dépenser de l’argent dans des stades au lieu d’améliorer la santé, l’éducation. C’est une remarque légitime ça, tu trouves pas ?

Oui, mais Romário, il est en plein dans cette Coupe du monde ! C’est extraordinaire ! Il a des contrats pubs par exemple. Tout le monde dit ce qu’il dit, mais Romário, il ira bien aux matchs, non ?
Platini est un homme de droite. Mais quand il parle foot, il est de gauche !

Toi aussi ?

Nous, on les regardera de dehors. On est avec les gens, au Brésil. Tu sais, y a trois mois, j’ai interviewé un mec d’une favela qui joue un rôle dans le film. Il me dit : « La Coupe du monde n’a pas lieu au Brésil. » Je suis étonné, je lui demande ce que ça veut dire. Il me répond : « Bah, elle a lieu à Fifaland ! » La Fifa occupe les stades et quatre kilomètres autour. Ça n’est plus le même pays. C’est un sentiment qu’ont beaucoup de Brésiliens. Même Raï il l’a dit, il était interrogé sur Europe 1 (Raï sera également chroniqueur pendant la Coupe du monde pour la radio, ndlr) il a dit : « C’est ça le Brésil, le Brésil c’est les deux, l’émotion pour la Coupe du monde et l’émotion contre la Coupe du monde. Ça n’est pas l’un ou l’autre. » Il a raison. Quand on lui a demandé ce qu’il a pensé de ce qu’a déclaré Platini, que les gens devaient attendre la fin de la Coupe du monde pour se révolter socialement, Raï répond d’une subtilité incroyable : Platini a déclaré ça de son bureau en Suisse, mais s’il était dans un lit, dans un couloir d’hôpital, et qu’il attendait d’être opéré, il aurait peut-être dit autre chose. C’est pas évident qu’un footeux donne cette réponse, c’est ça qui est intéressant… Et lui ne crache pas sur la Coupe du monde. C’est vrai qu’on appelle les stades des éléphants blancs. Ce sont des stades comme Manaus, Coritiba, où ce sont des clubs de 17e division qui iront jouer là-bas… C’est démesuré et inutile, c’est vrai. Mais c’était la même chose pour l’Afrique du Sud, rappelle-toi…

C’est la même chose pour toutes les Coupes du monde, on dirait ?

Sauf en Europe ! En Allemagne, tous les stades sont pleins. Mais en revanche, c’est la même chose pour les JO : Sotchi, c’est complètement fou !

La politique s’empare très souvent du football pour le récupérer et en faire un symbole. C’est flagrant avec France 98 et Chirac qui sait même pas qui sont les joueurs. Mais au final, ça reste deux mondes qui vivent séparément. Agir politiquement dans le football, c’est compliqué ?

Il y a quelque chose que je trouve très intéressant avec Platini, par exemple. C’est un homme de droite, bon. Il a soutenu Sarko et tout… Mais quand il parle foot, il est de gauche ! Il veut réguler. Il refuse les folies financières du foot, il refuse que l’égalité des chances n’existe plus…

Le problème, c’est comment il impose ses décisions. Quel pouvoir a-t-il réellement sur le fair-play financier par exemple ?

C’est tout le problème ! Mais pour ça, il faut une opinion publique qui le soutienne ! Il faut qu’il y ait une équipe comme le PSG ou Manchester City, d’ailleurs comme n’importe quelle autre équipe, qui soit frappée de non-participation à la Ligue des champions. Là, les choses changeront, tu verras.

Ça, l’opinion publique serait plutôt d’accord. La majorité des gens détestent les footballeurs « surpayés » , « racaille » et compagnie, non ?

(Il s’étonne et fait non du doigt) Tu crois que l’opinion publique de Paris est favorable que Saint-Germain (sic) soit éjecté de la Ligue des champions ? Non…

Les supporters non, mais l’opinion publique en général si… Regarde Sami Nasri, tout le monde est content qu’il soit éjecté de l’équipe de France par exemple !

Oui, mais c’est une erreur !

Tu dis ça par provocation ou par conviction ? Parce qu’il dit merde, tu le défends, tu dis super ?

Je ne dis pas super. Mais Grenier, au point de vue football, qu’est-ce qu’il va t’amener ?

