- Ligue 2 – Montée en Ligue 1
Coucou, revoilà Troyes !
Vendredi au stade Louis II de Monaco, l’ESTAC de Jean-Marc Furlan est allé chercher une victoire (2-0) synonyme de retour en élite la saison prochaine. Les Aubois reviennent de loin et sont les autres invités surprises du podium de la Ligue 2 cette saison, avec Bastia et Reims.
De l’ATAC à l’ESTAC
C’est la troisième montée en Ligue 1 en 14 saisons pour Troyes, après celles de 1999 et 2005. Lors de la première, le club ne s’appelait pas encore l’ESTAC (Espérance Sportive Troyes Aube Champagne) mais l’ATAC (Association Troyes Aube Champagne), jusqu’à la plainte de la chaîne de supermarchés du même nom. A l’été 2001, la formation chère à Raphaël Mezrahi réalise son plus bel exploit, en allant chercher sa qualification européenne sur la pelouse de Saint-James Park à Newcastle pour le compte de la Coupe Intertoto (4-4, après le 0-0 à domicile à l’aller). C’est l’époque d’Alain Perrin et des Heurtebis, Méniri, Mehdi Leroy, Rothen, Goussé, Boutal… 20e de Ligue 1 en 2003, les Aubois redescendent à l’étage inférieur, mais remontent seulement deux ans plus tard, sous la houlette du sorcier Jean-Marc Furlan, arrivé l’année précédente. L’ESTAC en L1 2e génération (Le Crom, Amzine, Dallet, Tourenne, Jaziri and co) sauve sa peau de justesse une saison, mais ne peut empêcher de tomber une nouvelle fois en 2007. La relégation actée, Furlan quitte un club en crise, qui va même jusqu’à connaître le malheur de la relégation en National en 2009. Mais il faut croire qu’évoluer au troisième échelon du football français fait du bien, puisque dès l’année suivante, Troyes est promu en compagnie de… Evian, qui grimpe en L1 dès la saison dernière, et de Reims, qui fait de même ce printemps. Le podium au complet de la 3e div’ en 2010 évoluera donc en L1 la saison prochaine.
Un groupe homogène
Voilà pour les rapides repères historiques. Pour ce qui est du présent, il se fait de nouveau avec Jean-Marc Furlan, revenu au bercail en 2010. Le coach d’origine girondine a su composer cette saison avec un effectif homogène, sans joueurs absolument indispensables mais avec une juste répartition entre les anciens qui connaissent la maison (Enza-Yamissi, Faussurier ou Grax, de retour dans son seul club à succès), des nouveaux débarqués l’été dernier (le gardien Yohann Thuram, les Brésiliens Rincón et Thiago, l’attaquant prêté par Dijon Raphaël Caceres…), ainsi que les espoirs issus du centre de formation Fabrice N’Sakala et Djibril Sidibé. Comme les autres promus de cette saison, Bastia et Reims, l’ESTAC dispose d’un budget plutôt modeste (8,5 millions d’euros, loin des 20 millions de Monaco et Lens), mais il est bien géré. En début de saison pourtant, rien ne permettait de deviner les succès actuels. Les Aubois venaient de vivre un printemps très compliqué, terminant l’exercice 2010/2011 à la 16e place, avec seulement deux points d’avance sur le premier relégué. L’actuelle saison a d’ailleurs également démarré timidement, avec énormément de résultats nuls, peu de certitudes dans le jeu, pour une 12e place à mi-parcours.
Merci la concurrence…
Mais dès janvier, les victoires vont s’enchaîner, grâce tout d’abord à une belle organisation défensive. L’axe central composé de Rincón et de Stephen Drouin est assurément l’un des plus solides de Ligue 2. Il n’a craqué qu’une seule fois véritablement en 2012, face aux irrésistibles Bastiais en Corse le 4 février dernier (défaite 1-5). Sinon c’est très costaud. Exemple vendredi à Monaco, où le meilleur buteur actuel de L2 Ibrahima Touré a été bien muselé. Pour ce qui est de l’animation offensive, quatre hommes sont particulièrement à féliciter : les buteurs Marcos et Caceres, respectivement à 12 et 9 buts, ainsi que les milieux Faussurier et Obbadi, 7 passes décisives chacun. En s’imposant de manière autoritaire vendredi sur le Rocher, Troyes a donc définitivement assuré sa place sur le podium, avant même de recevoir la lanterne rouge Amiens pour le compte de la dernière journée. Interrogés à l’issue du match, Furlan a salué la réussite « d’un groupe » et « d’un club familial » , tandis que le président Daniel Masoni a parlé de « miracle » . Miracle, peut-être pas, mais il faut bien reconnaître que l’ESTAC a aussi su tirer profit de l’écroulement des autres prétendants à la montée : Clermont, meilleure formation 2011, qui se manque complètement en 2012, et Sedan, trop irrégulier.
Par Régis Delanoë