Zéro ?

Voilà, zéro ! Et Nasri, lui, il peut faire la différence au point de vue football. Le risque, c’est qu’il désintègre le groupe s’il est sur le banc. Mais s’il y a un mec avec autorité qui le prend entre quatre yeux et lui dit : « Tu viens, mais c’est comme ça » , « tu choisis » , et bah je sais pas, je pense que Nasri, c’est un plus. Aujourd’hui, y en a pas tellement d’aussi talentueux que lui, en France. Surtout quand tu sais que tu risques à 50% d’avoir une déception incroyable, c’est que Ribéry ne fait plus rien. Ça fait quatre mois qu’il ne passe plus son défenseur… Contre le Real, le petit Carvajal, il l’a complètement croqué ! C’est pour ça qu’il lui a foutu une baffe, il était tellement désespéré…

Ce que t’adores dans le foot, c’est la tchatche, non ? On ne se prend pas au sérieux, on discute, tranquillement ?

Bien sûr… Le foot a un premier avantage, c’est que tout le monde peut en parler. Et un deuxième, sur les autres sports cette fois : c’est un des rares sports où c’est pas toujours le meilleur qui gagne. Tu peux marquer un but et te faire remonter. Et ça, c’est passionnant. Y a un hasard qu’on n’a pas dans le basket par exemple. Séville 82, c’est là où tu vois toute la beauté du foot. Faut être vraiment con quand tu mènes 3-1 à trois minutes de la fin de te faire remonter. À l’inverse, c’est ce qu’a fait la France contre l’Italie en 2000. Ils avaient déjà débouché le champagne. Tu connais la blague, d’ailleurs : tu sais comment on remet un bouchon de champagne ? Demande aux Italiens, ils l’ont appris ce jour-là !

Donc on peut être de gauche et aimer le football. D’ailleurs, tu dis toi-même qu’il y a un football de gauche et un football de droite ?

Oui, exactement, le football de gauche, c’est « tu marques plus de buts que tu en encaisses » . Le football de droite, c’est l’inverse ! Tu essaies de ne pas encaisser un but et le hasard fait que tu en marques un.

Le football est donc politique ?

Peut-être.

Pourtant, la gauche intello déteste le football : c’est le spectacle, le fric… Mélenchon déteste une partie du football pour ça.

Oui, mais ça, c’est de l’hypocrisie. Mélenchon, il vomit la vie ! Enfin, j’en sais rien, je le connais pas. C’est ridicule. Écoute, c’est vrai qu’il y a une partie du foot qui est devenue complètement folle, qu’il faut le réguler, arrêter avec cette fuite en avant financière. Mais Mélenchon, lui qui parle toujours du peuple, quand tu es dans des virages, c’est exceptionnel. Je me rappelle en 70 un match Francfort contre Munich. On est dans les virages avec un copain. Munich gagne 2-1, Müller marque un but incroyable en repoussant avec ses fesses trois défenseurs, se tournant sur lui-même… T’es là, tu attends, et Francfort dont je suis un supporter égalise. Puis Francfort marque le troisième et gagne 3-2… T’avais 20 000 mecs qui s’embrassaient. Tout ça est ridicule, mais c’est marrant ! Ils se connaissaient pas, tout le monde se parlait, partageait quelque chose, tu vois. C’est un mouvement de ferveur que j’aime.
Ça fait quatre mois que Ribéry ne passe plus son défenseur…

Comme en manif, quoi…

Un peu, oui. J’ai un autre souvenir : Francfort joue contre Karlsruhe. Tu connais pas, évidemment. Y avait Okocha dans l’équipe. Il prend le ballon à l’extérieur de la surface et élimine sept joueurs. Après son zigzag, il arrive devant le but, c’était Kahn dans les buts de Karlsruhe. Il l’attire vers la gauche, vers la droite… Ça a duré une minute, et t’avais tout le monde qui gueulait : « Mais tire, mais tire ! » Et lui il continuait à s’amuser. À la fin, il est rentré avec le ballon dans les buts. Tout le monde était aux anges, c’était un moment unique de spectacle… J’ai pas à avoir mauvaise conscience parce que j’ai trouvé ça grand ! À l’époque, mon fils avait six ans, c’est sa première image de foot. C’est du génie.

En parlant de ton fils, t’es devenu président d’honneur de son club, en Allemagne. Ça consiste en quoi, exactement ?

Moi, j’ai rien fait !

Il a dit « Papa, tu signes là, t’as rien à t’occuper » ?

Presque… Eux, à un moment, ils jouaient tous dans des clubs de la ville, comme ça, en amateurs. Ils en ont eu marre du club, c’étaient des structures qui leur plaisaient plus, ils ont eu envie de créer un club : le FC Gutesding, ça veut dire le club de la bonne chose, bien joué. C’est complètement autogéré. Alors ils m’ont demandé, pour avoir une petite ouverture médiatique, d’être président d’honneur. Donc je m’occupe de rien, tu vois. Et eux, ils organisent tout. Seule chose que je fais, c’est que je vais les voir aux matchs.

Et ils sont bons ?

Ouais… Enfin, ils sont jeunes. Le problème, c’est comme tous ces jeunes, ils aiment le foot, mais pour être à un bon niveau, même en amateur, il faut avoir la niaque, il faut s’entraîner trois fois par semaine, et ils sont tous étudiants…

Ils picolent quoi !

Non, ils picolent pas, mais ils vivent !

En district, la règle, c’est qu’on sort le samedi et qu’on se lève pour le match le dimanche…

Oui, donc ça se remarque ! Pas seulement sortir, mais ils travaillent tous.

Tu étais quel joueur de foot à l’époque où tu jouais ?

J’ai commencé à jouer au football à onze ans, à Paris, au CAP. Je suis sûr que tu ne sais pas ce que c’est le CAP ! C’est le Cercle athlétique de Paris, à l’époque ils jouaient en deuxième division. Plusieurs fois, j’ai été ramasseur de balle en D2, dans des matchs en lever de rideau de D1. J’étais sur le bord du terrain au match entre le Racing et Saint-Étienne, à l’époque, c’était Robert Herbin sur le banc… Après, j’ai joué juste entre copains.

Et tu supportes encore un club ?

J’arrive pas à être un vrai supporter du PSG. Le truc du Qatar, ça me fait chier. Certes, le foot a toujours été du business, mais y a business et business.

Quand on parle du foot business, on oublie que le transfert de Kopa au Real avait fait scandale. Déjà à l’époque, on s’offusquait des sommes colossales dépensées pour l’acheter…

Oui enfin bon, à l’époque, il gagnait rien, c’est incomparable. C’étaient pas les mêmes sommes quand même. Tu te rends compte des sommes, c’était à des niveaux complètement différents.

C’est quoi ton plus grand souvenir de foot ?

Le premier, c’est Reims qui se qualifie en demi-finale de Coupe d’Europe contre une équipe hongroise dont j’oublie toujours le nom, c’était en 55 (le MTK Budapest, ndlr). Après, c’est l’équipe de Reims en 58. À l’époque, c’était Fontaine, Kopa, qui donnaient l’ossature de l’équipe de France en Suède.

Donc Kopa, ça t’a marqué… Qui d’autre ?

En 84, je suis consultant d’Europe pour des matchs de foot, y avait Jean-René Godard avec moi. On avait été à Strasbourg pour le match Allemagne – Portugal (0-0, ndlr) où l’Allemagne se fait éliminer. Ensuite, les Portugais ont joué contre la France. Le soir, y avait un club Coca Cola, on discutait, on débattait. Et là arrive Just Fontaine, qui était mon idole de jeunesse. Il se pointe au micro et il dit : « Quand j’ai appris qu’Europe prenait Cohn-Bendit, je me suis dit : « Ils sont complètement fous. » C’était une erreur. Mais depuis que je l’entends parler de foot, vraiment, c’est assez fort ! » La classe ! J’étais adoubé par Just Fontaine… Sinon récemment, l’équipe qui m’a marqué, c’est Barcelone. C’était beau, esthétique…

Ok, mais c’est chiant à la fin de faire tourner le ballon. À un moment, quand on est vraiment de gauche, faut mettre des buts, non ?

Oui, c’est vrai. Mais c’était superbe, les Espagnols à cette époque : c’était des danseurs. Tu sais, j’ai vu la demi-finale Espagne – Allemagne, celle où Torres marque et l’Espagne gagne 1-0 à l’euro 2008. Tu voyais les Allemands qui couraient pendant 90 minutes derrière le ballon, ils devenaient dingues. Ils le touchaient pas ! Ballack, il était énervé, il a failli gifler tout le monde. Ok, ils ont pas marqué assez, mais ils ont fait Coupe du monde – Euro – Coupe du monde… C’était unique, ils ont tout remporté.

Qu’est-ce que tu penses des footballeurs d’aujourd’hui ?

Y a pas « des » footballeurs, y en a plusieurs catégories. Mais je crois que la majorité des footballeurs d’aujourd’hui sont infantilisés. Y a un truc intellectuellement qui ne va pas… Avec ce côté structure, le père, l’agent… Les rapports hiérarchiques. C’est pour ça que j’ai trouvé ça marrant, la révolte au Brésil contre le nombre de matchs : je ne comprends pas qu’en France les joueurs ne se révoltent pas contre ça. Ou bien qu’ils se battent pour qu’une part de leur salaire soit réinvestie dans leur retraite…

On entend beaucoup parler des salaires des footballeurs pendant leur carrière, mais on parle beaucoup moins des destins brisés, pour certains, à la fin de leur carrière !

Bien sûr, y en a plein qui finissent ruinés parce qu’ils ont tout dépensé dans des merdes incroyables, des trucs de bourse où ils se sont fait avoir… Je pense qu’un mec de 22 ans, il faudrait lui dire d’accord, tu peux gagner 1 million d’euros. Mais t’es payé 100 000 euros et le reste on l’investit pour toi dans une caisse de retraite. Pour dire qu’il aura quelque chose devant lui une fois sa carrière terminée. Sinon, c’est la casse…

Gascoigne, c’est ça qu’il aurait dû avoir, ça aurait pu l’aider…

Non, mais Gascoigne, c’est autre chose, c’est un dingue, génial, complètement bourré… Enfin tu sais, aujourd’hui Rooney, il est à la limite d’être comme Gascoigne, hein… Le mec, la veille de son mariage, il va au bordel (Il rit). Mais c’est ça ! Le foot, c’est aussi ça ! C’est l’équipe d’Allemagne de Beckenbauer, au Mexique, où ils se sont tous barrés le soir pour aller au bordel. Ça a toujours eu lieu.

D’ailleurs une des premières choses dont ils débattent dans la démocratie corinthiane, c’est la suppression des mises au vert !

Sócrates m’a dit un jour : « Mais les mises au vert, on s’emmerdait ! Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse pendant une mise au vert ? » Tu sais, les grands débats de la démocratie corinthiane, m’a raconté Wladimir, le bras droit de Sócrates, qui sera dans le film, c’était du genre : « On va jouer à 200 km de São Paulo, qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce qu’on rentre tout de suite ou on s’arrête dans un resto sur la route ? » C’était ça les grandes discussions entre eux, y avait ceux qui voulaient rentrer et ceux qui voulaient y aller. Ou alors à quelle heure on commence les entraînements.

Bon, certes tu vas t’éclater à faire le docu et même une petite vidéo chaque jour sur le blog, mais tu vas te taper 6000 bornes. Ils sont fous les mecs qui ont organisé la Coupe !

C’est des malades ! Et encore on ne va pas dans toutes les villes. On va voyager en camping-car, et ce camping-car, c’est un personnage du film. Au début, on monte dans une favela, y a un artiste qui va le peindre, c’est super…

Tu l’as emprunté à Jean-Marc Ayrault, le camping-car ?

(Il rigole). Non, non… Mais c’était difficile d’en trouver un au Brésil…

Avec tout ça, pas le temps de penser à la fin du Parlement européen…

Voilà c’est ça, je serai lessivé après la finale. J’espère qu’on aura de belles choses. France-Allemagne, c’est en quarts de finale si tout va bien. Et je suis pour la France. (Il regarde son portable) Tiens, c’est mon fils qui m’envoie un texto, il me dit : « Est-ce que tu viens au match dimanche, parce qu’on a un nouvel entraîneur » …
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Propos recueillis par Jérémy Collado

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